Vous avez remarqué que votre enfant a la voix fatiguée, rauque, fréquemment enrouée ? Impressionnante à l’oreille, la dysphonie de l’enfant est une affection bénigne, mais qu’il convient de surveiller pour ne pas laisser s’installer le malmenage vocal. Le plus souvent, la dysphonie est causée par une mauvaise utilisation de la voix : trop grande tonicité corporelle, posture inadéquate, cris prolongés… En l’absence de causes médicales (allergies ou infections rhinopharyngées), il faut s’intéresser à ces microtraumatismes répétés qui finissent pas léser les cordes vocales de votre enfant. Alors, comment la voix se casse-t-elle ? Vers quels professionnels médicaux se tourner ? Voici ce que vous devez savoir sur la dysphonie infantile, et comment aider votre enfant avec sa voix cassée !
Comment la voix se casse-t-elle ?
La voix est produite par nos cordes vocales, disposées en forme de V, à l’horizontale dans le larynx. Au passage de l’air venant des poumons par la trachée, elles se rapprochent et vibrent, créant un son. Si vous posez votre main sur votre gorge et que vous répétez « lalala », vous sentirez leur vibration. Une fois produit par les cordes vocales, le son est répercuté et modifié, par les cavités nasales, entre autres.
En bon état, les cordes vocales sont lisses, de couleur neutre, à la fois fermes et souples et capables de s’accoler sur toute leur longueur. En présence d’un nodule, les bords des cordes vocales ne s’accolent pas parfaitement. On entend alors une déperdition d’air et un timbre modifié : à l’oreille, votre enfant a la voix cassée.
Parfois, les cordes vocales d’un enfant avec une voix éraillée ne présentent pas de lésions. Et parfois, si. Elles peuvent être antérieures ou conséquentes au forçage. Les lésions qu’on observe le plus souvent sur les cordes vocales d’un enfant avec la voix cassée peuvent être :
- des nodules, sortes d’épaississement de la muqueuse sur le bord des cordes vocales. Bien pris en charge lors de la rééducation orthophonique, le nodule peut disparaître.
- ou des kystes, situés à l’intérieur de la corde vocale. Le kyste ne disparaît pas spontanément, mais le travail orthophonique va permettre de redonner un confort vocal et d’éviter que la dysphonie ne s’aggrave.
Lorsqu’un enfant est en forçage vocal prolongé, c’est comme si un équilibre global était rompu. En effet, pour bien fonctionner, la voix est le résultat d’une bonne posture, d’une respiration efficace, d’une articulation précise, etc. Lorsqu’une dysphonie s’installe, c’est que l’un des maillons de cette chaîne ne fonctionne plus correctement.
Quels professionnels consulter si mon enfant a la voix rauque ?
Si la dysphonie infantile est majoritairement une affection bénigne, il convient de surveiller l’évolution de cette voix fragile. N’hésitez donc pas à prendre rendez-vous avec un professionnel pour préciser le contexte médical du forçage.
Prendre un rendez-vous avec un médecin
● ORL
L’oto-rhino-laryngologiste est le spécialiste auquel on pense directement. En effet, il saura dépister une cause organique et voir l’état des cordes vocales de votre enfant à là voix cassée. Selon le contexte, il est à même de prescrire le traitement qu’il jugera efficace, médicamenteux ou chirurgical. Souvent, une prise en charge orthophonique est indiquée avant et après l’opération lorsqu’elle est nécessaire, pour rétablir un bon le geste vocal.
● Phoniatre
Le phoniatre est le médecin spécialiste des troubles de la voix, entre autres. L’examen phoniatrique est le plus poussé au niveau des cordes vocales. Il peut même vous montrer « en direct » les cordes vocales de votre enfant ! Le phoniatre étudie tous les paramètres de la voix et effectue un entretien complet pour bien cerner les habitudes vocales de votre enfant. Le plus souvent, le phoniatre renvoie vers l’orthophoniste pour une prise en charge qui permettra de rétablir une voix fluide.
Démarrer une prise en charge orthophonique pour un enfant enroué
Durant le bilan, l’orthophoniste va essayer de se faire une idée du comportement vocal de votre enfant à l’école, à la maison et pendant ses loisirs.
N’hésitez pas à exprimer vos inquiétudes, votre gêne vis-à-vis de la voix rauque de votre enfant. En effet, parfois, l’enfant n’est pas du tout embêtée par la situation, mais l’entourage, si. Or, il va falloir obtenir l’adhésion de tout le monde pour lancer un travail thérapeutique !
Lors de ce bilan, l’orthophoniste va aussi proposer à votre enfant un certain nombre d’exercices pour analyser :
- La posture : détendue, hypertonique ?
- La respiration : nasale, buccale, diaphragmatique, fluide ou saccadée ?
- Les paramètres de la voix : grave ou aiguë, voilée ou éraillée ?
- L’articulation : débit accéléré, mots mâchés ?
