Si vous êtes parent d’un enfant dyslexique, vous savez que l’apprentissage de la lecture est un parcours semé d’embûches, parfois carrément décourageant pour votre enfant. En tant que parent, il peut être difficile de savoir comment aider ces enfants au quotidien, sans risquer de renforcer leur frustration. Pour améliorer ce trouble neurodéveloppemental durable, votre enfant a besoin de stratégies d’accompagnement adaptées, élaborées par une orthophoniste. Cependant, il existe aussi des exercices simples à faire à la maison pour renforcer les compétences en lecture tout en s’amusant. Dans cet article, nous allons vous proposer un exercice adapté à chaque type de dyslexie, à réaliser en famille, afin de soutenir la progression de votre enfant. Avant cela, nous allons justement faire le point sur les différents types de dyslexie. En effet, mieux les connaître permet d’adapter les activités au maximum. En matière d’exercice spécial dyslexie, plus que jamais, il est important de favoriser la réussite de votre enfant !
Un exercice pour chaque type de dyslexie
Qu’est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages. Elle concerne des difficultés dans l’acquisition et l’automatisation des mécanismes de la lecture. C’est une pathologie qui existe en l’absence de déficience intellectuelle, de trouble sensoriel ou d’un déficit d’accès à l’éducation. Elle fait partie de la grande famille des troubles dys, au même titre que la dyspraxie (trouble de la coordination motrice) ou la dysorthographie (trouble de l’orthographe).
On parle de la dyslexie comme un trouble durable du langage écrit, dont le diagnostic peut habituellement être posé dans le courant de l’année du CE1. Elle se manifeste par une lecture lente, laborieuse, des confusions phonème/graphème ou encore une difficulté à reconnaître rapidement les mots, même familiers. Ces difficultés entraînent souvent une mauvaise compréhension des textes lus, ce qui est très frustrant pour les jeunes lecteurs.
Rappel : Il est important de souligner que la dyslexie n’est pas causée par un manque d’attention, de motivation ou de stimulation. On sait maintenant qu’elle résulte d’un fonctionnement cérébral particulier dans les zones impliquées dans le traitement du langage écrit.
Lors d’un bilan orthophonique, le diagnostic du trouble spécifique de la lecture peut être posé, avec les spécificités qui vont aiguiller la nature de la prise en charge en orthophonie.

Les différents types de dyslexie et leurs spécificités
Il faut savoir que la dyslexie n’est pas un trouble « uniforme » : selon le profil cognitif de l’enfant, les mécanismes en difficulté peuvent varier. On distingue classiquement trois grands types de dyslexie.
Dyslexie phonologique
C’est la forme la plus répandue. L’enfant éprouve des difficultés à décoder les sons des lettres et des syllabes. En deux mots, il a du mal à transformer les graphèmes (les lettres écrites) en phonèmes (les sons entendus). Cela entraîne des erreurs de type confusion entre le « f » et le « v » ou de type omission comme « table » qui devient « tabe »….
Ce type de dyslexie touche ce qu’on appelle la voie phonologique, indispensable pour lire des mots nouveaux ou peu fréquents, qu’on doit « décoder ». Les exercices visant à renforcer la conscience phonologique (soit la capacité à identifier et à manipuler les sons de la langue) sont particulièrement efficaces dans ce cas.
Dyslexie de surface
Ici, l’enfant lit principalement en s’appuyant sur la correspondance lettre/son, sans accès direct à la forme orthographique des mots, en mode « photographie ». Cela entraîne des erreurs sur les mots irréguliers ou qui ne se prononcent pas comme ils s’écrivent. Par exemple, « monsieur » ou « femme », qui normalement se lisent globalement, sans passer par un déchiffrage.
La dyslexie de surface touche la voie lexicale, celle qui est nécessaire pour reconnaître rapidement et automatiquement les mots familiers. Les enfants concernés lisent souvent de manière lente, avec un accès laborieux au sens des mots.
Dyslexie mixte
C’est une forme combinée des deux précédentes : l’enfant rencontre des difficultés aussi bien dans le décodage que dans la reconnaissance visuelle des mots. Ce profil nécessite une prise en charge plus globale, pour mobiliser à la fois les stratégies phonologiques et visuelles.
Bon à savoir : Dans la masterclass « Difficultés de lecture », nous abordons longuement les spécificités de chaque type de trouble de la lecture, avec les pistes de travail associées.
Dyslexie phonologique : travailler le traitement des sons
Ici, il s’agit de mettre en place un exercice pour aborder la difficulté à décoder les sons et la faible conscience phonémique. L’objectif est d’améliorer la discrimination auditive et la conversion grapho-phonémique (lettre/son).
Exercice : Les intrus phonémiques
Aucun matériel particulier n’est nécessaire, mais vous pouvez utiliser des images pour soutenir la mémoire de l’enfant, si besoin.
