Saviez-vous qu’il existe plusieurs types de dyslexie ? La dyslexie phonologique ou dysphonétique, par exemple, est un trouble spécifique de la lecture qui se caractérise par des difficultés à manipuler les sons de la langue. En deux mots, les enfants touchés par ce trouble des apprentissages peinent à associer les lettres aux sons correspondants. En découlent des problèmes de décodage, une lecture lente et une orthographe aléatoire. On attribue la dyslexie phonologique à une anomalie de connectivité entre les régions du cerveau mises en jeu dans l’apprentissage de la lecture. Environ 60 à 70 % des personnes atteintes de dyslexie présentent un trouble dysphonétique. Comme tous les troubles spécifiques, la dyslexie phonologique entraîne souvent une baisse de l’estime de soi et des difficultés sociales. Sa rééducation passera par une prise en charge orthophonique, des approches multisensorielles et l’utilisation d’un matériel spécialisé. Voici notre guide complet sur ce trouble neurodéveloppemental !

Symptômes de la dyslexie phonologique

Nous l’avons dit, la dyslexie phonologique est un trouble spécifique de la lecture qui affecte principalement la capacité à manipuler les sons de la langue. Les personnes atteintes d’un trouble dysphonétique rencontrent typiquement des difficultés à associer les lettres aux sons correspondants, ce qui impacte inévitablement l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

  • Confusion de sons proches

Un enfant dyslexique peut confondre des sons qui se ressemblent, comme [p] et [b] ou [t] et [d]. Par exemple, il va lire « pateau » au lieu de « bateau ».

  • Difficulté avec les pseudomots

Les pseudomots, ce sont des unités inventées qui suivent les règles de la phonétique, mais n’ont pas de signification. « Panilotur, arcobichuré, ropilar, glaretonou, sepréténidol » sont des pseudo-mots. 

Bien sûr, on ne lit pas ce genre de mots tous les jours, mais leur lecture est un exercice intéressant parce qu’elle s’apparente à celle des mots nouveaux. En effet, la lecture des pseudo-mots implique de décoder chaque son, sans possibilité de s’appuyer sur le contexte ou la reconnaissance globale. Elle peut donc être révélatrice d’un trouble dysphonétique.

  • Problèmes de segmentation

La segmentation est le mécanisme qui consiste à découper un mot en unités plus petites (syllabes et sons). Concrètement, un enfant dyslexique phonologique peut avoir du mal à segmenter le mot « moto » en [m]/[o]/[t]/[o].

Ce traitement chaotique des sons de la langue, côté reconnaissance et côté manipulation, a logiquement des conséquences sur l’apprentissage de la lecture et souvent, en parallèle, de l’orthographe
Par contre, la lecture des mots connus est globalement préservée parce que leurs représentations sont entrées, grâce à la mémorisation, dans le stock lexical. Cependant, la constitution de ce stock peut être impactée par l’accès laborieux aux mots nouveaux.

Dyslexie phonologique

Signes d’appel d’un trouble dysphonétique

Dès la grande section de maternelle, lorsque des activités en lien avec la phonologie sont présentées aux élèves, certains indices peuvent être évocateurs d’une dyslexie phonologique.

  • Problèmes d’orientation spatiale.
  • Difficultés dans les activités de discrimination et d’attention visuelle.
  • Compétences métaphonologiques compliquées : discrimination, segmentation, manipulation des syllabes et des sons.
  • Retard de parole ou de langage.
  • Omission, inversion, confusion de sons dans la lecture et les premières transcriptions.
  • Enfant qui « écrit comme il parle », par exemple « mètre corbo » pour « maître corbeau ». 
  • Difficultés dans l’acquisition des homophones (mots qui se prononcent de la même façon, mais s’écrivent différemment).
  • Mauvaise compréhension des textes lus. 
  • Difficultés d’attention.

Un dernier indice est la présence d’antécédents familiaux. En effet, le facteur héréditaire est prégnant dans 50 % des cas. 

Mécanismes cérébraux impliqués dans le trouble spécifique de la lecture

La dyslexie phonologique est un trouble neurodéveloppemental. Si l’étiologie précise est encore un sujet de recherche, on sait maintenant qu’un fonctionnement cérébral spécifique est impliqué. Et notamment, en matière de connectivité entre certaines régions du cerveau, essentielles pour le traitement des sons de la langue. 

