Un accident vasculaire cérébral (AVC) se produit lorsque le flux sanguin dans le cerveau ne permet plus l’oxygénation des cellules cérébrales. Il peut être causé par un caillot qui bouche un vaisseau (on parle d’AVC ischémique) ou par une hémorragie cérébrale (AVC hémorragique). Dans les deux cas, les conséquences peuvent être graves et toucher des fonctions essentielles, comme le langage, pour une personne sur 3. Il peut en résulter une aphasie, une dysarthrie, une apraxie ou des troubles cognitifs associés. L’orthophonie joue un rôle clé dans la prise en charge en évaluant les capacités du patient et en élaborant un plan de rééducation personnalisé. L’accompagnement orthophonique est souvent long, mais il permet de rétablir certaines fonctions et de retrouver une forme d’autonomie dans la vie quotidienne. Cet article a pour objectif de vous informer sur les troubles orthophoniques post-AVC et surtout de proposer des exercices à mettre en pratique à la maison pour optimiser la rééducation

Quel est l’impact d’un AVC sur la communication ?

On distingue schématiquement deux types d’AVC. L’AVC ischémique, qui représente environ 80 % des cas et qui est provoqué par l’obstruction d’une artère cérébrale par un caillot de sang. Et l’AVC hémorragique, plus rare mais aussi souvent plus grave, qui est causé par la rupture d’un vaisseau sanguin, ayant pour conséquence un saignement dans le cerveau.

Il faut savoir que notre cerveau fonctionne comme un réseau de régions spécialisées. Donc, si l’accident vasculaire cérébral touche les zones responsables du langage, la communication peut être altérée. Les deux aires cérébrales particulièrement impliquées sont :

  • L’aire de Broca, située dans l’hémisphère gauche, intervient dans la production du langage. Une atteinte de cette zone entraîne de fait des difficultés à formuler des phrases.
  • L’aire de Wernicke, également dans l’hémisphère gauche, est impliquée dans la compréhension du langage. Ici, une atteinte peut entraîner un discours fluide, mais incohérent, avec une compréhension altérée.

À noter : Selon la localisation de la lésion, les capacités de communication orale/écrite peuvent être plus ou moins compromises.

Les troubles orthophoniques après un AVC

Nous l’avons dit, les séquelles langagières d’un AVC sont variables, selon la zone touchée, la rapidité de la prise en charge et le profil du patient.

L’aphasie

L’aphasie est un trouble du langage qui peut affecter l’expression orale et/ou écrite et la compréhension orale et/ou écrite. Traditionnellement, on va parler d’une :

  • Aphasie expressive quand le patient peine à trouver les mots, à construire des phrases.
  • Aphasie réceptive si le patient parle, mais comprend mal les messages oraux ou écrits.
  • Aphasie globale lorsqu’il y a une atteinte sévère de toutes les composantes du langage, souvent au début, avec des possibilités d’évolution favorable au cours de la rééducation orthophonique.

La dysarthrie

La dysarthrie est un trouble neuromusculaire lié à une atteinte des muscles impliqués dans l’élocution (lèvres, langue, palais, cordes vocales). La parole peut devenir lente, nasale, floue, chuchotante, voire inintelligible.

L’apraxie de la parole

L’apraxie se manifeste par une incapacité à coordonner les mouvements nécessaires à la production des sons du langage, sans atteinte musculaire. En deux mots, le patient sait ce qu’il veut dire, mais ne parvient pas à articuler correctement.

La dysphagie

Les troubles de la déglutition (ou dysphagie) sont fréquents après un AVC, notamment lorsque les muscles de la gorge ou du pharynx sont affectés. Ils peuvent entraîner un risque de fausses routes et, par conséquent, d’infection pulmonaire.

Les troubles cognitifs associés

L’AVC peut également affecter l’attention, la mémoire verbale (ce qui complique la compréhension de longues phrases ou l’évocation de mots) et la flexibilité mentale (rendant difficile l’adaptation du discours à une situation donnée).

