Troubles du langage oral, difficultés de lecture, respiration buccale ou bégaiement : les raisons de consulter une orthophoniste sont variées ! Selon l’âge et la pathologie de votre enfant, vous pouvez avoir envie, en tant que parent, de l’aider au quotidien pour potentialiser les efforts effectués en séance d’orthophonie. Et c’est une très bonne idée, puisque la fréquence et la régularité des exercices sont les clés de la progression ! Ainsi, lorsqu’il existe un relais à la maison, les stratégies mises en place en séance d’orthophonie sont d’autant plus automatisées et les progrès, d’autant plus tangibles ! Voici donc des exercices d’orthophonie à mettre en place au quotidien, à sélectionner selon les difficultés de votre enfant.
Les motifs de consultation en orthophonie
Le langage oral : premier motif de consultation
Parlons chiffres ! Selon une étude menée par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), 1,25 million d’enfants ont consulté un orthophoniste en 2019. Cela représente 9 % des enfants, avec une majorité de consultations entre 3 et 10 ans.
Si on met le focus sur le langage oral, les consultations concernent 42 % des enfants jusqu’à 10 ans, toutes pathologies confondues : retards simples, difficultés d’articulation ou troubles plus structurels et durables, comme la dysphasie.
Le langage écrit : un enjeu croissant pour l’école
À l’entrée au CP, les demandes liées au langage écrit explosent. 37 % des enfants de 6 à 10 ans et 57 % chez les adolescents sont concernés.
Leur impact se fait sentir très tôt dans le parcours scolaire et les parents cherchent souvent des solutions pour soutenir leur enfant à la maison, en complément des séances en cabinet.
Nous abordons plus en détail les troubles de la lecture dans une masterclass dédiée, n’hésitez pas à y jeter une oreille !
Parmi les autres motifs fréquents de consultation, on retrouve :
- Les troubles logico-mathématiques, qui concernent 4 % des enfants de 6 à 10 ans (souvent regroupés sous le terme de dyscalculie).
- Le bégaiement, qui peut apparaître dès la petite enfance.
- Les troubles de la déglutition ou de la respiration buccale, liés à des troubles oro-myo-fonctionnels.
Les troubles neurologiques comme l’aphasie, la dysarthrie ou la dysphagie (traumatismes crâniens, maladies génétiques, syndromes rares…).

En tant que parents, vous pouvez jouer un rôle actif dans la progression de votre enfant. Vous ne savez pas par où commencer, quelles activités proposer ? Toutes les ressources dont vous avez besoin se trouvent dans notre guide « 83 exercices d’orthophonie ». Du renforcement des praxies bucco-faciales à l’enrichissement du vocabulaire, en passant par des exercices d’articulation : votre banque d’exercices d’orthophonie est disponible !
Exercices d’orthophonie pour les troubles spécifiques du langage écrit
Les principaux troubles sont regroupés sous le terme de TSLE (troubles spécifiques du langage écrit). La dyslexie est un trouble de la lecture qui se traduit par une difficulté à identifier les mots avec précision. La dysorthographie, comme son nom l’indique, est un trouble de l’orthographe, souvent associé à la dyslexie, qui affecte la transcription des mots.
Des outils ludiques à utiliser à la maison
- Avant même de bien lire, un enfant doit savoir « jouer » avec les sons : Reconnaître les rimes, découper un mot en syllabes, isoler les sons de début ou de fin. Munissez-vous d’images à trier ou à associer. Par exemple : « Quel mot rime avec ballon ? », « Quel son entend-on en premier dans souris ? »
- Utilisez des mini-livres ou des cartes qui associent un graphème à une image ou à un mot. Ces supports multisensoriels permettent de travailler la correspondance phonème-graphème de manière concrète.
- Inspirée du célèbre jeu Dobble, cette version orthophonique propose de repérer rapidement des lettres, graphèmes ou sons communs entre deux cartes. Un excellent moyen de développer la discrimination visuelle et la rapidité de traitement.
Notre conseil : pour que ces activités soient efficaces, elles doivent rester courtes et motivantes. Il vaut mieux 5 minutes de jeu plusieurs soirs que 45 minutes d’une séance ennuyeuse le dimanche ! Dans l’avant-propos de notre guide d’exercices sur le langage, vous retrouverez des conseils concrets pour rendre ces moments ludiques.
Activités orthophoniques pour les troubles logico-mathématiques
Vous pensez que les maths, c’est juste du calcul ? Faux ! Elles mobilisent aussi des compétences de logique, de mémoire, de repérage spatial et de raisonnement abstrait. Environ 4 % des enfants entre 6 et 10 ans présentent un trouble spécifique lié aux apprentissages mathématiques. Ces enfants ne parviennent pas à acquérir un sens stable du nombre, ont du mal à automatiser les procédures de base (additions, soustractions…) ou ont du mal à raisonner sur des problèmes logiques.
À noter : Même si ces troubles sont moins médiatisés que la dyslexie, leur impact scolaire est tout aussi important, parce que le logico-mathématique est partout, même dans l’apprentissage de la conjugaison, par exemple.
Des activités maison pour renforcer la logique et le sens du nombre
Il existe de nombreuses façons ludiques d’entraîner les compétences logico-mathématiques à la maison, sans transformer le salon en salle de classe !
