Lire à voix haute, c’est le fait de lire un texte de manière audible, plutôt que de le parcourir mentalement. Parfois, cela aide à retenir un contenu ou à partager un texte avec les autres auditeurs. Particulièrement cruciale lors de l’apprentissage de la lecture chez les enfants, cette méthode permet, de façon basique, d’associer les mots à leur prononciation. C’est pourquoi elle trouve sa place dans les écoles maternelles et primaires. La lecture à voix haute présente une série d’avantages notables. En plus d’améliorer la prononciation, elle favorise également la concentration et la compréhension d’un texte. Par ailleurs, contrairement à certaines idées reçues, cette pratique est bénéfique pour tous, enfants ou adultes. En effet, elle peut être employée pour le simple plaisir de la découverte, pour des séances d’études plus productives ou encore pour améliorer ses compétences en lecture et en expression verbale. Vous voulez connaître tous les bénéfices de la lecture à voix haute ? 

Les mécanismes cérébraux impliqués dans la lecture à voix haute

Commençons par le commencement. Lire à voix haute : comment ça marche ?

C’est un processus complexe qui implique différentes régions du cerveau qui travaillent alors de concert. Voici quelques-uns des mécanismes cérébraux activés lorsqu’on lit à voix haute.

Les aires corticales impliquées dans la lecture à haute voix

  1. Les aires visuelles primaires et associatives

Lorsque vous lisez un texte (à voix haute ou non), les aires visuelles de votre cerveau sont activées. Leur rôle est d’identifier et de traiter les formes des lettres et des mots.

  1. L’aire de Broca 

Cette région du cerveau est impliquée dans la production du langage. Elle permet par exemple de coordonner les mouvements des muscles nécessaires à la parole.

  1. L’aire de Wernicke

Cette région du cerveau est associée à la compréhension du langage. Concrètement, elle traite les mots écrits et les convertit en pensées, en concepts.
Vous le comprenez, la lecture à haute voix est un processus complexe. Il met en jeu un certain nombre d’actes cognitifs qui doivent se coordonner sans heurts pour arriver à un rendu efficace.

Enfant en train de lire à voix haute

Les processus cognitifs impliqués dans la lecture à voix haute

Quand on maîtrise parfaitement l’acte de lecture, on ne se rend pas forcément compte des enjeux cognitifs que cela implique. Pourtant, pour arriver à une lecture à voix haute correcte, il faut que plusieurs processus s’accordent.

  • La reconnaissance des mots

Face au texte écrit, le cerveau doit reconnaître rapidement chaque mot dans le texte pour pouvoir ensuite le prononcer correctement. Cette reconnaissance peut être globale (au niveau de l’enveloppe du mot) ou passer par l’assemblage des sons.

  • L’analyse phonologique

Lorsque vous lisez à voix haute, le cerveau décompose les mots en sons individuels (les phonèmes). Cela permet de prononcer le mot correctement, même s’il est nouveau et que le cerveau n’a pas encore eu le temps de le faire figurer dans un processus de reconnaissance globale.

  • La coordination motrice

De leur côté, les aires motrices de votre cerveau planifient et exécutent les mouvements précis nécessaires pour prononcer chaque mot. Ainsi, la lecture à voix haute exige une coordination parfaite entre la respiration, les mouvements de la bouche, de la langue et des cordes vocales. 

  • La mobilisation de l’articulation

Uniquement en termes d’articulation, le cerveau contrôle la façon dont les muscles de la langue, des lèvres et de la mâchoire se déplacent pour produire des sons précis. Il s’agit de schèmes articulatoires appris tout au long de l’enfance qui doivent donc être mis en place avant l’apprentissage de la lecture.  

  • La mémoire à court terme

La lecture à voix haute nécessite également la mémoire à court terme. En effet, il est impératif de se souvenir des mots précédemment lus pour maintenir le sens de la phrase ou du paragraphe en cours de lecture. 

Chez les enfants qui présentent un trouble de la lecture, la mémoire peut faire défaut, car toutes leurs ressources cognitives sont dirigées vers le déchiffrage, par exemple. Il n’est pas rare qu’ils arrivent en fin de texte sans pouvoir se souvenir (et donc comprendre) ce qu’ils viennent de lire.

