Votre enfant consulte une orthophoniste pour un trouble des apprentissages ? Alors, elle vous a peut-être conseillé de faire réaliser un bilan orthoptique, en complément de la prise en charge en orthophonie. Pourtant, votre enfant n’a, a priori, pas de problème de vue… Que votre enfant soit pris en charge pour un trouble de la lecture type dyslexie ou pour une dysgraphie, il se trouve qu’un bilan et, le cas échéant, un suivi orthoptique, peuvent lui être bénéfiques et optimiser les progrès réalisés en orthophonie. Si vous voulez en apprendre davantage sur le métier d’orthoptiste et sur les liens qui existent entre cette spécialité et l’orthophonie, cet article est pour vous !
Orthoptie ou ophtalmologie ?
Si ces deux spécialités concernent bien les yeux, elles connaissent deux champs d’application différents et complémentaires.
On consulte un ophtalmologue lorsqu’on a des doutes sur l’acuité visuelle d’un enfant. Vous savez, le fameux tableau avec les lettres écrites de plus en plus petit ? On va alors mesurer les performances des deux yeux et décider de la nécessité d’une correction. En deux mots, votre enfant va potentiellement ressortir de ce rendez-vous avec une prescription pour des lunettes !
Si l’ophtalmologue certifie que la vue est bonne ou que la correction apportée est suffisamment « normalisante », un bilan orthoptique peut néanmoins s’avérer intéressant. En effet, malgré une bonne vue, un outil visuel efficace, c’est la façon dont votre enfant utilise ses yeux qui peut questionner.
L’orthoptiste va alors procéder à un bilan de la vue dit « neuro-visuel ». Si une prise en charge s’avère nécessaire, elle aura lieu de manière généralement assez brève et conjointement aux séances d’orthophonie.
Pourquoi consulter un orthoptiste ?
Lors de la restitution d’un bilan orthophonique, si l’orthophoniste suspecte un trouble des apprentissages, elle peut préconiser un bilan orthoptique pour préciser le diagnostic. Le but est de s’assurer que ce n’est pas un trouble de la mobilité oculaire qui cause des difficultés en lecture, par exemple.
Au moment de débuter un accompagnement en orthophonie, le bilan orthoptique peut être conseillé si votre enfant :
- Saute souvent des lignes en lisant.
- Lit plusieurs fois le même mot.
- Fait de nombreuses confusions de lettres visuellement proches (p/q, b/d, f/t).
- Lit trop lentement ou au contraire, trop vite, en oubliant des mots.
- Ne reconnaît pas des formes irrégulières en lecture (oignon, par exemple) et se retrouve obligé de déchiffrer tous les mots.
- Ne mémorise pas l’orthographe des mots irréguliers (monsieur, femme) et les écrit de façon phonétique.
- Présente un trouble attentionnel.
- Exprime une fatigue visuelle ou des mots de tête.
- A du mal à se repérer dans l’espace ou sur une feuille.
Qu’on soit dans une démarche de bilan ou en cours de rééducation orthophonique, il est intéressant de réfléchir à la pertinence d’un bilan orthoptique. En effet, une prise en charge peut optimiser le travail déjà fait en orthophonie et accélérer les progrès.
À quoi ressemble une séance d’orthoptie ?
Pour bénéficier de séances d’orthoptie, vous devrez vous munir d’une prescription de votre médecin traitant ou ophtalmologue. En séance, l’orthoptiste va montrer à votre enfant des exercices de « musculation » des yeux et il sera attendu qu’il les reprenne à la maison. En règle générale, une série de 10 à 20 séances suffit à traiter les troubles.
Selon les conclusions du bilan, l’orthoptiste va proposer à votre enfant :
- Des exercices de convergence et de divergence, de près et de loin. Votre enfant y musclera notamment sa façon de « loucher » !
- Des exercices de poursuite oculaire et de saccades utiles notamment en lecture, pour avancer sur les lignes.
- Des entraînements de perception visuelle d’intrus ou des jeux de barrage d’une cible.
