L’attention, la concentration d’un enfant : voilà des sujets qui préoccupent souvent les parents d’enfant en âge scolaire. En effet, pour faire des apprentissages, il faut pouvoir se concentrer. Souvent, c’est l’enseignant qui tire la sonnette d’alarme en décrivant un enfant impulsif, agité en classe, en difficulté relationnelle avec les autres élèves. On retrouve d’ailleurs ces traits à la maison et dans les activités de loisirs. Le TDAH n’est pas un nouveau concept, puisqu’il est décrit dans la littérature scientifique depuis le 18ᵉ siècle…S’il convient de repérer un TDAH pour éviter que ses conséquences n’affectent la vie quotidienne des enfants, il est également nécessaire d’affirmer qu’il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental caractérisé. Difficulté d’attention ne signifie pas forcément qu’on est en présence d’un TDAH. Voyons donc ensemble ce qu’est le trouble d’attention avec ou sans hyperactivité !

Définition du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité

C’est dans le DSM-IV (Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux), édité en 1994, que l’appellation TDAH est apparue, traduire de l’anglais ADHD.

Il est décrit comme un trouble neurodéveloppemental, autrement dit une perturbation du processus du développement de l’enfant au niveau cognitif, affectif, etc. 

Le TDAH touche presque 6 % des enfants en âge scolaire (soit en moyenne 2 par classe), avec une prévalence de 3 garçons pour une fille. Cependant, ce chiffre demande à être nuancé. On sait maintenant que les filles sont sous-diagnostiquées, car plus souvent porteuses de la forme « inattentive » du TDAH, qu’elles ont tendance à compenser.

Le TDAH : un trouble en 3 dimensions

En 2015, le DSM-V décrit un trouble qui se déploie dans 3 dimensions, observables cliniquement : 

  • Inattention 

Il s’agit typiquement de la difficulté à se concentrer, à ne pas se laisser distraire par les bruits environnants, de pouvoir maintenir son attention sur une longue durée.

  • Impulsivité

Cela peut concerner une impulsivité physique (geste ou action « parasites » impossibles à différer ou cognitive (les émotions sont exprimées sans filtres, le tour de rôle dans la parole n’est pas respecté). 

  • Hyperactivité

Vous savez, ces enfants que l’on décrit comme « turbulents », qui « ne restent pas en place » ? Mais l’hyperactivité peut aussi se traduire par le fait de faire du bruit ou de parler beaucoup.

Le TDAH est donc défini par la combinaison de ces 3 dimensions, dans des proportions qui varient d’un individu à l’autre.

Les causes d’un TDAH

On ne connaît pas les origines exactes d’un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité. 

Par contre, ce que l’on sait, c’est qu’un TDAH n’est pas causé par : 

  • Un modèle particulier d’éducation familiale.
  • Une pédagogie scolaire spécifique.
  • Un manque de volonté de la part de l’enfant.

Dans la littérature médicale, on retrouve une notion héréditaire (plusieurs TDAH dans une même famille) et il semblerait que des accidents néonataux aient également une incidence (hypoxie, environnement tabagique).

L’imagerie médicale a permis de mettre en évidence un fonctionnement particulier des aires cérébrales.

Enfant TDAH et orthophonie

Les troubles associés au TDAH

On observe très souvent la présence de troubles associés chez les personnes atteintes d’un TDAH (dans 2 cas sur 3). Ces troubles peuvent être : 

  • Des troubles anxieux.
  • Des troubles du sommeil.
  • Des troubles des apprentissages (troubles dys, notamment).
  • Un trouble du spectre de l’autisme.
  • Un trouble de l’opposition avec provocation.
  • Un abus de substances toxiques à partir de l’adolescence.

On comprend donc l’importance de pouvoir diagnostiquer un TDAH le plus tôt possible, pour préciser la nature des troubles qu’on observe chez un enfant et y apporter les remédiations appropriées. 

Diagnostiquer un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité

Si on se réfère au DSM-V dont nous avons parlé un peu plus haut, il y a un certain nombre de cases à cocher pour pouvoir évoquer un diagnostic de TDAH chez un enfant : 

  1. Les symptômes observés doivent évoquer un décalage avec ce qui est normalement attendu à l’âge de l’enfant. 
  2. Les manifestations doivent durer plus de 6 mois et être apparues dans la vie de l’enfant avant l’âge de 12 ans.
  3. Les troubles doivent affecter de façon similaire plusieurs espaces de vie de l’enfant (école/famille/loisirs/clubs).
  4. Il doit y avoir une combinaison de symptômes relevant de la dimension « Inattention » + des dimensions « Hyperactivité/Impulsivité ».

Selon ce dernier point, le médecin parlera de forme mixte (Inattention + Hyperactivité/Impulsivité), de forme inattentive (critères « Inattention » plus nombreux) ou de forme hyperactive/impulsive (prédominance des critères de cette catégorie). Chez un enfant sur 5, les 3 dimensions sont associées. 

Les professionnels médicaux compétents pour poser un diagnostic de TDAH sont les pédiatres, les pédopsychiatres et les neurologues, s’appuyant sur un éventail de bilans psychologiques, neuropsychologiques, psychomoteurs et orthophoniques.

À noter : le critère de durabilité des troubles est important à prendre en compte. En effet, l’agitation peut être une manifestation temporaire chez un enfant avec un neurodéveloppement standard, par exemple s’il est soumis à une période de stress (conflits familiaux, fatigue) ou à des problèmes fonctionnels (baisse de l’audition ou de la vision). Pour autant, il ne sera pas forcément porteur d’un TDAH ! 

Des enfants turbulents ?

