Le langage se développe de façon très différente, d’un enfant à l’autre. Certains parlent comme des livres à 3 ans, d’autres ont beaucoup tardé à gazouiller quand ils étaient bébés, par exemple. Cet autre enfant « comprend tout, mais ne dit rien ». C’est un fait, certains enfants parlent tôt et d’autres ont besoin de plus de temps. S’il faut respecter le rythme de chacun, il est néanmoins utile de connaître les grandes étapes du développement du langage, pour ne pas laisser un trouble s’installer. En tant que parent, vous êtes le partenaire de communication privilégié de votre enfant. Vous pouvez mettre en place des situations qui vont stimuler l’apparition du langage. Alors, comment se développe le langage d’un enfant et comment l’aider à apprendre à parler ? Voici ce qu’il faut savoir.
Les grandes étapes du développement du langage
Il existe de nombreuses variations dans la façon dont un enfant apprend à parler. On peut cependant décrire des grandes étapes, comme pour la motricité ou l’alimentation, par exemple.
Vers 6 mois : on gazouille !
Si on n’observe évidemment pas encore de langage formel, on peut constater que le bébé a déjà mis en place une communication avec son entourage. Elle est basée sur les mimiques, les petits cris, l’intensité du regard et les intonations.
Il prête attention aux actions des autres, s’intéresse aux nouveaux bruits, fait des sourires en réponse aux visages connus. Il adore quand on l’imite, il écoute les comptines avec intérêt.
Entre 6 et 12 mois : on fait du lien !
À ce stade, votre enfant commence à relier les objets de son quotidien avec leur forme verbale. Il adore les routines (le repas, le soir, la crèche). Non seulement elles lui permettent de se sentir sécurisé par un environnement stable, mais elles stimulent aussi ses capacités de mémorisation par des situations répétitives.
Il peut reproduire vos intonations, imiter votre discours. Il découvre ses compétences vocales via les cris des animaux, par exemple. On voit aussi apparaître du babillage : « tatatatata, mamamama… » et les premières formes verbales associées à un objet précis. Finalement, votre enfant commence à nommer les choses, à sa façon !
Entre 12 et 18 mois : les mots apparaissent
C’est la période où la compréhension se développe avec plus de précision, vous pouvez désormais lui donner des consignes simples, du type : « Va chercher tes chaussures, donne-moi le ballon ».
Les mots qui sont utilisés avec plaisir sont le oui/non et aussi : « papa, maman, voiture, encore, doudou ». Il vous imite et essaie d’utiliser les mots à bon escient, en répétant après vous. Les mots sont parfois réduits à une syllabe, par exemple « to » pour « gâteau ».
Il apprécie particulièrement la lecture d’imagiers, il pointe pour vous demander de nommer les images. Vous êtes son modèle, il écoute attentivement votre langage et vos intonations pour les imiter.
Entre 18 mois et 2 ans : les mots se combinent
C’est maintenant que votre enfant va combiner les mots autrefois isolés pour en faire des prémisses de phrases. Il dit par exemple : « Papa travail ? Bébé tombé ! Veux plus ! ». Il se désigne par son prénom ou par « moi » : il s’affirme, en somme !
Son vocabulaire s’étoffe, mais il comprend bien plus de mots qu’il ne sait en prononcer. Par ailleurs, le phonétisme s’affine, votre enfant peut tout à fait faire la différence entre deux mots proches, comme « poule » et « boule ».
Il est friand d’histoires, elles nourrissent son attention, son imaginaire et son répertoire interne. À cet âge, on voit apparaître le jeu symbolique : votre enfant joue à « faire semblant » de dormir, de manger, d’être la maman, etc.
Entre 2 et 3 ans : les mots explosent !
Votre enfant formule des phrases de plus en plus complètes, plus précises (adjectifs, couleurs, formes) et utilise désormais sans difficulté le « je ». Ce qui lui permet de s’affirmer et d’user du fameux « non ».
