Vous avez remarqué que votre enfant avait des difficultés à entrer dans la lecture, dès le CP ? Son enseignante a attiré votre attention sur sa lenteur d’acquisition, en matière de langage écrit ? Après un bilan orthophonique, le diagnostic de dyslexie a été évoqué. Pas de panique ! Cette étiquette peut être inquiétante, mais la réalité est plus nuancée. En effet, un tel diagnostic est synonyme d’un accompagnement orthophonique sur le long terme, ainsi que d’aménagements de la sphère scolaire, mais c’est aussi la base pour créer un environnement d’apprentissage positif pour votre enfant. Pour l’aider au mieux, il est nécessaire que vous soyez bien informé sur les causes et les spécificités de ce trouble dys, dont on entend souvent parler. De cette façon, vous pourrez aider votre enfant à accepter son fonctionnement différent et à poursuivre ses apprentissages de façon harmonieuse ! 

Définition de la dyslexie

La dyslexie fait partie de la grande famille des troubles dys, au même titre que la dyscalculie, la dysphasie ou la dysorthographie, par exemple. 

Il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental, ce qui implique la mise en place d’un fonctionnement cérébral particulier, au cours de la croissance de l’enfant. Celui-ci éprouve ainsi des difficultés à acquérir et à automatiser les procédures mises en jeu dans l’acte de lecture. 

Dans la population générale, la proportion de personnes dyslexiques est de 10 %, plus fréquemment des garçons que des filles. 

On définit 3 grands types de dyslexie : phonologique, de surface et mixte.

Bon à savoir : Une dyslexie n’implique pas une déficience intellectuelle ! Un enfant dyslexique a un cerveau qui fonctionne d’une façon particulière, que l’on connaît maintenant grâce à l’imagerie médicale, mais n’est pas déficitaire. 

Causes de ce trouble dys

On ne connaît pas avec précision l’origine de la dyslexie. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il semble y avoir une piste génétique. Ainsi, on retrouve une notion familiale. Un enfant a plus de risque de présenter ce trouble dys si les parents en sont porteurs aussi, par exemple.

Les images médicales montrent bien un cerveau dont certaines aires fonctionnent différemment.

Fille dyslexique en train de lire

Les manifestations d’un trouble de la lecture

Les symptômes de la dyslexie vont varier selon la nature du trouble (phonologique, de surface ou mixte), mais voici ce qui peut mettre la puce à l’oreille, chez les enseignants et les parents : 

  • Un enfant qui confond les sons et les lettres visuellement proches (p/q, t/f, b/d).
  • Des inversions de sons ou de syllabes qui persistent en fin de maternelle (bilibothèque, ornidateur).
  • Une confusion visuo-spatiale sur lui-même et sur la feuille (droite/gauche, bas/haut).
  • Des difficultés à scander et à compter les syllabes d’un mot.
  • Une concentration laborieuse et une façon de s’organiser bien personnelle.
  • Un décodage (b + a = ba) qui ne s’automatise pas et reste lent, pas fiable. 
  • Un enfant qui devine les mots selon la lettre par laquelle ils commencent ou selon le contexte de lecture.
  • Des difficultés à mémoriser les mots irréguliers (monsieur, oignon, chœur). Du coup, l’enfant tente de les décoder à chaque fois qu’il les rencontre au lieu d’en mémoriser l’image. 
  • Une impossibilité à comprendre les textes lus. 
  • Une grande fatigabilité, la lecture n’étant pas automatisée, chaque action lui est coûteuse cognitivement.

À noter : La dyslexie est un trouble qui éprouve sérieusement l’enfant sur le plan psychologique. En effet, en l’absence d’aménagements, il est en permanence en train de s’adapter et d’échouer, ce qui est fatigant et décourageant.

Si le diagnostic n’est pas posé officiellement ou qu’il n’est pas pris au sérieux par le milieu scolaire, par exemple, des troubles du comportement peuvent tout à fait émerger. Ainsi, un enfant peut développer une opposition réactive ou une apathie, une indifférence face à tout ce qui se passe pour lui à ce niveau. Il est important de ne pas négliger cette dimension de la dyslexie. 