4 régions cérébrales à connaître 

  1. Aire de Broca 

Située dans le lobe frontal gauche, cette région est impliquée dans la production et la manipulation des sons du langage. Chez les enfants dyslexiques, l’activation de l’aire de Broca peut être moins efficace. C’est notamment ce qui entrave leur capacité à segmenter les mots en sons et à les manipuler.

  1. Gyrus temporal supérieur et aire de Wernicke

L’aire de Wernicke joue un rôle dans la compréhension des sons du langage. Des études d’imagerie cérébrale montrent ainsi que chez les dyslexiques, cette région peut présenter une activation réduite. Cela affecte la capacité à reconnaître et à associer correctement les sons aux lettres.

  1. Faisceau arqué 

Il s’agit d’un faisceau de fibres nerveuses qui connecte l’aire de Broca et l’aire de Wernicke. Une connectivité moins efficace entre ces deux régions peut être une explication aux difficultés de traitement phonologique. En l’occurrence, on parle ici de la transmission de l’information phonologique entre les zones de production et de compréhension du langage.

  1. Gyrus fusiforme 

Au niveau du lobe occipito-temporal, le gyrus fusiforme est impliqué, entre autres, dans la reconnaissance visuelle des mots et des lettres. Chez les personnes dyslexiques, l’activation de cette zone peut être atypique, ce qui rend la reconnaissance rapide et le décodage des mots plus difficile.

Trouble de lecture

Connectivité et trouble de la lecture

Nous avons évoqué la notion de connectivité cérébrale, mais de quoi s’agit-il exactement ? En fait, les études en neuro-imagerie montrent que la dyslexie phonologique est souvent associée à des anomalies de connectivité fonctionnelle et structurale entre les régions cérébrales impliquées dans le traitement du langage. 

Cela signifie que non seulement les régions spécifiques peuvent être moins actives, mais aussi que la communication entre ces régions est potentiellement moins efficace.

Connectivité fonctionnelle réduite 

La connectivité fonctionnelle se réfère à la manière dont différentes régions du cerveau coopèrent lors de tâches spécifiques. En deux mots, un vrai travail d’équipe ! 

Chez les personnes dyslexiques, la connectivité entre les régions frontales et temporales est généralement réduite lors des tâches de traitement phonologique, autrement dit dans le traitement des sons du langage.

Connectivité structurale altérée 

L’imagerie par diffusion montre que les fibres nerveuses qui relient les différentes régions du cerveau peuvent être moins bien développées dans un contexte de trouble spécifique du langage écrit. Le faisceau arqué, en particulier, est au cœur de la communication entre les régions de production et de compréhension du langage. Et c’est justement ce faisceau qui peut présenter des anomalies structurales.

Conséquences de la dyslexie phonologique au quotidien

Un trouble spécifique de la lecture a évidemment des conséquences scolaires/universitaires/professionnelles, mais il ne faut pas oublier les répercussions sur la sphère émotionnelle.

Du côté des compétences académiques, les personnes dyslexiques présentent une lecture lente qui affecte la compréhension des textes. C’est souvent un facteur important de frustration. Par ailleurs, l’orthographe est habituellement fragile, produisant des écrits difficiles à lire pour les autres. Les problèmes de lecture peuvent également affecter la capacité à comprendre les énoncés de problèmes mathématiques.

Les conséquences sociales et émotionnelles d’un trouble des apprentissages, comme le trouble phonologique, ne sont pas anodines. En effet, l’estime de soi des personnes dyslexiques est fréquemment diminuée, avec des épisodes de frustration et d’anxiété, par exemple lors de la lecture à haute voix en classe ou devant un auditoire professionnel. Les troubles de la lecture peuvent mener à un certain isolement social, avec un évitement des situations où la lecture serait nécessaire.
Prendre en charge la dyslexie phonologique, c’est donc aussi apporter une amélioration à la qualité de vie globale des personnes de tout âge !

Trouble dysphonétique

Prise en charge de la dyslexie phonologique (et astuces !)

