Notre cerveau a des superpouvoirs, le saviez-vous ? Entre autres, celui de se remodeler, en fonction de l’expérience ou de l’apprentissage qu’il rencontre. On appelle cela, la neuroplasticité. Ainsi, après des lésions ou des maladies (AVC, troubles psychiatriques ou traumatiques), le cerveau peut se réorganiser pour optimiser son fonctionnement. On sait par exemple que chez les personnes non-voyantes, la partie du cortex dédiée au traitement de l’information visuelle est réaffectée vers le traitement d’autres sens, comme le toucher ou l’ouïe. Il s’agit d’un exemple concret de la neuroplasticité que Norman Doidge a observé et popularisé. On imagine aisément les implications formidables de ce concept dans les champs du neurodéveloppement, de la psychologie et de la médecine en général. Plongeons-nous tout de suite dans les mystères de la neuroplasticité selon Norman Doidge !

Norman Doidge et l’observation du cerveau humain

Qui est Norman Doidge ? C’est un psychiatre, psychanalyste et auteur canadien, surtout connu pour son livre à succès « The Brain That Changes Itself ». Traduit en français par « Guérir grâce à la neuroplasticité : Découvertes révolutionnaires sur le cerveau et ses capacités ». 

Publié en 2007, ce livre explore le concept de neuroplasticité, la compétence du cerveau à se remodeler et à se réorganiser, en réponse à une stimulation ou à une non stimulation. Cette stimulation revêt alors une valeur d’apprentissage et entraîne une réorganisation cérébrale.

Dans son ouvrage, Norman Doidge présente des études de cas fascinantes qui illustrent la plasticité cérébrale. Il évoque aussi son impact dans la guérison de maladies neurologiques et psychiatriques. Si Norman Doidge n’a pas à proprement parlé découvert la neuroplasticité, son travail a contribué à populariser cette notion.

Les bénéfices des travaux de Norman Doidge sur le cerveau

Le grand public comprend alors que le cerveau est malléable et qu’il peut se réparer, donnée évidemment précieuse dans de nombreuses branches de la médecine. Le cerveau n’est donc plus considéré comme cet organe merveilleux, mais statique et immuable : il est dynamique et capable d’adaptation, dans sa forme-même. 

Les travaux de Norman Doidge ont eu des bénéfices concrets : 

1. La recherche clinique s’est emparée des études de cas exposés par le psychiatre. Elle a développé des interventions qui exploitent la plasticité du cerveau, pour surmonter des troubles neurologiques, par exemple.

2. Dans le champ thérapeutique, les professionnels ont acquis l’idée que le cerveau peut toujours se réorganiser. Et ce, même après des lésions ou des traumatismes importants. L’espoir d’une compensation et d’une récupération fonctionnelle est toujours permis.

Neuroplasticité

La plasticité du cerveau : comment ça marche ?

Pour faire simple, voici les principaux paramètres de la neuroplasticité décrite par Norman Doidge : 

  • Formation et modification des synapses

Les synapses assurent la transmission des signaux électriques et chimiques dans le cerveau. La plasticité cérébrale implique la formation de nouvelles synapses, ainsi que la modification des synapses existantes en réponse à l’activité neuronale. En bref, lorsqu’un neurone est activé de manière répétée, les synapses associées à cette activité ont tendance à se renforcer, tandis que les synapses inactives ont tendance à s’affaiblir ou à être éliminées.

  • Réorganisation des circuits neuronaux 

Les connexions entre les neurones peuvent être modifiées en fonction des expériences que l’on propose au cerveau. Par exemple, après une lésion cérébrale, les neurones adjacents à la zone endommagée peuvent prendre en charge les fonctions perdues grâce à de nouvelles connexions. De la même façon, la pratique régulière d’activités stimulantes (en rééducation orthophonique, par exemple) peuvent entraîner des adaptations dans les circuits neuronaux associés à ces activités.

  • Facteurs influençant la plasticité cérébrale

La qualité de la neuroplasticité dépend d’un certain nombre de facteurs : l’âge, l’environnement, l’exercice physique, l’alimentation, le stress et les hormones. Il est admis que la neuroplasticité est à son apogée chez le jeune enfant ou encore chez les sujets préservés du stress qui « abîme » le cerveau.

Exemples de la neuroplasticité du cerveau

Les travaux de Norman Doidge ont eu un impact sur la façon dont nous comprenons le fonctionnement du cerveau, mais aussi sur les possibilités de traitement des troubles neurologiques grâce à la plasticité cérébrale.

Rééducation du cerveau après un AVC (accident vasculaire cérébral) 

Après un AVC, une partie du cerveau peut être endommagée, entraînant des déficiences motrices ou cognitives : hémiplégie, aphasie…

Dans ce cas, la neuroplasticité permet de réorganiser les connexions neuronales pour récupérer certaines fonctions perdues. Des thérapies comme la rééducation physique et la rééducation cognitive exploitent la plasticité cérébrale, avec des mouvements ou des exercices cognitifs spécifiques. Par exemple, des exercices de répétition contrôlée peuvent aider à renforcer les connexions entre les neurones et à rétablir une fonction motrice qui était perdue.