Les différentes formes de dyslexie

Selon les résultats du bilan orthophonique, vous avez peut-être entendu parler de dyslexie phonologique, de surface ou mixte. Voyons cela plus en détail. 

  1. La dyslexie phonologique

C’est la forme la plus courante (70 % des cas de dyslexie) qui affecte en priorité le lien entre la forme des lettres et leur son. Ici, c’est le mécanisme d’assemblage qui est touché, autrement dit le mécanisme de lecture qui permet d’assembler les éléments au niveau du son ou de la syllabe (b + a = ba ou mo + to = moto). L’enfant peut aussi oublier des lettres (un abre pour un arbre) ou en rajouter.

Ce type de dyslexie montre des signes d’appels dès la maternelle, où l’enfant va être en difficulté avec les comptines, les premiers jeux de sons, la reconnaissance des lettres. 

De même, il est important de surveiller l’évolution des enfants ayant été suivis en orthophonie en maternelle pour un retard de parole/langage. Parfois, ce sont les prémisses d’un fonctionnement dyslexique. 

  1. La dyslexie de surface

Ici, ce sont les images des mots qui ne sont pas mémorisées dans le répertoire mental de l’enfant. Ainsi, les mots irréguliers vont par exemple être lus « comme ils se prononcent » : cheur pour chœur, pa/on pour paon… C’est la voie d’adressage qui ne fonctionne pas comme elle le devrait, en ne répertoriant pas les images globales des mots, obligeant l’enfant à décoder tous les mots qu’il rencontre. 

En fait, le canal visuel ne permet pas à l’enfant de collecter assez d’indices sur les mots. On retrouve souvent un vocabulaire assez pauvre sur le plan oral. 

  1. La dyslexie mixte

Comme son nom l’indique, la dyslexie mixte présente des symptômes phonologiques et de surface, donc à la fois au niveau du traitement des sons et des images globales des mots.

À voir : Vous vous demandez à quoi ressemblent les difficultés en lecture dans le cadre d’une dyslexie ? Ce simulateur de lecture empêchée vous en donne un petit aperçu ! 

Le diagnostic de dyslexie

C’est l’orthophoniste qui est le professionnel de santé capable de poser le diagnostic de dyslexie, après la passation d’un bilan complet, en général en fin de CE1.

Par ailleurs, le diagnostic de dyslexie se fait par exclusion. Autrement dit, il faut écarter toute autre cause qui expliquerait les troubles de la lecture. Ainsi, l’orthophoniste va évoquer un trouble de la lecture et demander la réalisation de bilans complémentaires pour confirmer le diagnostic : 

  • Bilan psychologique.
  • Bilan neuropsychologique.
  • Test de l’audition et de la vue.
  • Bilan psychomoteur.
  • Bilan neuropédiatrique. 

L’orthophoniste va ainsi tester les mécanismes de lecture, à l’échelle des sons, des syllabes, des mots réguliers puis irréguliers. Elle va également quantifier la rapidité de la lecture avec des épreuves chronométrées. Ces épreuves permettent de tester la qualité des voies d’adressage et d’assemblage, ainsi que la compréhension finale des textes lus. 

Elle va aussi évaluer les mécanismes de compensation que l’enfant a spontanément mis en place, le cas échéant. 

L’autre versant du bilan est le testing de l’orthographe, pour constater si les troubles présents en lecture se répercutent à la transcription. 

Tout au long du bilan, l’orthophoniste prend en compte les capacités attentionnelles, la fatigabilité, les compétences mnésiques et la compensation des difficultés constatées. C’est en fonction de ces observations cliniques qu’elle pourra vous conseiller au mieux sur les aménagements à mettre en place en classe, par exemple.
Il faut savoir qu’une dyslexie peut aussi être détectée seulement à l’âge adulte. Quand elle est de degré modéré, que la personne a fait preuve de solides capacités de compensation ou si elle a quitté le cursus scolaire assez tôt, la dyslexie ne représente pas forcément un problème au quotidien. Néanmoins, si besoin, un diagnostic orthophonique peut être posé à tout âge et donner droit à des aménagements (ordinateur ou temps additionnel) lors des examens.

