La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture, parfois corrélé avec une dysorthographie à l’écrit. Elle touche 700 millions de personnes à travers le monde et se caractérise par des difficultés à acquérir et à maîtriser la lecture, malgré une intelligence dite normale et un accès à l’instruction régulier. Ce trouble durable peut avoir des répercussions significatives sur la vie scolaire et professionnelle des individus concernés, sans oublier des répercussions psychoaffectives dues à une perte de confiance en soi. Par ailleurs, elle peut coexister avec d’autres troubles dys (dyspraxie, dyscalculie) ou même un TDAH. Dans cet article, nous allons revenir ensemble sur les spécificités de ce trouble neurodéveloppemental et sur les solutions à disposition des patients. Vous verrez qu’il existe un panel d’actions thérapeutiques pour aider les personnes dyslexiques à surmonter leurs troubles. Enfin, nous répondrons à la question ultime : la dyslexie peut-elle disparaître ?
La dyslexie : une « maladie » mystérieuse
Savez-vous que la dyslexie est l’un des troubles spécifiques de l’apprentissage les plus courants ? En effet, on estime qu’elle affecte entre 5 à 10 % de la population mondiale, avec quelques variations, selon les études et les critères diagnostiques utilisés.
Aux États-Unis, par exemple, environ 5 à 15 % des enfants en âge scolaire sont touchés par la dyslexie, contre 6 et 8 % des petits Français, ce qui représente environ un élève par classe.
Par ailleurs, la dyslexie touche tous les groupes socioculturels, sans distinction de sexe. Cependant, certaines études suggèrent que les garçons sont diagnostiqués plus fréquemment que les filles, avec un ratio d’environ 3 pour 1. Cela pourrait être dû à des différences dans la manifestation des symptômes, plus « bruyants » chez les garçons ou à des biais dans les méthodes de diagnostic.
Les différents troubles spécifiques de la lecture
Les recherches dressent un panorama de 3 grands types de dyslexie, qui peuvent s’interpénétrer. C’est l’évaluation conduite par des professionnels de santé qui va permettre d’identifier le type de dyslexie et d’élaborer des stratégies d’intervention adaptées. Par ailleurs, il existe bien évidemment des variations dans la nature et le degré des symptômes.
Dyslexie phonologique ou dysphonétique
Dans ce type de dyslexie, on observe des difficultés à découper les mots en sons, ce qui rend difficile la lecture des mots inconnus ou des non-mots. Les personnes atteintes de dyslexie phonologique ont typiquement du mal à associer les lettres aux sons correspondants. C’est ce que l’on nomme la correspondance graphème-phonème.
Dyslexie de surface ou dyseidétique
Ici, les personnes ont des difficultés à reconnaître les mots dans leur forme visuelle. Cela entraîne des problèmes avec les mots irréguliers qui ne suivent pas les règles phonétiques habituelles, comme yacht ou oignon. Il existe aussi une difficulté à mémoriser l’orthographe des mots et à les reconnaître rapidement, ce qui affecte la construction d’un stock lexical interne. Ici, la lecture est hachée et le lecteur va avoir tendance à lire « phonétiquement », même lorsque ce n’est pas adapté.
Dyslexie mixte ou dyslexie combinée
Comme son nom l’indique, ce type de dyslexie combine des difficultés phonologiques et de surface. Concrètement, cela entraîne des problèmes à la fois avec la décomposition des mots en sons et avec la reconnaissance visuelle, globale, des mots. De fait, les achoppements en lecture sont généralisés, sur les mots réguliers et irréguliers.
La dyslexie peut-elle disparaître ?
Avant de chercher des pistes thérapeutiques pour la dyslexie, il peut être intéressant de se demander si elle est considérée comme une maladie. Le cas échant, un traitement ciblé, un médicament spécifique pourrait la soigner ?
La réalité est plus nuancée. La dyslexie n’est pas une maladie, c’est un trouble spécifique de l’apprentissage, issu du neurodéveloppement.
