De nombreux travaux de recherche ont mis en évidence l’incidence de troubles de la mémoire dans le cadre d’une dyslexie, en particulier au niveau de la mémoire de travail, en particulier. Selon le type de dyslexie (de surface, phonologique ou mixte), le déficit mnésique présente différents degrés et une implication variée dans l’expression du trouble spécifique de la lecture. Dans cet article, nous allons voir quels sont les mécanismes cognitifs qui sous-tendent ce trouble neurodéveloppemental et étudier les divers types de mémoire. Verbale, à court terme, à long terme : Est-ce que dyslexie rime forcément avec troubles de la mémoire ? Nous allons éclaircir les mécanismes cérébraux impliqués dans le processus et faire un panorama des conseils utiles pour travailler la mémoire et les difficultés liées au trouble spécifique de la lecture.

Rappels sur la dyslexie et les troubles de la mémoire

D’abord, qu’appelle-t-on « trouble de la mémoire » ? Il s’agit de difficultés à encoder, stocker et récupérer des informations. Ces troubles peuvent être dus à diverses causes, allant des lésions cérébrales (par exemple, à l’occasion d’un AVC) aux maladies neurodégénératives (comme la maladie d’Alzheimer), en passant par des troubles psychiatriques (notamment le trouble dissociatif). Selon la gravité des troubles, la récupération et les répercussions dans la vie des patients sont variées.

La dyslexie, quant à elle, est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage écrit qui affecte principalement la lecture. Elle peut exister en parallèle d’autres troubles dys, comme la dysorthographie, la dysphasie ou la dysgraphie. Souvent diagnostiqué durant l’enfance, c’est un trouble durable, avec des conséquences sur le plan scolaire d’abord, professionnel ensuite. 

Par ailleurs, ce trouble neurodéveloppemental existe en dehors d’une déficience intellectuelle et malgré une exposition adéquate à l’enseignement de la lecture.

Symptômes du trouble spécifique du langage écrit 

Selon le type de dyslexie (phonologique, de surface ou mixte), des voies différentes de lecture sont altérées et les symptômes s’expriment avec variabilité. 

  • Difficultés en lecture

Les personnes dyslexiques ont du mal à reconnaître ou à décoder les mots. Cela peut se manifester par des erreurs fréquentes, une lecture lente et laborieuse et des problèmes de compréhension des textes.

  • Problèmes d’orthographe

L’orthographe est généralement altérée aussi, avec des erreurs sur les mots courants, réguliers ou irréguliers.

  • Troubles phonologiques

On retrouve également des difficultés dans le traitement phonologique, c’est-à-dire la capacité à manipuler les sons de la langue. Les troubles sont généralement fixés sur la conscience phonémique et la mémoire phonologique à court terme. L’imagerie cérébrale a montré que les personnes dyslexiques présentent des différences dans la structure et le fonctionnement des régions cérébrales impliquées dans le traitement du langage. Il y a aussi une composante génétique significative, puisque le trouble spécifique du langage écrit tend à être héréditaire, avec plusieurs gènes identifiés dans sa prédisposition.

Dyslexie et troubles de la mémoire

Liens entre troubles du langage écrit et difficultés mnésiques

Du fait du chevauchement de certains mécanismes cérébraux, la dyslexie peut impacter (ou être impactée par) des aspects spécifiques de la mémoire, en particulier la mémoire de travail

Mémoire de travail et mémoire à court terme

La mémoire de travail est un levier important dans la lecture et le traitement du langage. Son rôle est de maintenir et de manipuler temporairement l’information nécessaire pour effectuer des tâches cognitives complexes, telles que lire et comprendre ce qu’on lit. Imaginez par exemple retenir une phrase et compter le nombre de lettres qui s’y trouvent : la mémoire de travail permet cela. 

Chez les personnes dyslexiques, des déficits dans la mémoire de travail verbale sont souvent observés. Ils peuvent être liés à des anomalies dans le cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex pariétal (maintien et manipulation de l’information).

Par exemple, pour répéter une suite de chiffres à l’envers, il est nécessaire d’utiliser la mémoire de travail plutôt que simplement la mémoire à court terme.

2 types de mémoire de travail

Il existe 2 types de mémoire de travail (à court terme) qui permettent de porter les efforts rééducatifs sur une voie d’apprentissage préférentielle, pour compenser les difficultés. 

  1. Mémoire de travail auditive 

Elle est liée à la conscience phonologique, entre autres. On l’utilise pour suivre des instructions orales ou lire à voix haute. Par exemple, une personne dyslexique qui doit suivre une série d’instructions données verbalement utilise cette forme de mémoire.

  1. Mémoire de travail visuo-spatiale

Cette mémoire utilise des représentations visuelles pour élaborer des images mentales. On s’en sert pour se souvenir de motifs, d’images, d’un schéma ou encore pour résoudre des problèmes mathématiques.

La mémoire de travail permet aussi de retenir des informations intermédiaires pendant l’exécution de tâches complexes. Par exemple, en mathématiques, un élève y a recours pour garder en mémoire une formule pendant la résolution d’un problème. 

À savoir : Grâce à des travaux de recherche, on sait que la mémoire de travail peut être entraînée et que cet entraînement à des effets bénéfiques sur les capacités d’apprentissage des personnes dyslexiques. 