  • La compréhension du langage 

Enfin, pendant que vous lisez à voix haute, votre cerveau utilise les informations que vous avez lues pour comprendre le sens global du texte (lorsque les capacités mnésiques sont intègres). Le cerveau se sert des mots lus, mais aussi de la compréhension contextuelle pour élaborer une compréhension fine du texte lu.

Finalement, toutes ces régions du cerveau doivent travailler ensemble de manière coordonnée. Ce sont les signaux électriques et chimiques qui transitent à travers les réseaux neuronaux qui vont permettre une lecture à voix haute fluide  !

Ces processus sont le résultat de nombreuses années de développement et de pratique de la lecture, dès le CP et à tous les âges de la vie. 

Le saviez-vous ?

En 2019, 1500 élèves italiens entre 5 à 11 ans ont été mobilisés pour une étude. On leur a demandé d’écouter tous les jours un adulte leur faisant la lecture à voix haute, en leur présentant cela comme un moment de détente, sans interrogation surprise à la clé. 

Après une période de 100 jours, la réussite scolaire a été accrue de 10 à 20 % (surtout en compréhension et en compétences langagières) et le comportement social des enfants s’en est trouvé amélioré. Cette étude montre donc que d’entendre quelqu’un lire à voix haute a aussi des effets bénéfiques, grâce à un effet cognitif miroir.

« Lire tous les jours à l’école, à voix haute, durant une période définie, parviendrait à réduire l’impact considérable des origines socioculturelles, sur la probabilité de chance de réussir à l’école et dans la vie. »

6 avantages de la lecture à voix haute

  1. Une meilleure compréhension orale

Pour lire à voix haute, on est obligé de ralentir le rythme de la voix. Ce ralentissement permet à l’attention de se poser et de prendre davantage le temps d’intégrer le sens des mots. Le feedback auditif permet aussi de se focaliser sur la forme des mots, leur déchiffrage et de remarquer plus vite si une incohérence apparaît.  

  1. Des capacités attentionnelles mobilisées

Pour une lecture à voix haute efficace, la concentration est sollicitée en permanence : le ton, l’articulation, le rythme, la précision de la lecture. Si le lecteur n’est pas attentif et produit des erreurs de déchiffrage par exemple, son audience (et lui-même) va tout de suite remarquer que le récit n’est pas cohérent. 

Par exemple, pour les personnes porteuses d’un TDAH, la lecture à voix haute offre une expérience multisensorielle stimulante, ce qui réduit la distractibilité.

  1. Un langage oral plus développé

S’entraîner quotidiennement à la lecture à voix haute a des bénéfices, dus au fait que les processus cognitifs sont mobilisés de façon régulière. Le langage oral est donc stimulé côté articulation, intonation et lexique. Finalement, la lecture à voix haute multiplie le potentiel de la lecture « dans sa tête » : comprendre et retenir un maximum de mots, dans leur contexte.

Par ailleurs, le fait de lire des phrases avec une syntaxe particulière aide à intégrer des structures grammaticales. 

  1.  Une mémoire plus affûtée 

En neuropsychologie, il existe un concept appelé l’« effet de production ». C’est le psychologue canadien Colin Mac Leod qui soutient ce concept. 

Le postulat est que quand on produit les mots à haute voix, alors on les retient plus facilement, chez l’enfant comme chez l’adulte. Dans plusieurs études, le psychologue fait les mêmes observations : les personnes qui ont lu leur texte à haute voix retiennent mieux le récit et mémorisent plus de vocabulaire que celles qui l’ont lu silencieusement.

En outre, il faut noter que, si cet effet de production est plus fort quand on lit à haute voix, il existe aussi lors d’une simple écoute de quelqu’un qui lit.

Nos conseils pour bien lire à voix haute

Vous êtes convaincus des bienfaits de la lecture à voix haute ? Alors, voici quelques conseils pour optimiser ces moments ! 