En effet, on sait maintenant que la dyslexie est liée à des différences dans le fonctionnement et la structure du cerveau. Ce sont bien ces différences qui affectent la manière dont le cerveau traite le langage écrit. En outre, les personnes dyslexiques ont des capacités intellectuelles normales, voire supérieures à la moyenne. Elles peuvent tout à fait exceller dans d’autres domaines, tels que les mathématiques, les arts, la musique ou les sports, pour lesquels les compétences linguistiques ne sont pas aussi centrales.
Contrairement à une maladie, qui peut être causée par des agents pathogènes ou des déséquilibres biologiques, la dyslexie est une condition permanente. Autrement dit, on naît dyslexique, on ne le devient pas. Certes, la dyslexie est souvent (et heureusement) diagnostiquée de façon plus ou moins précoce chez les enfants, mais elle évolue et persiste généralement à l’âge adulte.
La dyslexie est donc un trouble de l’apprentissage d’origine neurologique qui affecte spécifiquement les compétences en lecture. Elle n’est pas une maladie, mais une différence cognitive qui nécessite des approches éducatives et thérapeutiques adaptées.
Comment soigner la dyslexie ?
Nous l’avons dit, il n’existe pas de « remède » à proprement parler pour guérir de la dyslexie. La prise en charge d’une dyslexie est pluridisciplinaire et nécessite souvent la coordination de plusieurs outils thérapeutiques. Le but de ces thérapies est multiple :
- Permettre aux patients de connaître leur trouble pour favoriser une éducation thérapeutique.
- Entraîner les capacités cognitives déficitaires et compensatoires.
- Adopter des technologies d’assistance, dans la sphère scolaire ou professionnelle et solliciter des aménagements, par exemple, lors des examens.
Efficacité des interventions
Il faut savoir que la précocité et la régularité des interventions sont des facteurs clés dans le succès d’une thérapeutique. Ainsi, des études montrent que les programmes d’entraînements cognitif intensifs (notamment en matière de phonologie) peuvent améliorer significativement les compétences de lecture des enfants dyslexiques.
La régularité, c’est notamment une composante essentielle du programme d’entraînement cérébral Forbrain, pour lequel une session de 20 minutes par jour est préconisée. Lors de ces 20 minutes quotidiennes, le patient va exploiter la boucle phonatoire pour travailler la parole, le rythme de la voix et booster les compétences d’apprentissage, versants mnésique et visuel. Avec, à la clé, une amélioration de la fluidité en lecture.
Prise en charge de la dyslexie
Pour optimiser les chances d’évolution positive, il est important de se doter d’un panel d’outils adaptés au type de dyslexie et aux besoins des patients. Dans la majorité des cas, le pivot de cette prise en charge est l’orthophoniste qui pose le diagnostic et déploie des recommandations quant aux objectifs thérapeutiques.
Mais le traitement nécessite souvent l’intervention d’autres professionnels de santé, pour une prise en charge pluridisciplinaire.
Interventions thérapeutiques spécialisées
La prise en charge en orthophonie permet de développer les domaines déficitaires et de stimuler ceux qui sont en émergence. Reconnaissance des mots, habiletés métalinguistiques, compréhension en lecture ou encore capacités mnésiques : ce sont les conclusions du bilan orthophonique qui vont fixer les axes thérapeutiques. EBP, Tomatis ou méthode Borel-Maisonny : chaque orthophoniste a ses outils de prédilection.
L’ergothérapeute va, quant à lui, apporter des conseils sur l’usage des technologies de type ordinateur, clavier adapté, ou encore stylo de lecture. Lorsqu’il y a une dysgraphie associée, il peut travailler sur la coordination œil/main en proposant des exercices de graphisme ludiques et fonctionnels.
En séance de psychomotricité, on va stimuler la représentation du schéma corporel, la sphère visuo-attentionnelle et le repérage dans l’espace.
La rééducation orthoptique est également utile pour corriger la motricité de l’œil, la qualité de la poursuite oculaire ou de l’empan visuel.
Enfin, un suivi par un psychologue, un neuropsychologue ou un pédopsychiatre peut être indiqué pour prendre en charge les éventuels troubles psycho-affectifs conséquents à ceux du langage écrit.
Aides technologiques
L’un des objectifs de l’accompagnement des personnes dyslexiques, c’est aussi de mettre en place les aides adéquates pour contourner, compenser les difficultés.
