Le rôle de l’orthophoniste
L’orthophoniste est une thérapeute, non seulement du langage oral et écrit, mais aussi de la communication dans sa globalité (verbale et non verbale). Dans l’imaginaire collectif, on voit une dame qui fait répéter des mots, quand on ne confond pas tout simplement avec une… orthopédiste ! Mais la réalité de cette thérapeute est bien différente. Une orthophoniste travaille au contact d’un grand nombre de pathologies, du bébé à la personne âgée, en passant par les adolescents. Cette auxiliaire médicale peut mettre en œuvre des bilans et des prises en charge, sur prescription d’un médecin. Vous vous demandez quel est le rôle de l’orthophoniste ? Plongeons ensemble au cœur de cette profession de santé passionnante !
L’orthophonie en 5 chiffres clés
- On compte 24 208 orthophonistes sur le territoire français.
- 96,8 % des orthophonistes sont des femmes.
- En France, on compte en moyenne 38,2 orthophonistes pour 100 000 habitants.
- Les orthophonistes représentent 4 % de l’ensemble des professionnels de santé.
- La durée des études pour devenir orthophoniste est de 5 ans. Le CCO (Certificat de Capacité d’Orthophonie) a vu le jour dans la loi du 10 juillet 1964
Où travaille une orthophoniste ?
Une orthophoniste a le choix entre un exercice libéral et un exercice salarié.
En libéral, elle s’établit dans un cabinet, seule ou en regroupement de professionnels de santé. Elle travaille selon la Convention Nationale des Orthophonistes qui lie son exercice à l’assurance maladie.
Pour une orthophoniste salariée, il existe différents lieux de travail possibles, dans le secteur public ou privé :
- Services hospitaliers (pédiatrie, neurologie, oncologie…).
- CMP, CMPP, Hôpital de jour, IME, SESSAD, ITEP, centres de rééducation fonctionnelle.
Environ 15 % des orthophonistes ont un exercice mixte, combinant la pratique en cabinet libéral et en salariat.
Quel est le rôle de l’orthophoniste auprès des patients ?
La Nomenclature Générale des Actes en Orthophonie définit de façon formelle les deux missions majeures d’une thérapeute du langage et de la communication : réaliser des bilans et assurer la prise en charge des troubles, le cas échéant.
Le bilan orthophonique
Lorsque vous vous dirigez vers un bilan orthophonique, vous devez demander à votre médecin traitant (pédiatre, ORL ou neurologue) une prescription mentionnant « Bilan orthophonique et rééducation si nécessaire ».
Grâce à cette ordonnance, votre orthophoniste va procéder au bilan, faire parvenir son compte-rendu au médecin prescripteur et conclure l’accord de prise en charge avec votre centre de Sécurité Sociale, pour le remboursement des séances.
Une thérapeute du langage et de la communication peut procéder à différents types de bilans, recensés dans le NGAP :
- Bilan de prévention et d’accompagnement parental ;
- Bilan de la déglutition et des fonctions tubaires ;
- Bilan de la phonation ;
- Bilan des fonctions faciales et de l’oralité ;
- Bilan de la communication et du langage oral et/ou bilan d’aptitudes à l’acquisition de la communication et du langage écrit ;
- Bilan de la communication et du langage écrit ;
- Bilan de la cognition mathématique ;
- Bilan des troubles d’origine neurologique ;
- Bilan des bégaiements et des autres troubles de la fluence ;
- Bilan de la communication et du langage dans le cadre des handicaps moteur, sensoriel et/ou déficiences intellectuelles, des paralysies cérébrales, des troubles du spectre de l’autisme, des maladies génétiques et de la surdité.
Un bilan commence par une anamnèse, un entretien pendant lequel vous serez amené à évoquer l’histoire de votre enfant, ses habitudes de vie, sa scolarité, son développement. Puis, l’orthophoniste va proposer à votre enfant une batterie de tests standardisés et compléter ces données par ses propres observations cliniques.
Après correction des épreuves du bilan, l’orthophoniste est en mesure de préciser la nature des troubles, leur sévérité et l’indication -ou non- d’une rééducation.
Bilans complémentaires
Pour préciser le diagnostic et écarter d’autres troubles qui viendraient gêner l’évolution de la prise en charge, l’orthophoniste peut vous aiguiller vers des bilans complémentaires : psychologique, psychomoteur, orthoptique…
La prise en charge orthophonique
Les résultats du bilan peuvent pointer la nécessité d’une prise en charge dont vous définirez ensemble les modalités (accompagnement parental, prise en charge de groupe ou individuelle, fréquence et durée des séances…).
Ces modalités de prise en charge vont être définies selon votre disponibilité, la sévérité des troubles, mais aussi la motivation du patient.
Le rôle de l’orthophoniste est ici d’établir un plan thérapeutique, avec des objectifs qu’elle va travailler en séance. Le plus souvent, elle va alterner entre des moments de travail technique et des sessions où l’enfant est en situation plus libre ou semi-dirigée.