Lire à voix haute de vraies histoires

Pour trouver du plaisir dans la lecture à voix haute, il faut lire de vraies histoires passionnantes : pas de listes de mots ou des manuels de lecture artificiels et sans saveur. Choisissez des livres avec un récit intéressant, du vocabulaire spécifique, des situations humoristiques : bref, tout ce qui peut stimuler votre intérêt ! C’est ça, la lecture-plaisir ! 

Ne pas hésiter à souffler la réponse

Face à une personne qui présente des difficultés de lecture (dyslexie, par exemple), il ne faut pas hésiter à donner les mots sur lesquels elle bute. En effet, si le décodage est laborieux, la lecture à voix haute peut être ralentie, voire laborieuse. Pour insuffler du plaisir, n’hésitez pas à lire à tour de rôle ou à souffler les réponses. Le but est de préserver le récit et de favoriser un rythme de lecture homogène pour ne pas perdre le fil. 

En s’appuyant sur une trame, un contexte qu’elle comprend, la personne peut alors prédire la suite des mots et gagner en vitesse. 

Notre astuce : si vous êtes face à un enfant en grande difficulté avec la lecture, commencez par lui lire des histoires à voix haute, de façon très régulière. La recherche a montré que c’est une manière efficace de faire adhérer un enfant à une histoire, du vocabulaire, un rythme de parole. Par imitation, l’enfant va apprendre beaucoup et avoir envie d’aller vers la lecture de façon autonome. 

Adopter la posture adéquate pour lire à voix haute

Saviez-vous qu’il existe une posture adéquate pour tirer le meilleur profit de vos séances de lecture à voix haute ? On vous donne la marche à suivre ! 

  1. Les pieds sont à plat et parallèles, écartés de la largeur du bassin. S’ils ne touchent pas confortablement le sol, n’hésitez pas à les poser sur un petit tabouret.
  2. L’assise est au milieu de la chaise. Le dos ne touche pas le dossier et le buste est légèrement en arrière. 
  3. Le dos est droit, mais pas cambré.
  4. La tête est détendue et vous vous grandissez, comme si un fil invisible tractait le haut de votre crâne, sans toutefois lever le menton.
  5. Pendant la lecture, les lèvres sont souples, avec un mouvement vers l’avant. 
  6. Vous adoptez une respiration « par le ventre », calme et naturelle. 

Vous constaterez alors qu’en adoptant la bonne posture, la voix porte davantage et l’effort physique de la lecture à voix haute est moindre. Ce qui autorise les ressources cognitives à se diriger pleinement vers la compréhension du récit !

Vous pouvez visualiser tous ces conseils dans cette vidéo spéciale posture.

Lecture à voix haute. Conseils de posture

S’entraîner avec un outil innovant

Connaissez-vous le programme Forbrain ? Un casque qui va aider à améliorer le langage, l’attention et la mémoire !

Il s’agit de s’entraîner, à l’aide du casque, sur une base quotidienne de 10 à 20 minutes pendant 6 à 8 semaines. Vous mettez le casque, parlez ensuite normalement dans le microphone et vous pouvez suivre des enregistrements audio ou une session du programme en ligne.

La technologie derrière le casque Forbrain, c’est une boucle de rétroaction auditive améliorée par conduction osseuse qui crée un entraînement sensoriel actif. La perception d’une voix filtrée permet au cerveau de mieux traiter les informations. Ainsi, la parole, l’attention et la mémoire bénéficient de ce travail.

À la clé : 

  • Une élocution plus précise grâce à un travail de la discrimination auditive, de la conscience phonologique et de la fluidité verbale.
  • Une attention plus aiguë grâce à la perception sensorielle de variations spécifiques dans la voix. 
  • Une meilleure mémoire soutenue par la perception du rythme de la parole, qui renforce les capacités mnésiques.

Pour les enfants comme pour les adultes, Forbrain est un outil efficace et original pour lire à voix haute et progresser dans les apprentissages. Et tout cela, grâce à votre voix ! 

Sources et Ressources

L’article original de la recherche italienne de 2019 : Più bravi a scuola e più preparati ad affrontare la vita: la lettura ad alta voce fa bene ai bambini – la Repubblica

Stanislas Dehaene, Les Neurones de la lecture.

Jean-Philippe Lachaux, L’attention, ça s’apprend.

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