À force d’entraîner les capacités fragiles, les compétences visuelles vont être amenées à se normaliser.
Le rôle de l’orthoptie dans le diagnostic de la dyslexie
La dyslexie est un trouble spécifique des apprentissages. Elle touche l’acquisition et l’automatisation des mécanismes de la lecture. De façon très logique, les yeux sont impliqués dans le traitement du langage écrit. D’où l’intérêt d’enquêter sur leur bon fonctionnement.
Le fonctionnement de la lecture
Quand votre enfant lit, ses yeux sautent de lettre en lettre, de syllabe en syllabe, de mot en mot. On appelle cela des saccades. Pour effectuer ces mouvements, les deux yeux doivent travailler efficacement, de concert. Si ce n’est pas le cas, alors la lecture peut être lente, laborieuse et coûter beaucoup d’énergie mentale au lecteur, alors qu’il « sait » lire !
De la même façon, un trouble oculomoteur peut empêcher votre enfant de bien distinguer les lignes ou de se repérer sur sa feuille.
Ainsi, si ce ne sont pas les troubles oculomoteurs qui causent (pour le dire vite) la dyslexie de votre enfant, ils viennent majorer les difficultés, causer de la fatigue et l’obliger à se corriger plus souvent. En dépensant son énergie à maîtriser son trouble visuel et à se corriger, le lecteur a moins d’attention à allouer à la compréhension de ce qu’il lit. Et on constate donc, en bout de chaîne, un trouble de la compréhension écrite.
Une aide au diagnostic de la dyslexie
On sait que les troubles de la famille Dys résultent d’un fonctionnement cognitif qui peut altérer la capacité à acquérir, organiser, mémoriser, comprendre et utiliser l’information écrite. Il est intéressant de noter que de nombreux processus d’apprentissage sont étroitement liés à l’oculomotricité et à la perception visuelle.
Ainsi, si l’orthophoniste suspecte un trouble spécifique des apprentissages chez votre enfant (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie), elle doit procéder à un diagnostic par élimination, en vérifiant les potentiels troubles associés (auditifs, visuels, psychologiques). Voilà pourquoi elle vous dirige vers l’orthoptiste !
3 exercices pour détendre les yeux de votre enfant
La rééducation orthoptique est tout à fait spécifique, menée par un professionnel qui propose des exercices précis. Il n’est évidemment pas question ici de se substituer à cette prise en charge.
Néanmoins, si votre enfant dyslexique se plaint de fatigue visuelle, de mal à la tête ou aux yeux en fin de journée, vous pouvez lui proposer ces 3 exercices pour l’aider à se détendre.
- Rouler des yeux
Assis bien droit, sans crispation et sans bouger la tête, invitez votre enfant à regarder lentement de gauche à droite, de bas en haut, à faire des ronds avec ses yeux.
- Alterner près/loin
Proposez à votre enfant de fixer alternativement un objet près de lui pendant quelques secondes, puis un objet très éloigné. Il peut par exemple se placer face à une fenêtre et fixer alternativement le montant de la fenêtre, puis un élément loin dehors.
- Masser la zone
Lorsque les muscles oculaires ont été beaucoup sollicités, vous pouvez proposer à votre enfant un massage de la nuque ou de la zone oculaire en passant délicatement les doigts sur les paupières et autour des yeux. Par ailleurs, un petit objet tel qu’un Eye Pillow utilisé en yoga peut aider votre enfant à se remettre de sa fatigue oculaire.
En conclusion, une consultation orthoptique a toute sa place dans la prise en orthophonique d’un trouble des apprentissages. Elle participe par exemple à la pose d’un diagnostic de dyslexie et permet d’accélérer les progrès de votre enfant en traitant un potentiel trouble associé. Ces deux rééducations peuvent tout à fait se dérouler de façon concomitante. Pas besoin de mettre en pause la prise en charge orthophonique (même si, évidemment, cela charge un peu plus le planning familial, momentanément). Finalement, l’orthoptiste et l’orthophoniste font partie de la même équipe de soignants, qui aident votre enfant à se développer harmonieusement !