Mémoire à long terme 

Bien que la mémoire à long terme ne soit pas directement pointée dans un tableau de trouble spécifique du langage écrit, les processus de consolidation de la mémoire peuvent être influencés par des troubles de la mémoire de travail et à court terme.

Réseaux de connexions cérébrales

Nous l’avons dit, les troubles de la mémoire chez les personnes dyslexiques peuvent être attribués à des anomalies dans les réseaux de connexions cérébrales. Ces dysfonctionnements dans la connectivité entre les différentes régions cérébrales peuvent donc perturber les processus de mémoire. Dans le cas d’une dyslexie phonologique, la mémoire auditive à court terme est typiquement moins fonctionnelle que la mémoire visuelle, peu touchée. A contrario, dans le cadre d’une dyslexie de surface, c’est la mémoire visuelle qui entrave la reconnaissance globale des mots, alors que la mémoire verbale soutient l’assemblage des sons. Il est donc important pour le professionnel de santé (orthophoniste ou neuropsychologue) qui déploie des axes thérapeutiques de tenir compte de ces spécificités pour s’appuyer sur les voies mnésiques les plus performantes.

Dyslexie et difficultés mnésiques

Conseils pour travailler la mémoire et améliorer la dyslexie

Lorsqu’un déficit de mémoire de travail est mis en évidence, il existe des programmes d’entraînement spécifiques que les orthophonistes et les neuropsychologues peuvent proposer aux personnes dyslexiques, lors de leur prise en charge. 

Mais il y a aussi un certain nombre de situations ludiques et de supports technologiques qui permettent de stimuler les compétences mnésiques facilement.

  1. Jouer avec les capacités mnésiques

Pour les plus jeunes, il existe des jeux ciblés pendant lesquels on travaille la mémoire tout en s’amusant !

Pour les grands enfants et les adultes désireux d’entraîner leur mémoire, les mots croisés, le Sudoku et les puzzles complexes sont de bons supports. 

  1. Faire des mind maps 

Les mind maps, appelées aussi schémas heuristiques ou cartes mentales, sont des outils visuels pour organiser l’information de manière structurée. Elles exploitent la façon dont le cerveau traite et stocke l’information intuitivement, pour notamment faciliter l’apprentissage.

Les mind maps permettent de hiérarchiser les informations graphiquement pour mieux les comprendre et les retenir.

Mind Map Dyslexie

En reliant les concepts entre eux, elles aident à créer des liens plus forts dans la mémoire, renforcés par la dimension multisensorielle des schémas : couleurs, images, mots-clés… 

Dans un contexte scolaire ou professionnel, cet outil permet de parcourir rapidement les points clés et de revoir l’information de manière condensée, ce qui aide la consolidation en mémoire à long terme.

  1. Adopter un programme de stimulation sensorielle

Vous cherchez un outil à la fois structuré et ludique pour améliorer vos compétences mnésiques ? Forbrain est un dispositif qui utilise la technologie pour améliorer diverses fonctions cognitives, y compris celles affectées par la dyslexie.

Forbrain pour remédier à la dyslexie

En utilisant la conduction osseuse et un filtre technologique, le programme Forbrain permet à l’utilisateur d’entendre sa propre voix de manière plus précise, ce qui améliore la discrimination auditive, la conscience phonologique et l’intégration du rythme​​.

En stimulant le cerveau et le système sensoriel, on renforce les capacités de mémoire et d’attention, potentiellement déficitaires chez les personnes dyslexiques​​.

Conditions d’utilisation

Pour obtenir des résultats optimaux, il est recommandé d’utiliser Forbrain quotidiennement pendant au moins 20 minutes, sur une période de 40 jours. Le programme peut être utilisé de manière autonome ou en complément d’un accompagnement thérapeutique. Les utilisateurs peuvent lire à voix haute, pratiquer des exercices de prononciation, chanter ou même faire des jeux de rôle​​ !

Plus de 5000 professionnels dans le monde recommandent Forbrain pour son efficacité dans l’amélioration des troubles de la communication et du langage, y compris les troubles spécifiques comme la dyslexie.

En conclusion, l’amélioration de la mémoire peut avoir un effet positif sur certaines compétences liées à la lecture chez les personnes dyslexiques. Par exemple, les programmes d’entraînement focalisés sur la mémoire permettent une amélioration du décodage, de la compréhension et de la fluence en lecture. Évidemment, les résultats peuvent varier en fonction de la sévérité et du type de dyslexie, de l’intensivité de l’entraînement et de la variété des supports de travail (pédagogiques, ludiques). Néanmoins, l’accompagnement des troubles de la mémoire dans la prise en charge des personnes dyslexiques est un axe d’amélioration à ne pas négliger, à la fois lors de la pose du diagnostic et de la définition des objectifs thérapeutiques. 

Sources et Ressources

Livre 100 idées pour développer la mémoire des enfants

Livre 100 idées pour stimuler sa mémoire de travail

Livre Organisez vos idées avec le mind mapping

Mémoire La mémoire de travail dans la dyslexie : Dysfonctionnements et pistes de remédiation

Article Dyslexie et déficits de la mémoire à court terme/de travail : implications pour la remédiation Outil de création de mind maps sur Canva

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