- Les variations selon le type d’activité : en conversation, en lecture, à l’effort, en chantant…
Suite à ce bilan et en lien avec la réalisation d’un examen phoniatrique (pour confirmer la dysphonie fonctionnelle avec une image des cordes vocales), l’orthophoniste va vous proposer des séances de rééducation.
Durant ces séances, elle aide l’enfant à prendre conscience de ses réflexes délétères et lui enseigne de nouvelles attitudes pour protéger sa voix. Vous-même, en tant que parent, vous serez sollicité pour aider votre enfant au quotidien.
Aider mon enfant à gérer sa voix rauque
Envisager un traitement chirurgical pour traiter la voix cassée ?
Il faut savoir que l’acte chirurgical n’est que très rarement conseillé dans les cas de dysphonie infantile. Lorsque l’examen a révélé la présence de nodules, ceux-ci peuvent être sensiblement améliorés par la prise en charge orthophonique, voire même disparaître simplement en mettant en place des attitudes de préservation de la voix.
Toutefois, si un médecin préconise un geste chirurgical, il est important de travailler en pré et postopératoire avec une orthophoniste, pour mettre en place un bon fonctionnement vocal.
Repérer les moments de malmenage vocal
En tant que parent, vous pourrez, au quotidien, aider votre enfant à repérer les moments de malmenage vocal. Il sera alors attentif à ne pas forcer et à mieux gérer sa voix.
Par exemple, quand un enfant est stressé, sous pression ou manque de confiance en lui, les troubles vocaux peuvent être majorés.
Essayez de voir si votre enfant crie, mais surtout dans quels contextes :
- Lors des jeux avec ses copains ?
- À l’école, pour se faire entendre à la cantine par exemple ?
- Crie-t-il pour « se faire remarquer » et se faire une place dans un groupe ?
- L’ambiance à la maison est-elle bruyante ?
- Votre enfant dispose-t-il de suffisamment de temps de récupération entre ses activités ?
L’idée, c’est d’éviter les situations de forçage et donc de fatigue vocale. Pour autant, il n’est pas question de lui « interdire » de crier. Un enfant doit pouvoir s’exprimer, rire fort, crier, encourager ses copains au foot, chanter, lire à voix haute, etc. La rééducation orthophonique va lui permettre d’apprendre à faire tout cela sans se casser la voix ! Par ailleurs, certaines techniques douces comme la sophrologie peuvent aider votre enfant à mieux se connecter à ses ressentis corporels.
Installer de bons réflexes pour prendre soin de sa voix
Vous vous demandez comment aider votre enfant à gérer sa voix enrouée ? Voici quelques astuces que vous pouvez adopter au quotidien :
- Baisser le volume sonore à la maison. On ne s’en rend pas forcément compte, mais parfois la télé, les jeux vidéo, la cuisine, les conversations des autres enfants, tout cela crée une ambiance sonore forte et l’enfant peut être amené à hausser la voix pour se faire entendre.
- Lorsque la voix de votre enfant se casse, n’hésitez pas à lui proposer des temps calmes plus fréquents : lecture, exercices de souffle ou méditation anti-stress.
- Corrigez en douceur votre enfant lorsque vous repérez un comportement de forçage, par exemple dans sa posture lorsqu’il lit à voix haute.
- Au sein de la famille, essayons de se parler « de près » : on se déplace, on se parle en se regardant dans les yeux, on s’exprime doucement plutôt que de s’interpeller d’une pièce à l’autre. Vous êtes le meilleur exemple pour votre enfant !
- Invitez votre enfant à tousser légèrement au lieu de se gratter la gorge, à parler faiblement au lieu de chuchoter : ce sont des habitudes moins traumatiques pour ses cordes vocales.
En résumé
La dysphonie fonctionnelle chez l’enfant est une affection parfois impressionnante, mais bénigne. Pour autant, elle doit faire l’objet d’une surveillance pour ne pas engendrer un forçage vocal permanent. En effet, un enfant qui a la voix cassée va spontanément forcer encore plus fort pour se faire entendre ! En tant que parent, vous pouvez aider votre enfant en soignant son environnement sonore et en attirant son attention, avec bienveillance, sur ses mauvaises habitudes vocales. Soigner la dysphonie est un travail d’équipe, n’hésitez pas à vous rapprocher d’une orthophoniste pour vous accompagner !
À retenir :
- La dysphonie infantile est une affection bénigne, dont il faut cependant surveiller l’évolution pour éviter une aggravation.
- Un examen phoniatrique permet de visualiser les cordes vocales et d’objectiver le malmenage ou la présence de nodules.
- La prise en charge orthophonique a pour but de mettre en place un nouveau fonctionnement bénéfique, pour un meilleur confort vocal.
- Les techniques douces comme la sophrologie, la méditation et les exercices de respiration peuvent aider votre enfant à s’apaiser et à acquérir des réflexes de préservation de sa voix.