Avez-vous déjà entendu parler de la conscience phonologique ? Peut-être par l’enseignant de votre enfant ou son orthophoniste ? Il s’agit de la capacité à percevoir, à découper et à manipuler les unités sonores de la langue. En l’occurrence, les syllabes et les sons (phonèmes). C’est une compétence qui se construit petit à petit chez l’enfant, par l’écoute de comptines, par les jeux de rime, etc. Elle est importante parce que c’est un pilier de la mise en place de la lecture et de l’écriture, vers 6 ans. Pourtant, chez certains enfants, on s’aperçoit que le repérage et la manipulation des sonorités du langage ne sont pas en place, mettant en péril la relation grapho-phonétique (la façon dont les sons sont traduits en écrit). Ce déficit de conscience phonologique peut être au premier plan dans certains retards ou troubles du langage oral et écrit (dysorthographie, dysphasies). Voyons ensemble comment vous pouvez travailler la conscience phonologique avec votre enfant !
Qu’est-ce que la conscience phonologique ?
La conscience phonologique est la compétence qui permet d’identifier à l’oreille les sons de la langue, de les isoler dans les mots et de les manipuler. Attention, en français, un son n’est pas équivalent à une lettre : on compte en effet 36 phonèmes pour 26 lettres dans l’alphabet.
La qualité de la conscience phonologique est un des meilleurs indicateurs de la mise en place réussie de la lecture. Autrement dit, plus un enfant est à l’aise dans la manipulation des sons de la langue, plus son accès à la lecture, au décodage, sera facilité.
Pour avoir une bonne conscience phonologique, il faut être capable de :
- Repérer les sons qui composent un mot, au début, au milieu ou à la fin de celui-ci.
- Repérer un même son, mais dans différents mots.
- Rejeter un mot qui diffère des autres par un son.
- Piocher des sons dans un mot et les associer pour créer un nouveau mot.
- Compartimenter un mot en une série de sons.
- Retirer un son du mot et trouver ce qui reste.
- Ajouter un son pour créer un nouveau mot.
- Remplacer un son par un autre pour trouver le nouveau mot formé.
Des recherches ont montré que les enfants présentant un trouble des apprentissages ont des difficultés dans ces différentes manipulations, impactant leur niveau scolaire global.
La bonne nouvelle, c’est qu’un entraînement spécifique, précoce et régulier de la conscience phonologique montre une amélioration notable du décodage et de la reconnaissance de mots.
Autrement dit, améliorer la conscience phonologique, c’est améliorer l’accès des enfants (porteurs de troubles des apprentissages ou non) à la lecture et à l’orthographe.
Pourquoi est-il judicieux de travailler la conscience phonologique ?
Savoir reconnaître les unités de la langue (phonème et syllabe) est un pilier de la mise en place des mécanismes de lecture et d’écriture. En effet, pour décoder et transcrire, il faut être capable d’analyser les sons impliqués dans le message, les reconnaître, les combiner, jouer avec, en somme.
Ainsi, on considère maintenant qu’une bonne conscience phonologique est un prérequis à la mise en place de la lecture au cours préparatoire.
C’est donc dans le courant de la maternelle, et même à un âge plus précoce, qu’il est important de stimuler les capacités d’écoute et de jeux avec les sons. Le but étant d’arriver au stade de l’apprentissage formel du langage écrit avec un bagage suffisant de conscience phonologique.
On sait par exemple qu’il est important de travailler la conscience phonologique avec les enfants porteurs de dyslexie ou les enfants avec un faible niveau de lecture. On s’aperçoit alors que les compétences en lecture peuvent évoluer favorablement.
Conscience phonologique ou conscience phonémique ?
On peut considérer que la conscience phonologique concerne des unités sonores de différentes tailles : les mots, les syllabes, les phonèmes. La progression naturelle est donc des plus grandes unités vers les plus petites, puisque la compétence s’affine avec la pratique.
La conscience phonémique, c’est l’étape spécifique aux sons, aux phonèmes de langue. Autrement dit, les plus petites unités entendues. Par exemple, dans « lapin », « la » est une syllabe et « l » est un phonème.
Dans le travail en prise en charge orthophonique, il sera important de respecter le développement naturel de cette compétence, à savoir : travailler d’abord sur l’unité de la syllabe, puis celle de la rime, et enfin du phonème.
3 exercices pour améliorer l’écoute des sons
Jouer avec les sons
Dans une situation ludique, en prenant exemple sur des images, des personnages ou des petites voitures, on peut proposer à l’enfant des défis, dès la moyenne/grande section de maternelle. Attention, il s’agit d’avancer progressivement et en fournissant de l’aide au besoin !