Avec l’orthophoniste ou l’ergothérapeute, l’enjeu est d’investir des logiciels de lecture et de dictée. Il est possible de combiner l’utilisation de lecteurs d’écran, d’applications de conversion de texte en parole ou encore de logiciels de reconnaissance vocale. Le but ? Rendre possible l’accès au sens des textes et plus globalement aux apprentissages en évitant la fatigue cognitive.
D’ailleurs, en termes d’entraînement cognitif, il existe aussi des aides technologiques innovantes et facilitatrices, par exemple la technologie logée dans le casque Forbrain. Par un travail quotidien sur les sons de langue, ce programme va stimuler la conscience phonologique, l’attention et les capacités mnésiques.
Adaptations scolaires
Dans la sphère scolaire, universitaire et même professionnelle, les personnes dyslexiques peuvent bénéficier d’aménagements pour leur permettre d’exprimer leur plein potentiel, en particulier lors des examens ou des entretiens.
Par exemple, un temps supplémentaire, l’utilisation de supports audio, la possibilité de passer certains examens à l’oral ou de bénéficier d’un lecteur/secrétaire. Cela fait pleinement partie du traitement des dyslexies, pour que le trouble spécifique de la lecture ne vienne pas entraver la qualité de vie globale des personnes.
À noter : Chaque personne dyslexique est unique. Ce qui fonctionne pour certains peut ne pas être efficace pour d’autres. D’où la nécessité d’une évaluation individuelle et approfondie par l’orthophoniste, notamment pour élaborer un plan d’intervention adapté.
Par ailleurs, des thérapies alternatives peuvent tout à fait trouver leur place dans le plan de traitement de la dyslexie, tant que cela montre des bénéfices et n’empêche pas le déploiement d’une prise en charge concertée.
3 conseils pour aider à soigner une dyslexie
- Soyez bienveillant
Le soutien affectif et les possibilités d’accomplissement dans des activités qui n’impliquent pas la lecture sont importants pour les enfants et les adultes dyslexiques. De plus, les difficultés d’apprentissage de la lecture peuvent affecter l’estime de soi. Assurez-vous donc d’exprimer votre soutien à la personne dyslexique, en l’encourageant à exprimer ses talents, qu’ils soient créatifs, sportifs ou émotionnels.
- Aménagez l’environnement
Si vous êtes parent d’un enfant dyslexique, n’hésitez pas à prendre des mesures pour faciliter le quotidien. Aménagez un espace de travail clair et calme, définissez à l’avance un temps de devoirs, grâce à un timer visuel. Assurez-vous également que votre enfant se repose suffisamment et a aussi le temps de jouer seul, de rêver, sans temps d’écran excessif.
Assurez-vous aussi que les aménagements facilitateurs sont mis en place à l’école ou sur votre lieu professionnel. Il ne s’agit pas d’un luxe, mais d’une nécessité pour contourner le handicap que représente la dyslexie dans certaines sphères.
- Rejoignez un groupe de soutien
Les difficultés quotidiennes, les différentes prises en charge, l’inquiétude pour l’avenir : en tant qu’accompagnant d’une personne dyslexique, vous avez aussi besoin de soutien. Les groupes de parole peuvent fournir non seulement des informations logistiques bien utiles, mais aussi un véritable soutien émotionnel. La Fédération Française des Dys recense les événements de ce genre, vous trouverez sûrement votre bonheur au sein d’une antenne locale.
Alors, peut-on soigner la dyslexie ? Non, pas au sens où l’on soignerait une maladie. Nous l’avons vu, il s’agit d’un trouble complexe et persistant. La personne dyslexique doit apprendre à connaître, à gérer et à contourner ses difficultés tout au long de sa vie. Les accompagnements thérapeutiques, les interventions pédagogiques et les différents outils technologiques sont ainsi des outils puissants pour surmonter les difficultés et poursuivre une vie scolaire/professionnelle harmonieuse. Il est donc essentiel que les parents et les professionnels de santé travaillent ensemble pour identifier et mettre en œuvre des stratégies de soutien adaptées. Finalement, s’il existe un traitement contre la dyslexie, c’est bien une prise en charge adéquate et pluridisciplinaire !