Apprendre à se moucher, c’est essentiel pour prendre soin de la santé de votre enfant. En effet, les plus jeunes sont soumis à de multiples maladies virales et les occasions de se moucher ne manquent pas. Et pourtant, apprendre à se moucher et plus généralement à souffler par le nez, c’est bien plus que cela. Savez-vous que favoriser le souffle nasal a des bienfaits sur le sommeil, le développement des mâchoires et des dents, mais aussi sur le niveau de stress de votre enfant ? Pour différentes raisons, c’est parfois une respiration buccale qui s’installe. Or, ce n’est pas une respiration physiologique et il est intéressant de connaître les étapes qui vont guider votre enfant vers un souffle nasal de qualité. Voici 5 astuces simples et efficaces pour apprendre à votre enfant à se moucher !

La respiration : comment ça marche ? 

Évidemment, nous avons besoin d’oxygène pour vivre. La respiration assure cet apport en oxygène via le cycle respiratoire : inspiration et expiration. Il s’agit d’un mouvement réflexe, nous n’avons pas besoin de penser à respirer. 

De façon effective, il est possible de respirer par la bouche et par le nez, ce qui est bien utile quand ce dernier est très congestionné ou pour respirer dans un tuba lors d’une plongée ! 

Il faut savoir que les nourrissons et les jeunes enfants respirent naturellement par le nez, puis un réflexe de respiration buccale peut se mettre en place progressivement. On estime qu’environ la moitié des adultes respirent par la bouche. 

Or, on sait qu’une respiration buccale installée peut provoquer : 

  • Une fatigue chronique et un état de stress.
  • Des ronflements, avec parfois des apnées du sommeil.
  • Une halitose (mauvaise haleine), une sécheresse buccale, voire des affections gingivales et dentaires. 
  • Des troubles orthodontiques.
  • Des difficultés de concentration, de mémorisation.
  • Un relâchement des muscles du visage.
  • Une déglutition atypique et des troubles d’articulation. 

Il est donc important de s’intéresser à la nature de la respiration en premier lieu, si ces symptômes sont présents chez votre enfant.

Pourquoi mon enfant respire-t-il par la bouche ? 

Il existe une grande variété de raisons pour qu’une respiration buccale s’installe durablement chez votre enfant, au détriment du souffle nasal. 

À chaque fois, la langue est en position basse dans la bouche, qui s’ouvre et prend le rôle de prise d’air. 

  • Une sucette inadaptée, utilisée de façon intensive.
  • La présence d’amygdales ou de végétations imposantes.
  • Une déviation de la cloison nasale qui limite la respiration par le nez.
  • Une langue massive, dans le cas de certaines maladies génétiques, par exemple.
  • Un contexte allergique (rhinites).

Le problème, c’est que le cercle vicieux de la respiration buccale peut s’installer rapidement et durablement. Une langue en position basse cesse de se positionner au palais (sa position physiologique). Puisqu’elle ne le touche plus, elle ne participe plus à son développement, ni à celui de la bouche, ni à celui du visage. 

Puisque les structures musculaires ne se développent pas, la langue reste basse, favorisant une respiration buccale, et ainsi de suite.

Fille qui se mouche

Favoriser le souffle nasal : les bienfaits pour la santé

La fonction première de notre nez est celle d’un filtre. Schématiquement, on peut dire qu’il « purifie » et humidifie l’air avant qu’il ne parvienne jusqu’à nos poumons. Lorsque l’air entre par la bouche, il ne passe pas par cette case « purification ». 

Respirer par le nez améliore la qualité du sommeil

Les études sur le sommeil ont démontré qu’une respiration buccale retarde l’endormissement, ne permet pas d’accéder au sommeil profond et provoque des micro-réveils. Les nuits ne sont donc pas réparatrices et cela peut avoir des conséquences, en journée, sur le tonus et la concentration de votre enfant. 

Une bonne ventilation nasale protège des virus

En effet, le nez joue le rôle de « barrière à microbes ». Lorsqu’on respire par la bouche, ce sont les amygdales qui sont en première ligne. Un enfant peut alors développer à répétition des otites, des angines…

Le lien entre respiration nasale et trouble du langage

Saviez-vous que près de 30 % des enfants avec une respiration buccale présentent un trouble de la parole ou du langage ? Sur le plan mécanique, on suppose qu’une langue basse entraîne des déformations de l’arc dentaire, et donc des troubles d’articulation. De même, les méfaits sur le sommeil pourraient être à l’origine de troubles neurocognitifs, entravant le développement de l’attention et du langage.

Favoriser le souffle nasal améliore la santé bucco dentaire

Lorsqu’un enfant respire par le nez, la croissance de ses mâchoires et de son visage s’en trouve améliorée. De plus, si la salive n’est pas asséchée par un souffle buccal constant, elle retrouve son rôle protecteur contre les caries et la mauvaise haleine, notamment. En outre, des muscles buccaux tonifiés permettent une mastication et une alimentation optimales. 

Respirer par le nez protège des troubles phonatoires

Enfin, on constate que les enfants respirateurs buccaux sont plus à même de développer des pathologies de forçage vocal. En effet, l’air aspiré est asséché et la pression augmentée autour des cordes vocales.

Qui consulter en cas de difficultés avec la respiration nasale ? 

Si vous avez des doutes sur la façon dont votre enfant respire ou si vous observez des signes de respiration buccale (nocturnes ou diurnes), n’hésitez pas à consulter un professionnel.