Attention : Ces troubles ne sont ni systématiques ni définitifs. De plus, une prise en charge orthophonique précoce permet souvent des progrès significatifs, même plusieurs mois après l’AVC.

Orthophonie AVC

L’orthophoniste : du bilan à la prise en charge post AVC

Première étape : Le bilan orthophonique

La prise en charge orthophonique débute toujours par un bilan complet. Ce temps d’évaluation est essentiel pour comprendre l’étendue des troubles et pour identifier les ressources préservées sur lesquelles va s’appuyer la rééducation.

L’orthophoniste utilise des tests standardisés, des questionnaires, ainsi que des observations cliniques en situation réelle. Elle dispose aussi d’outils spécifiques pour évaluer la déglutition et la motricité bucco-faciale, si nécessaire.

Ce qui est intéressant, c’est qu’un bilan ne se limite pas à cerner les déficits. Il permet aussi de mettre en lumière les forces résiduelles du patient, son niveau d’autonomie, ses stratégies spontanées de compensation. L’idée, c’est donc de construire ensemble des objectifs thérapeutiques sur mesure.

Deuxième étape : le plan de soins personnalisé

À l’issue du bilan, l’orthophoniste formule des objectifs thérapeutiques, en collaboration avec l’équipe soignante, les proches et évidemment, le patient lui-même.

La fréquence des séances varie selon la gravité des troubles, la fatigabilité du patient et les possibilités logistiques (à l’hôpital, à domicile ou en cabinet libéral). En phase aiguë (juste après l’AVC), les séances peuvent être quotidiennes, puis s’espacer progressivement selon les progrès.

Concrètement, le plan de soins est construit en étapes progressives, avec : 

  • des objectifs court terme, par exemple, retrouver une communication fonctionnelle de base (exprimer un besoin, comprendre une consigne simple), parfois avec un support de communication. 
  • des objectifs moyen terme, c’est-à-dire améliorer la fluidité de la parole et renforcer la compréhension écrite et orale.
  • des objectifs à long terme. À savoir, restaurer une autonomie dans les activités sociales.

Il est important que ces objectifs soient définis de manière réaliste, adaptée à chaque patient. Dans un contexte d’AVC, les progrès en langage sont parfois lents et il sera important de beaucoup soutenir le patient, en conjuguant pédagogie et rigueur clinique.

5 types d’exercices orthophoniques après un AVC

Après un accident vasculaire cérébral, l’orthophoniste va proposer des exercices progressifs pour restaurer, dans la mesure du possible, les fonctions altérées en stimulant la neuroplasticité (Capacité du cerveau à réorganiser ses réseaux neuronaux après une lésion).

L’important est à la fois que l’exercice proposé soit en adéquation avec le profil cognitif du patient et qu’on évite la sur stimulation.

Les exercices doivent être réalisés sans pression, avec des encouragements réguliers et idéalement avec la participation active de l’entourage.

À savoir : Tous les exercices ne sont pas adaptés à toutes les formes de troubles post AVC, n’hésitez pas à solliciter l’avis de votre orthophoniste. 

  1. Exercice pour améliorer l’expression orale

Ici, on va stimuler la capacité à dénommer (des objets, des images), structurer une phrase, articuler un message verbal. Ce type d’exercice mobilise d’une part la phonologie et d’autre part la coordination motrice des muscles impliqués dans la parole.

Comment ? On peut tout simplement proposer à la personne de nommer des objets du quotidien, en n’hésitant pas à donner la première syllabe, le premier son pour aider. La récitation de chansons, de comptines familières est aussi intéressante, parce que la mémoire rythmique est souvent mieux préservée. En fait, ces supports facilitent la relance verbale grâce à des automatismes. Pour potentialiser ce travail, une aide technologique comme le casque Forbrain constitue un outil efficace. 