Consigne : « Je te donne plusieurs mots. Tous ces mots commencent par le même son… sauf un ! Tu dois trouver l’intrus, celui qui ne commence pas par le même son. »
Exemples progressifs :
- Niveau facile (sons simples, mots fréquents)
/p/ : pain, poule, poire, chien
/m/ : main, sac, moto, maison
- Niveau intermédiaire (sons proches)
/f/ : fée, feuille, vélo, fil
/k/ : clé, carte, gare, côte
- Niveau difficile (phonèmes complexes, mots plus longs)
/ʃ/ : sable, chapeau, chat, chemin
/br/ : brique, bras, bruit, drapeau
Pour aller plus loin, vous pouvez passer à : « Tous ces mots se terminent par le même son… sauf un ! ». Si l’enfant est à l’aise, on peut même aborder un travail de segmentation du type : « Dis-moi les sons que tu entends dans le mot « sac » (/s/ /a/ /k/).
À noter : le quatrième chapitre de l’Ebook « 83 exercices d’orthophonie » cible précisément la phonologie, avec des supports à télécharger pour vous faciliter la vie !
Dyslexie de surface : reconnaître la forme des mots
Dans ce type de dyslexie, l’enfant montre des difficultés à reconnaître les mots dans leur globalité. Alors, on va l’aider à automatiser la reconnaissance visuelle des mots fréquents ou irréguliers.
Exercice : Les flashcards des mots piégeux
Matériel : Cartes-mots avec des mots irréguliers (monsieur, femme, oignon, second, chorale…).
Vous montrez une carte pendant 2 à 3 secondes, l’enfant doit lire le mot à voix haute le plus vite possible. On réitère avec les mêmes mots plusieurs fois sur la semaine, en espaçant progressivement les révisions (effet de consolidation à long terme).
Astuce : On peut proposer d’associer une couleur ou une image au mot pour stimuler la mémoire visuelle (un oignon dessiné dans la boucle du o, pour se souvenir du « oi»). Il s’agit de l’orthographe illustrée, utile pour le passage à l’écrit et pour la mémorisation en lecture.

Dyslexie mixte : optimiser les deux voies de lecture
Dans le cadre de la dyslexie mixte, on observe des difficultés à la fois dans le décodage des sons et la reconnaissance des mots. L’idée est donc de renforcer les deux voies de lecture (phonologique et lexicale).
Exercice : Le tri des mots
Matériel : Une liste de mots variés (réguliers et irréguliers)
- Lire chaque mot avec l’enfant, en lui fournissant l’aide dont il a besoin.
- L’enfant doit décider s’il peut le lire en « s’appuyant sur les sons » (mot régulier) ou s’il doit le reconnaître directement (mot irrégulier).
- Il place le mot dans la bonne colonne : « je déchiffre » ou « je retiens par cœur ».
Dans la continuité, on va travailler ensuite les mots de chaque catégorie avec les méthodes adaptées (exercices de sons pour les réguliers, cartes visuelles pour les irréguliers).
D’autres idées pour travailler le trouble de la lecture
Retenez qu’il est tout à fait possible et recommandé de varier les activités pour stimuler différentes compétences.
Lecture rythmée
La lecture à voix haute, accompagnée d’un rythme (en tapant dans les mains ou en utilisant un métronome) peut aider l’enfant à fluidifier sa lecture tout en structurant son attention. Cela l’encourage à respecter les groupes de mots et à éviter les sauts de ligne.
Attention, à utiliser avec les enfants suffisamment à l’aise et avec un caractère fortement ludique, pour ne pas imposer un stress supplémentaire ! Pour potentialiser le travail, on peut même introduire ici une aide technologique comme le casque Forbrain.
Étiquettes de mots dans la maison
Collez des étiquettes sur les objets du quotidien (porte, chaise, lampe, fenêtre) avec le mot correspondant. L’enfant les voit plusieurs fois par jour, ce qui favorise la mémorisation orthographique et la reconnaissance globale des mots. Vous pouvez aussi créer un jeu : « retrouve tous les mots commençant par la lettre M dans le salon ».
Jeux de mémoire visuelle avec des mots
Préparez des paires de cartes images/mots (type memory) et demandez à l’enfant de retrouver les doubles. Cela renforce la mémoire visuelle, essentielle pour reconnaître rapidement les mots en lecture. Pour les enfants plus jeunes, remplacez les mots par des images associées à un son ciblé.
À retenir
- N’hésitez pas à solliciter un bilan orthophonique si les troubles de la lecture sont douloureux pour votre enfant. Plus tôt il sera pris en charge, meilleure sera son évolution !
- Soyez attentifs à faire de ces exercices des moments de jeux réguliers, mais courts. Valorisez fortement les progrès de votre enfant.
- Chaque enfant progresse à son propre rythme.
- Observez comment votre enfant réagit, ce qui lui plaît, ce qui l’aide. Vous serez souvent surpris de voir combien un petit jeu peut devenir une grande aide dans un parcours de lecture.
- Réhabilitez l’histoire du soir, même pour les plus grands. Ils adorent ce moment de lecture partagée qui redonnent à cet exercice un vrai côté positif.