Dans l’imaginaire collectif, les enfants porteurs de TDAH sont turbulents, agités et bruyants. Voyons ensemble en détail à quoi peut ressembler le comportement d’un enfant avec un trouble de l’attention.

Concrètement, on repère :

  • Des décrochages attentionnels (l’enfant ne semble « plus là »).
  • Une grande distractibilité par les bruits ou les mouvements environnants.
  • Un besoin d’entendre plusieurs fois les consignes.
  • De nombreuses pertes de vêtements, de matériel scolaire.
  • Un besoin de triturer sans cesse un bouton, un stylo, une gomme.
  • Une agitation dans le sommeil.
  • Des repas très écourtés.
  • Une incapacité à planifier, à prévoir les événements, les devoirs…
  • Une façon de répondre aux questions avant qu’elle n’ait fini d’être posée.
  • Une attitude « dans la lune », avec beaucoup de fautes d’étourderie.
  • Une motivation aléatoire selon les tâches proposées. 
  • Des activités sans cesse interrompues, jamais finies.
  • Une difficulté à rester longtemps dans une unique position.

Il s’agit donc d’observer l’enfant dans tous ses lieux de vie et d’être également attentifs aux symptômes « silencieux »

La prise en charge orthophonique des enfants porteurs d’un trouble de l’attention

La prise en charge d’un TDAH est pluridisciplinaire, parce que les symptômes et les fonctionnements cérébraux des enfants sont variés. 

Ainsi, la prise en charge peut combiner : 

  • Une TCC (thérapie comportementale et cognitive).
  • Des groupes d’accompagnement parental.
  • Un traitement médicamenteux.
  • Une rééducation en orthophonie, psychomotricité, neuropsychologie ou ergothérapie.
  • Un accompagnement psychologique. 

En orthophonie, la prise en charge va s’axer sur l’accompagnement des troubles des apprentissages. Il faut savoir que dans la population porteuse de TDAH, on retrouve 25 % d’enfants dyslexiques, contre 6 % dans la population hors TDAH.

Il est donc important de procéder à une évaluation orthophonique du langage oral et du langage écrit, en priorité pour prévenir le décrochage et l’échec scolaire. On travaillera également la flexibilité mentale, la mémoire, l’organisation visuo-spatiale, selon le profil de l’enfant.

Fille et trouble de l'attention

Conseils aux parents d’enfants TDAH

Pour éviter le décrochage scolaire, il est nécessaire d’associer l’école à une réflexion sur les aménagements à mettre en place à l’école. En effet, les distractions sont nombreuses en classe. Alors, comment éviter une trop grande distractibilité à l’école ?

  1. Formuler des consignes courtes et s’assurer que l’enfant a compris en le faisant reformuler. Au besoin, fournir une consigne visuelle.
  2. Sur le plan de classe, placer l’enfant au premier rang, à côté d’un enfant calme et suffisamment à l’aise pour lui venir en aide, si besoin.
  3. Scinder une grande tâche en plusieurs mini-tâches pour que l’enfant enchaîne les « petites victoires », particulièrement lors des devoirs du soir. 10 minutes de travail attentif sont meilleures qu’une heure improductive et douloureuse ! 
  4. Donner les devoirs « à coller dans l’agenda » plutôt que de se fier à la prise de notes de l’enfant.
  5. Utiliser un timer pour que l’enfant visualise la période de temps où il doit se concentrer et anticipe l’activité suivante.
  6. Préparer une to do list visuelle, pour que l’enfant gère sa progression dans les activités en autonomie.

Prendre soin de ses émotions

Par ailleurs, un enfant impulsif ne cerne pas forcément bien l’impact de ses paroles intempestives ou de ses émotions mal gérées. Ainsi, il peut être intéressant de rappeler régulièrement les règles de vie, de l’aider à se mettre à la place des autres. N’hésitez pas non plus à pointer, à encourager et à récompenser les « bons » comportements. Il existe par exemple de nombreux livres évoquant la gestion des émotions. 

Rassurez votre enfant, assurez-le de votre confiance et de votre soutien. Il n’est coupable de rien et, si l’entourage s’exaspère de ses comportements impulsifs, lui aussi en souffre ! Ainsi, il doit être acteur de sa prise en charge et apprendre à connaître son TDAH.

Nuancer l’usage des écrans

Les enfants TDAH aiment particulièrement les écrans, parce qu’ils fournissent des stimuli puissants et continus, avec une gratification immédiate. Néanmoins, veillez à fixer un cadre, quitte à passer un contrat avec votre enfant. En effet, une consommation excessive va sensiblement majorer le trouble de l’attention.

Valoriser ses capacités

Parce qu’une grande partie de la vie d’un enfant se passe à l’école, un élève en difficulté scolaire peut nourrir une faible estime de lui-même. Aussi, n’hésitez pas à aider votre enfant à investir des sports, des loisirs qui l’intéressent. Il va ainsi cultiver dans ces espaces sa confiance en lui et constater qu’il est capable d’être compétent !

En conclusion, sachez que le TDAH est un trouble qui évolue toute la vie. Ainsi, les manifestations diminuent, augmentent ou se stabilisent selon les prises en charge et les périodes de la vie. Il est important que votre enfant apprenne à reconnaître et à gérer ses symptômes, comme il est important qu’il puisse découvrir ce qui les apaise. Aménagements scolaires, thérapies, traitement médicamenteux, repos, méditation ou sport sont autant de leviers de gestion d’un TDAH. Il est bon que l’enfant puisse avoir tous ces outils à disposition pour gérer au mieux ses symptômes dans sa vie quotidienne. 

Sources et Ressources