Accompagnement des troubles de la parole et du langage

Les personnes souffrant de troubles de la parole et du langage, comme l’aphasie après un AVC ou les troubles du langage chez les enfants, peuvent bénéficier de thérapies basées sur la neuroplasticité. 

Ces thérapies visent à stimuler les zones du cerveau associées au langage en utilisant des techniques telles que la répétition, la stimulation sensorielle et l’apprentissage intensif. En encourageant le cerveau à reconfigurer ses connexions neuronales, ces approches thérapeutiques peuvent donc améliorer la communication des patients.

Prise en charge des troubles neuro psychiatriques

De nombreux troubles neurologiques et psychiatriques sont associés à des altérations dans le fonctionnement cérébral. On peut penser à la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique ou encore la maladie de Parkinson.

Des prises en charge thérapeutiques basées sur la neuroplasticité peuvent aider à remodeler les circuits neuronaux perturbés et à améliorer les symptômes. Il s’agit de protocoles issus de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), de la méditation de pleine conscience, de la stimulation cérébrale non invasive ou du neurofeedback. 

Parce qu’on encourage le cerveau à développer de nouveaux schémas de pensée et de comportement, ces approches thérapeutiques peuvent favoriser la récupération et le bien-être des patients. 

En somme, la connaissance de la neuroplasticité du cerveau a ouvert de nouvelles voies thérapeutiques et offert, non seulement de l’espoir, mais aussi des options de traitement aux personnes touchées.

Neuroplasticité par Tomatis

La méthode Tomatis et la neuroplasticité

Développée dans les années 50 par le Docteur Alfred Tomatis, cette approche thérapeutique vise à améliorer les compétences auditives et la communication globale en utilisant des stimuli sonores spécifiques. Elle s’appuie sur les principes de la neuroplasticité à différents égards.

La plasticité du système cérébral auditif 

La méthode Tomatis repose, entre autres, sur l’idée que le système auditif est malléable et peut se modifier en réponse à une expérience sensorielle. Selon les principes de la neuroplasticité, le cerveau est capable de réorganiser ses connexions neuronales en fonction des stimuli qu’il reçoit. 

Dès lors, en exposant le système auditif à des stimuli sonores spécifiques et répétés, la méthode Tomatis vise à induire des changements cérébraux qui améliorent la perception auditive, l’attention ou le langage. Ces stimuli reposent sur des programmes d’écoute spécifiques (voix ou musique) qui modifient la fréquence, l’intensité et la structure des sons. Cette stimulation est précise et contrôlée.

En exposant le cerveau à des sons filtrés et modifiés via le casque, la méthode Tomatis veut renforcer les connexions cérébrales associées à non seulement à l’audition, mais aussi au domaine de la communication globale (attention, langage oral, pragmatique).

La rééducation par l’écoute

Pendant les exercices d’écoute, le patient entend des stimuli sonores filtrés. Cette approche permet au cerveau de s’habituer progressivement aux nouveaux modèles auditifs et de réorganiser les connexions neuronales en réponse à la stimulation.

Dans la méthode Tomatis, l’intégration de la voix et de l’écoute est importante. Il s’agit d’exercices de vocalisation/répétition pendant lesquels le patient produit des sons en synchronisation avec les stimuli sonores entendus. Cette synchronisation entre la production vocale et la perception auditive va renforcer les connexions entre les centres de traitement auditif et moteur du cerveau. C’est notamment ce qui est en jeu pour soutenir l’apprentissage de l’anglais via le casque Pronounce.

Régularité et intensivité du stimulus

Dans un accompagnement Tomatis, les programmes d’écoute sont personnalisés en fonction des objectifs thérapeutiques de chacun. Un suivi régulier est effectué pour évaluer les progrès et ajuster les programmes en conséquence. Le plan de travail est aussi élaboré de façon à proposer l’écoute des sons de façon régulière, pour favoriser l’intensivité du travail, favorable à la neuroplasticité.

Par exemple, dans le programme Soundsory, l’exposition aux stimuli a lieu 30 minutes par jour pendant 40 jours (2 sessions de 20 jours chacune), en combinant l’écoute de la musique et des exercices moteurs. 

Ce qu’il faut retenir

  • La neuroplasticité ou plasticité cérébrale, c’est la compétence du cerveau à s’adapter, à se réorganiser, voire à guérir après une lésion ou une maladie.
  • En suivant les observations formulées par Norman Doidge, les techniques de rééducation visent la régularité et l’intensivité de la stimulation, pour obtenir une réponse cérébrale positive. 
  • La méthode Tomatis repose sur les principes de la neuroplasticité. En stimulant avec précision le cerveau, on provoque une réorganisation des fonctions à travailler.
  • Les programmes d’écoute basés sur le principe de plasticité cérébrale visent à améliorer aussi bien l’attention que les capacités langagières ou motrices.