C’est le moment du « Pourquoi ? » : votre enfant pose des questions sur le monde qui l’entoure et il est nécessaire d’y répondre pour enrichir, non seulement son vocabulaire, mais sa pensée. D’ailleurs, vous avez le droit de répondre que vous ne savez pas !
Autour de 2 ans, on va parler d’une véritable explosion du langage. On estime qu’un enfant de 24 mois comprend environ 300 mots et en utilise 50.
À 3 ans : le langage est acquis
À 3 ans, on considère que la structure du langage oral, versant expression et compréhension, est acquise. Bien sûr, les mots nouveaux, longs ou complexes peuvent poser un problème au niveau de l’articulation, mais le concept est présent dans sa tête.
Votre enfant utilise des compléments de lieu, de cause et reprend les expressions familiales.
On considère qu’il possède désormais un lexique d’environ 500 mots.
Il est un partenaire de communication actif, il cherche à comprendre et à répéter.
Les conditions favorables pour apprendre à parler
Le langage se développe sur un terreau fertile ! Pour en faire l’acquisition, il faut qu’un certain nombre de conditions soient réunies. Si son attention est stimulée, l’enfant accède alors au plaisir d’imiter et de jouer avec son langage naissant.
Une audition opérationnelle
Pour que le langage oral se développe spontanément, le bébé doit avoir de bonnes capacités auditives. Ainsi, il entend les sons, s’entend lui-même gazouiller, puis babiller. C’est parce qu’il vous écoute qu’il va avoir envie de reproduire ce qu’il entend.
Un bon modèle
Par « bon », on entend un partenaire de communication qui va effectuer un renforcement positif face aux tentatives de langage de son enfant : féliciter, reformuler, s’amuser, dire des blagues, informer. En deux mots, pour qu’un enfant parle, il faut lui parler et s’intéresser à ce qu’il dit.
Des praxies efficaces
Pour stimuler le développement du langage chez l’enfant, il est nécessaire de coordonner les mouvements. La langue, la bouche, les cordes vocales qui s’agitent au bon moment. Les yeux qui captent l’attention et observent le modèle sur le visage de maman.
Nos conseils pour stimuler le langage de votre enfant
Comment parler à un bébé ?
Les bébés aiment naturellement communiquer. Bien sûr, au départ, cela passe par des sourires, des mimiques, des regards, des vocalises, mais c’est déjà du langage ! Très tôt, on peut adopter une posture qui va faciliter l’émergence des mots.
- Se mettre près de son bébé, en le regardant dans les yeux.
- Adopter un ton de voix doux et mélodieux.
- Introduire des signes issus de la LSF pour stimuler l’arrivée des premiers mots et faciliter sa communication, et plus généralement, faire des gestes pour accompagner sa parole. Cela permet de soutenir la compréhension de bébé.
- Fournir le modèle des bruits : ceux de la vie quotidienne, les cris des animaux.
- Faire des grimaces ensemble, non seulement pour rire, mais aussi pour développer la conscience des muscles du visage.
- S’amuser à faire des bulles, à souffler par la bouche, puis par le nez, car la respiration joue aussi un rôle important.
- Nommer les objets que l’enfant pointe, commenter ce qu’on est en train de faire, ce qu’on fera ensemble plus tard.
- Lire des livres (même aux nourrissons), chanter, crier, chuchoter, imiter, répéter comme un perroquet : bref, jouer avec sa voix et ses mots !
Laisser une place au silence
Il y a toute une partie de la communication qui est non verbale. Pour développer le langage, l’attention conjointe est importante. Il s’agit de la capacité à regarder ensemble un même objet, partager des commentaires sur celui-ci, bref, regarder ensemble dans la même direction !
En pratique, n’hésitez pas à pointer du doigt pour montrer des choses à votre enfant. Lorsque lui-même pointe un objet, fournissez le mot exact.