En premier lieu, vous pouvez consulter votre médecin traitant. Selon le contexte, il vous adressera ensuite vers un ORL ou un allergologue, une orthodontiste, un médecin du sommeil ou encore une orthophoniste. 

Celle-ci va pratiquer un bilan des fonctions oro-myo-faciales, et proposer une prise en charge de votre enfant. Le but sera d’instaurer la mise en place d’une respiration nasale et la restauration d’une déglutition non pathologique, le cas échéant. 
Pour accompagner le travail fait en séance d’orthophonie, vous pouvez, en tant que parents, mettre en place des activités ludiques qui guideront votre enfant vers l’apprentissage du souffle nasal. En effet, pour modifier des réflexes anciens et apprendre à souffler par le nez, il faut s’entraîner avec régularité. Mais, toujours dans la bonne humeur !

5 étapes pour apprendre à se moucher

Lorsqu’un bébé est malade, il est mouché de façon « passive » par ses parents : avec un mouche-bébé, une pipette ou une seringue de sérum physiologique, voire par une manœuvre de kinésithérapie (type DRP). Ces techniques sont efficaces (et permettent surtout de soulager l’enfant), mais elles ne favorisent pas la distinction entre souffle nasal et buccal.

Plus grand, face à un mouchoir, on retrouve des enfants qui soufflent par la bouche au lieu du nez ou refusent le mouchage, tout simplement. Or, lorsqu’un enfant est stimulé sur le plan du souffle nasal, il n’est pas rare qu’il parvienne à se moucher de façon autonome avant 2 ans.

1. Bien identifier le souffle buccal

Si votre enfant respire préférentiellement par la bouche, on va commencer par attirer son attention sur ce souffle-là, pour mieux s’en différencier par la suite.

  • Faites des bulles, soufflez sur des bougies, dans des ballons de baudruche ou des sifflets en tout genre.
  • Créez des parcours en soufflant sur des balles de ping pong.
  • Coloriez à l’aide de Blopens.
  • Encouragez votre enfant à souffler dans un verre avec une paille ou sur la mousse dans son bain. 
Fille qui fait des bulles

2. Prendre conscience des muscles du visage

Pour apprendre à souffler par le nez, on va avoir besoin que les muscles de la face se mettent au travail ! Or, le plus souvent, les respirateurs buccaux présentent un visage aux muscles affaissés. Il n’est pas question ici de musculation intensive, mais bien d’aider votre enfant à prendre conscience des différentes parties de son visage, d’isoler certains muscles, de faire connaissance avec de nouvelles sensations.

C’est parti pour des séances de grimaces, dans la joie et la bonne humeur ! 

À partir de 6 ans, nous vous conseillons particulièrement le jeu Grimaces ou Top Face, et le Mémo Mimique pour les plus jeunes. 

3. Expérimenter le souffle nasal

Vous avez stimulé le souffle buccal avec votre enfant, il est temps de l’aider à sentir l’air passer par son nez. 

Pour cet exercice, vous aurez besoin d’un verre d’eau et d’une paille. Demandez à votre enfant de souffler normalement dans la paille, à plusieurs reprises, sans effort particulier.

Puis, sur une de ces expirations, vous allez pincer la paille de façon à bloquer le passage de l’air. De façon réflexe, l’air à expirer va chercher une autre voie de sortie et votre enfant va souffler par le nez.

Recommencer cette petite situation régulièrement, pour que votre enfant s’habitue à l’exercice et finisse par ne plus avoir besoin de la paille pour souffler par le nez. 

4. Distinguer souffle nasal et buccal

Nous arrivons à la partie la plus compliquée, qui demandera sans doute plus de temps. En effet, distinguer et alterner les deux souffles peut s’avérer difficile. 

L’idée, c’est de prendre une bonne inspiration et d’expirer un peu par le nez, un peu par la bouche et ainsi de suite. 

Pour aider votre enfant à individualiser les 2 voies de passage, n’hésitez pas à l’aider à se boucher les narines, puis la bouche, jusqu’à ne plus avoir besoin de cette guidance physique. 

5. Renforcer et automatiser 

Nous vous encourageons à faire du travail du souffle nasal un rendez-vous récurrent, à l’heure du bain par exemple ou en jouant régulièrement au loto des odeurs. Encouragez votre enfant à sentir les effluves de la cuisine, à les reconnaître les yeux fermés. 

Enfin, disposez des mouchoirs dans votre maison et proposez-lui souvent de se moucher, même (et surtout) lorsqu’il n’est pas malade ; dans ces moments, la pression à exercer pour se moucher est moindre et il réussira mieux son geste. Montrez l’exemple, étape par étape, sans mouchoir, puis avec, une narine, puis l’autre, en maintenant doucement la bouche de votre enfant fermée, puis sans votre aide.


Apprendre à se moucher n’est pas évident pour tous les enfants. Pour différentes raisons, une respiration buccale peut s’être installée et la respiration nasale, pourtant physiologique, peine à se développer. Au-delà d’une question d’hygiène, apprendre à se moucher et à favoriser un souffle nasal va avoir un impact positif sur la santé globale de votre enfant. Une prise en charge orthophonique permet de prendre conscience de certains mécanismes et d’en apprendre de nouveaux. En tant que parent, vous avez un grand rôle à jouer au quotidien dans la phase d’automatisation. Alors, jouez, soufflez, respirez ! Vous connaissez maintenant les bonnes astuces pour aider votre enfant à se moucher ! 

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