Rééducation orthophonique

Une fois le diagnostic posé, l’orthophoniste devient un acteur central de l’accompagnement des personnes dyslexiques. Il s’appuie généralement sur un entraînement intensif, une approche multisensorielle et des techniques de neurofeedback

En effet, les exercices qui renforcent la mémoire de travail, la conscience phonologique et la manipulation des sons peuvent aider à améliorer l’activation des régions cérébrales impliquées. Selon les points mis en évidence dans le bilan orthophonique initial, il s’agira d’apprendre à reconnaître et à manipuler les sons, de renforcer les associations lettre/son et de maîtriser le décodage en lecture. 

De plus, utiliser des méthodes qui engagent plusieurs sens (visuel, auditif, tactile) va stimuler différents mécanismes cognitifs simultanément.

Enfin, certaines techniques de neurofeedback visent à entraîner les patients à moduler leur activité cérébrale pour améliorer les fonctions de lecture. Issue des neurosciences, cette technique entraîne tout simplement le cerveau à « mieux » fonctionner. 

Conseils pratiques

Pour compléter et optimiser le travail réalisé en séances d’orthophonie, vous pouvez aussi miser sur certaines activités stimulantes !

  1. Jeux de rimes 

Jouer à trouver des mots qui riment peut améliorer la conscience phonologique. Il existe de nombreux jeux de rimes et de manipulation des sons et des syllabes, comme Rimatou, Syllabozoo, Sonodingo ou encore ce jeu de rimes des animaux en téléchargement gratuit ! 

  1. Lecture partagée

La lecture partagée, c’est le fait de lire en même temps que votre enfant, en pointant chaque mot pendant que vous lisez à voix haute. C’est une façon de l’aider à faire des connexions entre la forme sonore et la forme écrite des mots. 

Quand l’enfant lit seul, n’hésitez pas à lui proposer un Whisper Phone ou un Toobaloo qui vont lui permettre d’entendre plus distinctement les sons, sans bruits parasites et en améliorant au passage la qualité de l’attention auditive. 

  1. Mémoire de travail 

Pour aider un enfant porteur d’une dyslexie phonologique, stimuler la mémoire de travail est généralement une bonne idée. 

Vous vous demandez de quoi il s’agit exactement ? La mémoire de travail est un processus cognitif qui permet de retenir une information alors même que le cerveau est occupé à faire une autre tâche. Par exemple, décoder et comprendre ce qu’on lit, faire du calcul mental… Elle est primordiale pour les tâches en lien avec l’apprentissage du langage écrit. 

Optez pour des supports comme le jeu Set ou Bazar Bizarre, des jeux où la concentration et la mémoire de travail vont faire chauffer vos méninges ! 

  1. Entraînement cérébral

Pour stimuler les fonctions cognitives, varier les supports de travail est une bonne idée. Le casque Forbrain est un outil original et innovant que vous pouvez utiliser pour des entraînements à domicile. 

Grâce au filtre vocal dynamique, les personnes s’entraînent à la conscience des sons, à jouer avec leur voix, à la précision en lecture. Le tout, dans la bonne humeur et en renforçant les capacités de mémorisation et de concentration.

En boostant la parole et le stock lexical, Forbrain permet en outre d’améliorer la fluidité de la lecture. Vous vous posez des questions précises sur cet outil ? Vous trouverez certainement une réponse ici 

En conclusion, la dyslexie phonologique, comme tous les troubles neurodéveloppementaux, peut représenter un handicap invisible, à tout âge. Cependant, en combinant l’accompagnement orthophonique avec un soutien adéquat au quotidien, il est possible de progresser et de développer des stratégies compensatoires efficaces. En tant que parents, vous pouvez assurer un environnement à la fois stimulant et apaisant, en prenant en compte les répercussions émotionnelles d’un trouble phonologique. Gardez en tête que la dyslexie est un trouble des apprentissages persistant et polymorphe. Il est important de diagnostiquer ce trouble spécifique de la lecture, pour donner toutes les chances d’évolution, que ce soit dans la sphère scolaire ou professionnelle. 

Ressources 

Un livre plein d’astuces pour les accompagnants de personnes dyslexiques : 100 idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques.

Une boîte à outils originale pour les parents d’enfants dys : 50 activités bienveillantes pour les dys.

L’école de crevette : le blog d’une maman/maîtresse qui partage de nombreuses activités, certaines en téléchargement payant, d’autres gratuites, comme ce jeu des syllabes
Pour aller plus loin dans la compréhension des mécanismes en jeu dans la lecture, un document clair sur le modèle à deux voies.