Conseils et exercices d’une sophrologue. Appliquée aux troubles des apprentissages, la sophrologie peut être un outil formidable pour améliorer le bien-être et développer les capacités de celui qui la pratique.
Cette technique est simple. Elle ne requiert pas d’aptitudes physiques particulières. Elle est accessible à tous (dès que l’enfant sait s’exprimer) et peut être pratiquée n’importe où et en toute autonomie. Bien sûr, la sophrologie n’est pas une baguette magique: elle ne soigne pas, elle ne guérit pas mais elle peut vous aider à mieux vivre vos difficultés d’apprentissage. Je pense notamment aux troubles de l’apprentissage scolaire qui peuvent être une vraie souffrance chez l’enfant. Dans cet article, je vous explique comment la sophrologie marche et je vous propose deux exercices de sophrologie à pratiquer à la maison avec votre enfant.
D’expérience de sophrologue, 2 points sont essentiels pour constater des améliorations :
- la qualité de l’accompagnement proposé. Cet accompagnement doit être construit sur mesure en fonction des besoins identifiés chez l’enfant et de l’objectif poursuivi.
- la régularité de la pratique sophrologique, c’est à dire l’entraînement. Car la sophrologie, c’est comme le sport, plus vous pratiquez, plus vous progressez vers l’atteinte de votre objectif.
Mais avant d’aller plus loin, en deux mots, qu’est-ce que la sophrologie ?
La sophrologie est une méthode psycho-corporelle inventée par un médecin, neuropsychiatre, Alfonso CAYCEDO, dans les années 1960.
C’est une technique non tactile qui passe par la respiration, le relâchement musculaire et la visualisation mentale.
Elle agit sur le corps et l’esprit et permet, dans un premier temps, de retrouver un état de bien-être et d’apaisement.
En effet, comment bien se concentrer, bien mémoriser quand on est envahi par le stress ?
Stress de ne pas y arriver, stress de ne pas aller aussi vite que les autres dans les apprentissages, stress de ne pas parvenir à rester concentré, stress de ne pas retenir…
D’un individu à un autre, ce stress peut prendre différentes formes et générer différents ressentis.
Certains peuvent ressentir de l’inquiétude, voire de la peur; d’autres, de la frustration ou du découragement; pour d’autres encore, cela peut aller jusqu’à une perte de confiance ou une baisse d’estime…
Quel que soit le ressenti négatif généré par les difficultés d’apprentissage rencontrées, dans la très grande majorité des cas, ce stress va se traduire par:
- des tensions physiques comme des maux de ventre, des maux de tête, de la fatigue ;
- des tensions mentales comme l’installation de croyances limitantes ;
- et des tensions émotionnelles comme l’anxiété et l’angoisse.
Face à ce tumulte intérieur, la sophrologie va venir aider l’enfant à retrouver un certain équilibre en faisant baisser son niveau de stress.
C’est une étape indispensable pour pouvoir ensuite travailler sur ses capacités et mieux exploiter son potentiel.
Concrètement, comment la sophrologie marche ?
En sophrologie, on apprend à contrôler sa respiration. Cette façon de respirer bien spécifique va permettre de calmer le système nerveux central de l’individu.
Ainsi, au cours des exercices qui lui sont proposés, l’enfant pratique la respiration abdominale (par le ventre), la respiration thoracique et la respiration claviculaire.
Il peut être amené à faire de courtes apnées, poumons vides ou poumons pleins, selon les exercices. A chaque fois, ces respirations sont associées à des mouvements doux du corps (des rotations des bras ou de la tête par exemple, des étirements, des sauts…) et sont effectués avec une intention particulière (se détendre, évacuer le négatif, installer le calme…) :
- L’enfant va également expérimenter des petits exercices de détente musculaire en contractant et relâchant ses muscles, notamment pour évacuer les tensions accumulées.
- Il va également se servir de sa capacité d’imagination pour visualiser mentalement une situation agréable (passée, présente, future) afin de déclencher chez lui des émotions positives.
Au fur et à mesure de la pratique, l’enfant apprend à observer ce qui se passe dans son corps ainsi qu’au niveau de ses émotions et de ses pensées.
Concrètement, le fait d’associer la respiration contrôlée avec la détente musculaire et la visualisation mentale va permettre à l’enfant de faire baisser son niveau de stress afin que ce dernier n’altère plus ses capacités.