- Compléter une suite de perles (rouge, bleu, rouge, bleu, ?), trouver l’intrus dans une série d’objets ou remettre des nombres dans l’ordre croissant.
- Sur le même principe que les cartes auto-correctives, proposez des cartes à pinces : une question est posée en haut, et l’enfant doit pincer la bonne réponse parmi trois propositions en bas.
- Organisez des jeux de logique avec les objets du quotidien en utilisant des boutons, des jetons, des Legos ou des cuillères pour créer des jeux d’association, de tri par taille/couleur ou de classement. Exemple : « Peux-tu faire 3 groupes de 4 cuillères ? » ou « Classe ces objets du plus lourd au plus léger ».
Les enfants avec des troubles logico-mathématiques ne sont pas « nuls en maths ». Ils ont besoin d’une autre façon d’aborder les concepts, en manipulant, en visualisant, en jouant.
Troubles liés à l’orthodontie : souffle, posture et langue
Parmi les motifs les plus fréquents d’adressage de patients entre orthodontistes et orthophonistes, il y a la respiration buccale et la déglutition atypique. Ces troubles, souvent discrets au départ, peuvent en effet avoir un impact sur la croissance oro-faciale et même sur le langage.
Comme il s’agit de schémas moteurs pas ou peu automatisés, il est important de reprendre à la maison les exercices d’orthophonie vus en séance. Justement, le 1er et le 2e chapitre de notre Ebook sont consacrés aux praxies bucco-faciales et à la déglutition. À vous de proposer ces activités ludiques à votre enfant et observez ses progrès quotidiens !
Quand un enfant respire par la bouche ou que sa langue pousse systématiquement contre les dents en avalant, cela peut compromettre l’efficacité d’un traitement orthodontique, voire en être la cause initiale. C’est pourquoi les orthodontistes sont nombreux à adresser leurs jeunes patients en orthophonie, pour s’assurer du succès d’un appareillage.
L’orthophonie va donc rééduquer les fonctions orales tout en instaurant de bonnes habitudes durables.
Des exercices quotidiens à intégrer en douceur pour une déglutition fonctionnelle
- Pour stimuler la respiration nasale et renforcer les muscles labiaux, proposez à l’enfant de souffler doucement sur une boule de coton, une balle de ping-pong ou une plume, en expirant par le nez et en maintenant la bouche fermée.
- Transformez la respiration en jeu : « Peux-tu souffler comme un vent léger ? Un vent fort ? Comme un dragon ? ». Variez les intensités pour développer la conscience du souffle tout en gardant l’exercice ludique.
Bégaiement et dysphonie : deux troubles, deux approches
Le bégaiement est un trouble de la fluence : l’enfant répète, bloque ou prolonge certains sons, accompagnés de tensions musculaires ou de comportements d’évitement. Il peut apparaître dès la petite enfance (vers 3 ans) et évoluer différemment selon les profils. La rééducation vise alors à fluidifier la parole, tout en travaillant la communication globale.
La dysphonie, quant à elle, touche la qualité vocale : voix rauque, enrouée, soufflée… Ces troubles sont souvent liés à un mauvais usage de la voix (forçage, cris répétés, respiration mal maîtrisée) ou à des troubles fonctionnels.
Quelques exercices orthophoniques doux à pratiquer à la maison
- Imprimez de petits textes lents et mélodiques, avec un code couleur pour les pauses respiratoires. Vous pouvez utiliser le casque Forbrain pour majorer l’efficacité de cet entraînement cérébral.
- Lire à deux voix, en chuchotant ou en exagérant les intonations, peut aider à poser la voix et à rendre la parole plus fluide.
- Respirer lentement par le nez, gonfler le ventre, souffler doucement comme pour éteindre une bougie.
- Ajoutez un mouvement de détente corporelle : rouler les épaules, relâcher la mâchoire, bâiller doucement.
- Choisissez de courts poèmes, des devinettes ou des phrases rigolotes, et jouez avec la voix : grave, aiguë, lente, joyeuse, en colère… Cela stimule la souplesse vocale, tout en favorisant une prise de conscience de son propre instrument.
Notre astuce : Vous vous demandez où trouver des listes de mots, des cartes à imprimer pour vous faciliter la vie ? Pas de paniques, nous avons compilé de nombreux exercices et surtout des supports à télécharger tout prêts dans notre E-book « 83 exercices d’orthophonie » !

4 conseils pratiques pour faire des exercices d’orthophonie à la maison
- 5 à 10 minutes par jour suffisent largement, à condition que l’activité soit plaisante, sans pression. L’idée n’est pas de « faire des devoirs », mais d’explorer en s’amusant.
- Les exercices d’orthophonie à imprimer sont un excellent point de départ : ils permettent de créer une routine. Mais n’oubliez pas les jeux spontanés : devinettes, rimes dans la voiture, souffler sur une bougie, jouer au théâtre de marionnettes… C’est dans l’interaction vivante que l’enfant développe ses compétences.
- Chaque enfant progresse à son rythme. Il est essentiel de respecter son profil, son âge, ses fragilités et ses forces. Ne cherchez pas la performance, mais la progression.
- Discutez régulièrement avec l’orthophoniste : elle pourra vous conseiller sur les types d’exercices adaptés aux besoins de votre enfant et les points de vigilance à conserver.