Avec les enfants, c’est par le jeu qu’une orthophoniste va travailler les objectifs thérapeutiques mentionnés en conclusion du bilan. Le but ? Obtenir la coopération de l’enfant, lui montrer qu’il peut passer des moments plaisants à travailler et l’aider à généraliser ce qu’il apprend.
Finalement, cela est bien résumé par cette citation de Pauline Kergomard :
« Le jeu, c’est le travail de l’enfant, c’est son métier, c’est sa vie ».
La prévention
La dimension préventive est une des missions de l’orthophoniste. Ainsi, elle dispense à l’entourage du patient (famille, école, crèche) des informations aidant à mieux comprendre et à s’adapter aux troubles.
Les troubles de la communication orale et écrite
Quand on pense à l’orthophonie, le premier champ d’action qui vient en tête est souvent la dyslexie ou « les enfants qui parlent mal ». Mais vous allez voir que les thérapeutes du langage et de la communication interviennent auprès d’un large public, du bébé à la personne âgée, avec un grand panel de pathologies.
L’orthophonie à tous les âges
Le rôle de l’orthophoniste peut l’amener à intervenir à tous les âges de la vie, dans le champ du langage et de la communication.
Elle peut intervenir très tôt chez des bébés qui ont des difficultés de succion ou dans le cadre d’une maladie génétique dont on sait qu’elle peut causer un retard de développement de la communication. Elle peut par exemple accompagner les parents dans la mise en place d’une communication alternative dès le plus jeune âge.
En âge scolaire ou préscolaire, une orthophoniste rencontre le plus souvent des enfants porteurs d’un retard ou d’un trouble de parole/langage. Elle propose aussi des prises en charge dans le cadre de troubles du langage écrit et est amenée à poser des diagnostics, parfois pour des troubles dys : dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dysgraphie…
À l’âge adulte, on peut faire appel à une orthophoniste pour traiter un trouble vocal, les séquelles d’un AVC ou accompagner un patient porteur de maladie neurodégénérative.
Les champs d’action
Les thérapeutes du langage et de la communication connaissent et prennent en charge :
- La déglutition et les fonctions vélo-tubo-tympaniques.
- La phonation et les troubles de la voix, cancers laryngés…
- Les fonctions oro-myo-faciales et l’oralité.
- Les troubles du langage oral.
- Les troubles du langage écrit.
- La cognition mathématique.
- Les troubles d’origine neurologique (traumatisme crânien, AVC, maladie d’Alzheimer…).
- Le bégaiement et les troubles de la fluence.
- Les handicaps moteur et sensoriel.
- Les troubles du spectre de l’autisme.
- Les maladies génétiques (par exemple, la Trisomie 21).
- La surdité.
Astuces pour un bon partenariat patient/orthophoniste
Maintenant que vous connaissez avec précision le rôle de l’orthophoniste, vous serez peut-être amené à solliciter ses services pour votre enfant, pour vous-même ou un membre de votre famille.
Voici quelques astuces pour optimiser le travail fait en prise en charge et construire une belle relation patient/thérapeute :
- Prévenir en cas d’absence.
Cela paraît anodin (et les imprévus existent, bien entendu), mais c’est précieux pour une professionnelle de santé de pouvoir anticiper sur les absences de sa journée. Ainsi, elle peut prévoir de faire de l’administratif, aménager son emploi du temps ou proposer le créneau vacant à un patient sur liste d’attente.
- Se faire confiance.
Pour une bonne alliance thérapeutique, la confiance est la clé. N’hésitez pas à parler franchement à votre orthophoniste de vos doutes ou des difficultés qu’elle n’observe pas en consultation. Il s’agit d’avancer en équipe !
Parfois, l’orthophoniste peut vous confier des exercices à faire à la maison, entre deux rendez-vous. Ils sont importants pour impulser des progrès plus rapides et plus durables. Bien sûr, vous pouvez la prévenir lorsque vous vous sentez débordé, elle saura adapter ses demandes à vos possibilités.
- Cultiver la motivation
Pour certains enfants, notamment pour les prises en charge longues, ce n’est pas évident de venir toutes les semaines (parfois plusieurs fois par semaine) en séance. Alors, votre mission de parent sera de cultiver la motivation, pour que la prise en charge ne soit pas vécue comme une punition
Félicitez-le, récompensez-le pour son travail et son engagement dans la prise en charge thérapeutique. Mettez l’accent sur ses progrès et son sérieux. Il doit avoir l’impression de faire partie d’une équipe positive et optimiste !
Pour aller plus loin :
- Le site de la Fédération Nationale des Orthophonistes regorge de ressources pour aider les parents et les aidants : FNO Prévention
- Un petit livre pour expliquer aux enfants ce qu’il se passe chez l’orthophoniste : Chez l’orthophoniste – Editions Milan
- Une histoire d’orthophoniste pour s’amuser : L’Orthophoniste en vacances – Mim, Jess Pauwels
Des films qui parlent d’orthophonie : Un homme pressé ou Le Discours d’un roi.