Enfin, lors de vos échanges, même lorsque votre enfant est bébé, laissez-lui le temps et l’espace pour répondre. Attendez sa réponse, en gardant le contact oculaire : il comprend que vous êtes disponible et attentif à ses productions.
C’est notamment important si votre enfant a du mal à construire sa phrase ou présente des difficultés d’élocution : laissez-lui le temps de dérouler sa pensée, sans le couper, mais en le soutenant.
Poser des questions
Questionner votre enfant est une bonne chose, parce que cela stimule non seulement l’expression, mais aussi la compréhension du langage.
Vous pouvez poser des questions :
- ouvertes, qui appellent potentiellement plusieurs réponses : « que veux-tu pour le goûter ? »
- fermées, auxquelles votre enfant va répondre par oui ou non : « veux-tu mettre ton pull rose ? »
- semi-ouvertes, où l’enfant va choisir parmi un tri que vous avez opéré en amont : « tu veux le verre bleu ou la tasse rouge ? »
Répète après moi !
Il est tentant de faire répéter un enfant qui dit « mal » un mot ou qui fait des tentatives approximatives. Et pourtant, la répétition n’est pas le moyen le plus fructueux de stimuler le langage. Souvent, cela ne fait que pointer la difficulté de l’enfant et ne lui permet pas de mémoriser.
Par exemple, face à un enfant qui dit « Tu ! », le parent pourrait très bien donner la voiture, puisqu’il a compris que c’est ce que son enfant désire. Néanmoins, il peut aussi :
- reformuler. « Ah, tu veux la voiture ? »
- exagérer sa prononciation pour que l’enfant perçoive les sons manquants, sans attendre de répétition de sa part : « elle est jolie, cette VOItuRE ! »
- enrichir la situation. « Moi, je vois une voiture bleue et une voiture rouge, laquelle tu veux ? »
Voilà quelques astuces qu’il est possible d’inclure dans vos échanges avec votre enfant. Petit à petit, elles viendront stimuler le développement de son langage.
Jouer pour apprendre à parler
Le poète Nicolas Boileau disait : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. »
C’est exactement ce qui se passe pour votre enfant, qui développe conjointement sa pensée et son langage. L’un nourrit l’autre, l’un soutient l’autre. Une des meilleures façons d’aider un enfant à développer son langage, c’est de lui proposer des situations de jeu.
Les approches de Piaget ou de Montessori s’appuient aussi sur cette hypothèse.
Voici nos idées pour optimiser simplement vos séances de jeu avec votre enfant.
- Jeu du tour de rôle, avec un ballon qu’on se fait rouler l’un vers l’autre : « À toi, à moi, attention, tu me le donnes ? Tiens ! »
- Parler de ce qui est caché, de ce qu’on ne voit pas, parce que c’est ce à quoi sert le langage. On commence par jouer soi-même à se cacher. Puis, on cache un objet qui dépasse encore un peu et on parle de sa forme, de sa couleur…
- Raconter un événement qui vient de se passer ou ce qu’on fera plus tard pour faciliter l’élaboration de l’espace/temps.
- Lire des livres ensemble est une inépuisable source de langage : on raconte, on se questionne, on pointe, on nomme, on répète, on devine, on s’amuse. Les livres ont tout bon, et ce, dès le plus jeune âge.
Voilà, vous savez (presque) tout sur le développement du langage chez l’enfant ! Il existe des pré-requis importants et des activités qui vont stimuler l’apparition des mots. Vous pouvez en prendre connaissance et les appliquer avec votre enfant. Mais notre conseil numéro 1, c’est de cultiver le plaisir de communiquer. Si votre enfant voit que vous prêtez attention à ses tentatives de langage, il se sent important et va avoir envie d’alimenter les échanges verbaux avec vous. C’est un cercle vertueux qui se met alors en place. Le développement du langage se fait par imitation et par nécessité, mais l’important est qu’il se fasse dans la bonne humeur et le partage. Pour cela, les jeux et les livres sont vos meilleurs alliés !