Dans le langage courant, on entend parler d’hypersensibilité, mais savez-vous précisément ce que sont les troubles du traitement sensoriel ? Cette dysfonction concerne le traitement, par le cerveau, des informations transmises par nos sens. D’intensité variée, la gestion de ces troubles peut impacter concrètement la qualité de vie globale des personnes. En effet, un trouble sensoriel mal géré peut provoquer des douleurs, des troubles du comportement, un handicap social. Là où une personne au fonctionnement sensoriel standard ne va pas percevoir de gêne, une personne touchée par la dysfonction sensorielle ne va pas pouvoir tolérer une lumière, un bruit, une texture. Il est important de connaître ces troubles pour comprendre les mécanismes mis en cause et y apporter une solution de type habituation ou aménagement de l’environnement. Voyons ensemble ce que sont les troubles du traitement sensoriel et comment ils peuvent être pris en charge.
Qu’est-ce qu’un trouble du traitement sensoriel ?
Nos sens nous envoient en permanence des informations sur notre environnement et sur notre état interne : température, équilibre, couleurs, intensité des bruits… Ces stimuli, transformés en influx nerveux, sont envoyés au cerveau pour provoquer ensuite une adaptation du comportement.
Dans le cas d’une dysfonction du traitement sensoriel, le cerveau va mal interpréter l’information (avec trop ou trop peu d’intensité) et provoquer une réponse inadaptée (inconfort, douleur).
Qui peut avoir une dysfonction du traitement sensoriel ?
Il existe une comorbidité entre les troubles sensoriels et certaines pathologies neurodéveloppementales. Ainsi, ils sont davantage présents chez les enfants et adultes porteurs :
- D’autisme.
- De TDAH.
- De dyspraxie.
- De troubles psychoaffectifs (anxiété, difficulté d’attachement).
- D’un retard de développement global.
- D’un trouble des apprentissages de type Dys.
Lorsqu’ils sont présents dans le cadre d’un trouble neurodéveloppemental, les troubles sensoriels doivent faire l’objet d’une prise en charge spécifique.
Odorat, goût, ouïe, toucher, vue… Mais encore ?
Vous connaissez certainement nos 5 sens de base, ceux qui nous permettent de capter les informations de notre environnement, les transformant en influx nerveux pour être traités par le cerveau. Grâce à ces informations, nous sommes capables d’adapter notre comportement aux situations.
Mais voici une information que vous n’aviez peut-être pas : et s’il n’y avait pas 5, mais 9 sens ? En effet, la communauté scientifique a mis en évidence d’autres sens qui nous permettent d’appréhender le monde extérieur via notre état interne.
- La proprioception
Appelée aussi kinesthésie, la proprioception est la capacité à percevoir la position de notre corps dans l’espace. En deux mots, où se trouvent nos bras, nos jambes, quelle est notre stature.
- La nociception
La nociception concerne la capacité à ressentir la douleur, lorsque l’organisme est agressé par un choc ou bien une maladie. Les capteurs de la douleur sont présents dans tout le corps et ont pour mission de prévenir le corps du danger.
- La thermoception
La thermoception est le sens qui permet de percevoir les différences de température, lorsque vous approchez d’une source de chaleur, par exemple. Ce sont les capteurs de votre peau qui vous avertissent alors.
- L’équilibrioception
Comme son nom l’indique, ce sens est celui de l’équilibre. Intimement lié à la proprioception, ce sens est aussi qualifié de « sens vestibulaire », en lien avec les structures impliquées dans l’oreille interne.
Trop sensible ou pas assez ?
Traditionnellement, on parle d’hypersensibilité et d’hyposensibilité. Mais il y a quand même des nuances. En effet, les seuils de sensibilité varient en fonction de l’environnement ou encore de l’état de fatigue ou de stress. Ainsi, une même personne peut être à la fois « trop sensible » et « pas assez ».
L’hypersensibilité
Dans le langage courant, le terme d’hypersensibilité est souvent galvaudé. Ici, nous parlons de personnes qui vont surréagir face aux bruits trop forts, aux lumières trop vives ou encore aux aliments avec un goût ou une texture particulière.
Les personnes hypersensibles vont donc chercher à éviter ces stimuli désagréables en se bouchant les oreilles, en fermant les yeux ou en adoptant un mode d’alimentation restrictif.
L’hypersensibilité tactile touche les personnes qui ne supportent pas certaines textures, certains tissus. Typiquement, les textures semi-lisses, les étiquettes des vêtements ou des chaussettes qui bouchonnent.
Les hypersensibles visuels ressentent un inconfort intense face aux lumières, aux motifs, à certaines couleurs.
L’hypersensibilité statique empêche certaines personnes de pratiquer des activités sans contact avec le sol, provoque des sensations de vertige ou de mal de transport.
L’hypersensibilité auditive, c’est le fait d’être mis en difficulté par les bruits de moteurs, le brouhaha, les bruits forts et soudains.