Lors des premières séances, très souvent, l’enfant apprend à écouter ses ressentis et prend conscience de sa capacité à les faire évoluer. Il prend parfois également conscience de la force de l’esprit appelé « autosuggestion positive » et de la connexion qui existe entre le corps et l’esprit:
Si je détends mon corps, je peux me sentir plus détendu dans ma tête. Et inversement, si je calme le flot de mes pensées et que je chasse certaines pensées négatives qui tournent dans ma tête, je peux sentir mon corps se détendre à son tour.
C’est l’idée selon laquelle le relâchement corporel peut engendrer une détente intérieure et inversement.
Une fois cette première étape accomplie, le travail sophrologique peut se poursuivre, cette fois ci, dans l’objectif de développer les capacités essentielles aux apprentissages scolaires.
En fonction des besoins identifiés, pourront être ainsi stimulées certaines capacités cognitives comme la concentration ou la mémorisation.
D’autres capacités telles que la gestion de ses émotions, la confiance en soi ou l’estime pourront également être travaillées en sophrologie.
On pourra également travailler à accroitre la plasticité cérébrale grâce à des exercices bien spécifiques qui font souvent appel à la visualisation ou suggestion mentale.
Comment pratiquer la sophrologie pour lutter contre les DYS ? Exemple d’exercices à réaliser à la maison
Voici 2 exemples d’exercice de sophrologie qui peuvent être proposés dans le cadre d’un accompagnement des troubles DYS.
1) L’exercice respiratoire n°3 appelé « Pompage des épaules »
Selon le besoin de l’enfant, il peut être pratiqué, par exemple, dans l’intention d’évacuer la pression scolaire.
Position de départ: debout, les pieds parallèles entre eux, écartés de la largeur du bassin, les genoux légèrement pliés, le dos droit, les épaules relâchées, les bras le long du corps et les mains ouvertes, les yeux fermés.
Consignes: inspirez et retenez votre respiration. Restez en apnée, poumons pleins, haussez et baissez les épaules plusieurs fois. Quand vous avez besoin d’expirer, relâchez les épaules en ouvrant vos mains et en soufflant fortement par la bouche. Entre chaque enchainement, prenez quelques secondes pour observer ce qui se passe au niveau physique, mental et émotionnel en respirant tranquillement.
Pendant l’exercice, imaginez la pression scolaire comme un poids sur vos épaules représenté par de la neige un peu trop lourde qui se serait accumulée sur vos épaules. Ainsi à chaque fois que vous haussez et baissez vos épaules, vous faites glisser cette neige le long de vos bras et vous vous allégez de ce poids.
2) L’exercice des « Rotations axiales »
Cet exercice peut, par exemple, être pratiqué dans l’intention de ressentir la confiance en soi.
Position de départ: debout, les pieds parallèles entre eux, écartés de la largeur du bassin, les genoux légèrement pliés, le dos droit, les épaules relâchées, les bras le long du corps et les mains ouvertes, les yeux fermés.
Consignes: gainez le bas du corps en inspirant par le nez. Retenez votre respiration. Effectuez des rotations du bassin en laissant les bras et la tête suivre le mouvement avec souplesse pendant quelques secondes. Quand vous avez besoin de reprendre de l’air, stoppez les rotations et reprenez la position initiale en soufflant par la bouche. Répétez plusieurs fois cet enchainement en prenant plusieurs secondes de pause entre chaque enchainement pour vous mettre à l’écoute de vos sensations.
Pendant cet exercice, imaginez que par le mouvement de vos bras, vous balayez vos peurs (peurs de l’échec, de ne pas être à la hauteur, de ne pas y arriver, peur du regard des autres…). Puis, imaginez que vos bras dessinent un cercle qui devient une bulle et que cette bulle est remplie de confiance. Vous vous trouvez maintenant au cœur d’une bulle de confiance et vous pouvez vous imprégner de toute cette confiance qui vous entoure.
Ces exercices sont des exemples que vous pouvez faire à la maison avec votre enfant. Gardez à l’esprit que, dans tout accompagnement sophrologique, le thérapeute choisit et priorise les exercices en fonction des besoins (immédiats ou non) de l’enfant et de l’objectif poursuivi. Pour animer les exercices, le sophrologue se sert tant des ressources propres à l’enfant (et qu’il découvre lors du 1er RDV) que des ressources universelles.
Un dialogue de qualité entre le sophrologue et l’enfant qui fait face à un trouble DYS est donc un prérequis pour un accompagnement réussi. D’expérience, des améliorations peuvent être ressenties au bout de quelques séances si l’enfant adhère et pratique régulièrement.
Crédits illustration : Mélissa Rivet-Deweer