Si le niveau de la personne est plus élevé, on peut aussi mettre en place des sortes de jeux de rôle. Par exemple, simuler des situations de la vie quotidienne (« Commander au restaurant ») en utilisant toutes les aides visuelles ou gestuelles, si besoin. 

  1. Exercice de compréhension

Si l’aphasie est plutôt de type réceptif, il va être important de restaurer les capacités de décodage auditif et sémantique, souvent altérées dans ce contexte.

Comment ? 

  • Donner des consignes simples à exécuter, en augmentant très progressivement la complexité et apportant beaucoup d’aide, au début.
  • Faire écouter un petit texte, puis poser des questions très simples.
  • Associer des images avec les mots/phrases correspondantes, en mode memory.
  • Classer des objets ou des images par catégories : les animaux, les vêtements, les aliments, etc. Cela stimule la mémoire sémantique et la logique, bases de la compréhension.

Astuce : le dernier chapitre de notre Ebook est centré sur la compréhension, n’hésitez pas à y jeter un œil, vous y trouverez même des images à télécharger !

Exercices d'orthophonie après un AVC
  1. Exercice de lecture/écriture

S’il est fondamental de travailler le langage oral, il peut être aussi porteur de s’intéresser au langage écrit, qui va venir soutenir la communication globale. 

Comment ? La lecture à voix haute de textes courts, familiers, avec un appui visuel permet de travailler la fluidité. Vous pouvez aussi essayer de compléter des phrases à trous (Par exemple « Le chat boit du… »). La dictée de lettres, de syllabes puis de mots simples peut aussi permettre de réinstaller des automatismes en lecture/écriture.

  1. Exercice de motricité bucco-faciale

Ce type d’exercice cible la coordination des muscles impliqués dans l’articulation. Attention, ils doivent être mis en place avec prudence, avec l’aval de votre orthophoniste ! En effet, dans certains profils neuromoteurs, ils peuvent être contre-productifs. 

Gonfler les joues, faire des grimaces, tirer la langue : ces mouvements stimulent la proprioception et la motricité volontaire des muscles faciaux. Par ailleurs, souffler sur une plume, dans une paille, un moulin à vent va solliciter le souffle contrôlé, base d’une parole intelligible.

  1. Exercice pour les troubles de la déglutition 

En cas d’atteinte des réflexes de déglutition (dysphagie), les exercices doivent être encadrés par une professionnelle de santé. Ils visent à prévenir les fausses routes en améliorant la coordination oro-pharyngée. Parfois, il est également nécessaire d’adapter les textures de la nourriture. 

Pour stimuler sensoriellement la déglutition, on va faire varier les températures, les textures (liquide/épaissi) ou les goûts. On va ainsi améliorer la perception du bol alimentaire.

Astuce : Pencher la tête en avant pendant la déglutition peut aider certains patients à mieux faire passer le bol alimentaire. Toujours sous avis médical !

Ces exercices après AVC ne remplacent évidemment pas une prise en charge orthophonique, mais ils constituent un complément à domicile, pour ancrer l’autonomie fonctionnelle. L’adaptation et la bienveillance restent sans aucun doute les clés d’une récupération réussie.

À retenir, pour installer un travail orthophonique post accident vasculaire cérébral  : 

  • La rééducation ne se limite pas aux séances d’orthophonie. Le soutien de l’entourage est un facteur déterminant dans la progression du patient. 
  • Les troubles du langage ne doivent pas être confondus avec une « baisse d’intelligence » : le patient comprend souvent plus qu’il ne peut exprimer.
  • Il est important de rendre la stimulation ludique et variée pour éviter la lassitude.
    Être bien informé sur le post AVC, c’est aussi reprendre le pouvoir sur sa situation et éviter l’isolement.
  • N’hésitez pas à solliciter les associations de patients, très actives et foisonnantes d’informations. Par exemple, France AVC ou la Fédération Nationale des Aphasiques de France.