Garçon dyslexique en train de lire

La prise en charge en orthophonie

Une fois le diagnostic posé, l’orthophoniste va proposer un accompagnement selon des axes thérapeutiques spécifiques, avec une fréquence de rendez-vous adaptée à la sévérité des troubles. 

Il serait abusif de dire qu’on « guérit » d’une dyslexie. 

C’est un trouble structurel, un fonctionnement cérébral particulier qui est présent tout au long d’une vie. Ce qui est possible en revanche, c’est de faire diminuer l’impact des troubles. 

D’une part, en entraînant les compétences et d’autre part en aménageant l’environnement de la personne (recours à l’ordinateur ou à un lecteur).

Et la dysorthographie, dans tout ça ?

S’il existe des formes « pures » de dyslexie et de dysorthographie, ces deux troubles dys fonctionnent bien souvent main dans la main puisqu’ils sont les deux facettes du langage écrit. 

Dès lors, un enfant porteur d’une dyslexie phonologique va écrire des mots qui ne correspondent pas à leur forme orale, parce qu’il est perdu dans la reconnaissance des sons et des graphèmes associés : elle va jouer avec sa poupée devient el fa choué ave son ponpé. Un enfant dyslexique « de surface » va quant à lui ignorer l’image des mots, et les écrire « comme il les entend » (mézon pour maison, égsamin pour examen).

On retrouve aussi des difficultés en copie, avec les homophones ou encore dans l’apprentissage de la conjugaison et des règles de grammaire. 

Comment aider mon enfant dyslexique ?

En tant que parent, votre rôle est double.

  1. Encourager

Nous l’avons dit, un enfant porteur d’un trouble de la lecture est constamment en situation d’échec et cela peut avoir des conséquences sérieuses sur son comportement face aux apprentissages (opposition ou fuite). 

À vous donc de l’encourager, de le rassurer. Ce qui lui arrive n’est pas sa faute et il est entouré d’adultes dont la mission est de l’aider. Parlez de la dyslexie pour qu’il comprenne ce qui lui arrive et qu’il puisse se sentir acteur de son développement. 

Si besoin, n’hésitez pas à le diriger vers une consultation psychologique pour le soutenir. 

Il est aussi important que l’enfant dyslexique puisse investir des champs dans lesquels il est compétent. Sport, activité artistique, jeux : tous les prétextes sont bons pour lui montrer que lui aussi a des domaines de compétences !

  1. Entraîner

Pour optimiser la prise en charge, l’orthophoniste vous confiera sûrement des exercices à reprendre à la maison, spécifiquement pensés pour ne pas surcharger l’enfant, mais nécessaires à son entraînement. 

N’hésitez pas à discuter avec elle de la teneur ou de la fréquence de ces exercices, pour les ajuster au mieux à votre vie quotidienne. Néanmoins, pour percevoir des progrès, il est important que l’entraînement soit régulier. 

On récapitule !

  • La dyslexie est un trouble neuro-développemental spécifique.
  • Il ne s’agit ni d’un retard scolaire, ni d’une déficience intellectuelle.
  • La dyslexie est considérée comme un handicap scolaire, d’où la nécessité d’adapter l’environnement de l’enfant (PAP, temps supplémentaire, ordinateur, consignes orales, etc.)
  • La prise en charge orthophonique doit être la plus précoce et la plus intensive possible.
  • Notre objectif : entraîner les capacités et compenser les déficits ! 
  • Il est important de prendre soin de la sphère émotionnelle et psychologique de l’enfant dyslexique. 

Des livres pour parler de la dyslexie

Mon enfant est dyslexique

SOS mon enfant est dys

Moi, dyslexique Comment j’ai appris à vivre avec des troubles dys

Dyslexie et dysorthographie – La boîte à outils

J’ai attrapé la dyslexie