- Écouter des comptines et marquer les rimes en tapant dans ses mains. Les comptines pour enfants se prêtent bien à cet exercice.
- Trouver des mots qui riment. Par exemple, au cours d’un jeu, trouver ce qui rime avec « poupon » ou des mots qui commencent par « bi », comme « biberon » puis -plus difficile- par « b ».
- Trouver, parmi plusieurs images, celle qui rime avec le modèle ou qui commence de la même façon.
- Jouer à cuisiner les mots, en coupant la première ou la dernière syllabe, le premier ou le dernier son, que reste-t-il ? Est-ce qu’on peut créer un nouveau mot rigolo en remplaçant une syllabe par une autre ou un phonème par un autre ? Par exemple « dans voiture, si j’enlève voi et que je mets cein à la place, ça fait ceinture ! ».
- Parmi 3 images, trouver celle qui ne finit pas comme les autres, par exemple avec « moto, bateau, loto et chien ».
- Créer un nouveau personnage avec un prénom rigolo. On dessine 2 bonhommes, l’un s’appelle Thomas, l’autre Nicolas : le personnage créé avec le chapeau de l’un et les chaussures de l’autre va s’appeler Thocolas !
Pour l’écoute des phonèmes, les formidables comptines d’Annabelle Brignet Riboucaup sont très appréciées des petits et des grands enfants !
Vous l’avez compris, le but est de s’amuser avec les sons de la langue. Le jeu est le prétexte pour rendre la situation compréhensible et stimulante pour l’enfant.
Notre conseil : N’hésitez pas à apporter votre aide, à donner le modèle, à vous aider avec des jetons qui figurent les syllabes. Quand le niveau initial de conscience phonologique est fragile, ces petits exercices peuvent se révéler compliqués pour les jeunes enfants, dans l’exécution, mais aussi dans la compréhension de la consigne.
Travailler la conscience phonologique avec un Toobaloo
Le Toobaloo est un objet aussi simple qu’efficace, qui ressemble à un téléphone et qui permet aux enfants d’entendre distinctement leur voix et donc les sons qui la composent, sans être parasités par les bruits environnants.
Dans les exercices que nous venons de décrire, vous pouvez potentialiser le travail de votre enfant en lui proposant de parler et de s’écouter dans le Toobaloo. Essayez vous-même, vous serez surpris de l’écoute de votre propre voix !
Le Toobaloo favorise non seulement l’écoute des sons, mais aussi l’autocorrection de l’articulation et la maîtrise de la respiration.
À savoir : le Toobaloo a aussi un effet bénéfique pour les enfants porteurs d’un retard de langage oral ou d’un trouble de la fluence. Il encourage l’émission vocale puisque l’enfant a la surprise de « s’entendre » d’une façon différente. Il stimule ainsi l’expression orale et la précision de l’articulation.
Pour les enfants plus grands, adolescents et adultes, le Whisper Phone s’inscrit dans la continuité du Toobaloo. À tester !
Stimuler l’écoute active des sons avec le casque Forbrain
Le casque Forbrain est un dispositif de stimulation auditive qui peut soutenir le développement de la conscience phonologique. Le casque se compose d’un filtre dynamique, d’un mécanisme reposant sur la conduction osseuse du son et d’un microphone qui capte les ondes sonores de la voix.
En stimulant la boucle phonatoire (oreille/cerveau/voix), le casque Forbrain améliore la fluidité et le rythme de l’émission vocale. Cette écoute active, optimisée par le filtre dynamique de la voix, agit favorablement sur l’attention auditive, mais aussi sur la reconnaissance affinée des unités de la langue.
Parler, chanter, lire à haute voix avec le casque est une façon efficace d’améliorer les compétences en conscience phonologique.
À retenir :
- Travaillez la conscience phonologique de façon régulière !
Pour former l’oreille et exercer la manipulation des sons, la répétition est la clé.
- Misez sur le jeu !
Les chansons, les activités ludiques et artistiques représentent autant de stimulations stimulantes pour les enfants, dès la maternelle.
- Variez les modalités de travail !
En matière de phonologie, il vaut mieux varier les exercices pour exercer l’habileté cognitive des enfants : exercices à l’oral, jetons, petites voitures, peinture, taper dans ses mains… Amusez-vous !
Sources et Ressources
- Un jeu de l’oie de la conscience phonologique.
- Une mine d’idées : Apprendre la conscience phonologique avec des jeux de cartes.
- Jeu La pêche aux sons.
- Jeu Lilou apprend à écouter les sons.
- Livre sonore Le bruit des lettres.