Généralement, les personnes hypersensibles choisissent la fuite, le repli pour se protéger des stimuli douloureux. Mais on peut aussi observer des explosions de colère, de panique ou même un comportement presque apathique. Trop submergée par les informations du cerveau, la personne se sent comme « vidée », comme si l’organisme se protégeait en « cessant » de fonctionner.
On imagine donc les difficultés que peuvent causer les troubles du traitement sensoriel dans les activités de la vie quotidienne.
L’hyposensibilité
A contrario, l’hyposensibilité fait référence à un manque ou à une faiblesse de l’influx nerveux en réponse à un stimulus. Les personnes concernées vont donc, contrairement aux profils hypersensibles, rechercher les situations qui produisent des stimuli.
Odeurs, lumières, bruits, sollicitation musculaire : les personnes vont aller au-devant des situations sensoriellement stimulantes, parfois jusqu’à se mettre en situation dangereuse.
Les signes d’une dysfonction du traitement sensoriel
Dans la vie quotidienne, les situations de stimulations sensorielles sont permanentes, on peut donc observer aisément les manifestations d’un potentiel trouble. Par exemple, si on repère que la personne :
- Se bouche souvent les oreilles.
- A un besoin excessif de contact physique.
- Se balance en permanence.
- A des préférences alimentaires très précises.
- Se montre nauséeuse en présence de certaines odeurs/certaines textures en bouche.
- N’aime pas les câlins, donner la main, ou qu’on lui touche les cheveux.
- Est « maladroite », se cogne souvent, trébuche.
- Dit avoir mal à la tête, mal aux yeux, mal au ventre sans raison évidente.
- Produit un bruit blanc avec sa propre voix (pour couvrir les bruits externes qui l’indisposent).
- A toujours trop froid ou trop chaud.
- Présente des difficultés de coordination motrice.
- Mâchouille ses vêtements, ses stylos.
- Refuse de porter certains vêtements ou exige que les étiquettes soient bien coupées.
En cas de soupçon d’une dysfonction du traitement sensoriel, il faut d’abord exclure d’autres causes explicatives. Ainsi, un médecin généraliste saura repérer si un problème ophtalmologique ou encore dentaire est à la source des difficultés sensorielles.
Ensuite, pour aller plus loin dans le diagnostic, une consultation auprès d’un ergothérapeute ou d’une orthophoniste formés au traitement sensoriel va permettre une évaluation détaillée du trouble.
Le but ? Établir le profil précis du fonctionnement sensoriel : historique des symptômes, gestion du trouble, nature des stimuli déclencheurs, répercussions sur la qualité de vie globale.
Comment prendre en charge le traitement sensoriel ?
Une prise en charge thérapeutique basée sur la gestion des stimuli permet aux personnes d’avoir une vraie connaissance de leurs troubles et de retrouver une qualité de vie satisfaisante. Vous pouvez également :
- Aménager l’environnement des personnes
Pour aider les personnes à gérer les particularités sensorielles, certains ajustements sont efficaces. Le but étant de les protéger ou de leur permettre de se préserver des stimulations problématiques.
Par exemple : autoriser la personne à s’asseoir à l’écart ou à porter un casque anti-bruit, autoriser certains modes alimentaires ou l’autostimulation via un chewing-gum, une balle antistress, un fidget.
- Pratiquer des activités stimulantes… mais pas trop !
Selon l’intensité des troubles, une exposition progressive aux stimuli problématiques peut être bénéfique. Cela provoque une sorte d’habituation et d’adaptation de l’organisme. Ainsi, le trampoline, les planches d’équilibre, l’utilisation de coussins sensoriels ou l’apprentissage de techniques de relaxation peuvent être une bonne idée.
- Connaître sa dysfonction sensorielle pour s’autoréguler
Le trouble du traitement sensoriel est structurel, mais un patient qui connaît son trouble devient le meilleur expert de son profil particulier. Ainsi, avec l’aide d’un professionnel, il est important que la personne découvre ses spécificités sensorielles pour mettre en place les stratégies adéquates de façon autonome, dans sa vie quotidienne : évitement raisonné ou utilisation d’objets apaisants, par exemple.
- Démarrer un programme d’entraînement multisensoriel
Soundsory est un outil qui permet de travailler les systèmes sensoriels. Il s’agit d’un programme de 40 jours basé sur des écoutes de musiques rythmiques et sur des exercices corporels.
Grâce à un filtre dynamique breveté, les systèmes dédiés à l’audition et à l’équilibre sont stimulés d’un point de vue neuronal. Et d’un autre côté, les exercices moteurs vont travailler, entre autres, le jugement spatial, la proprioception, la posture, le tonus musculaire.
À la clé : une meilleure perception du corps dans l’espace et un système vestibulaire plus compétent !
Sources et Ressources
Les troubles du traitement sensoriel (cheo.on.ca)
On nous a menti : il n’y a pas 5, mais 9 sens chez l’humain – Ça m’intéresse (caminteresse.fr)