Lente, irrégulière, illisible, raturée… L’écriture peut poser un problème à certains enfants dès la maternelle. Un trouble de l’écriture peut se manifester par une simple maladresse, de vraies douleurs physiques ou même un refus catégorique d’écrire. Si ces difficultés deviennent gênantes au quotidien pour votre enfant, et en particulier à l’école, il faut éviter de laisser une dysgraphie s’installer. Pour effectuer un dépistage et lancer une rééducation du geste graphique, vous pouvez consulter des professionnels formés à la prise en charge des troubles du graphisme. Il existe aussi des astuces et du matériel spécifique pour aider un enfant qui écrit mal. Nous allons voir tout cela en détail dans cet article ! 

La dysgraphie, un trouble de l’écriture douloureux 

Qu’est-ce que la dysgraphie ?

Cette difficulté à gérer l’écriture est classée dans la famille des troubles neuro développementaux. En deux mots, la dysgraphie appartient à la même famille de handicap que la dyslexie et la dyscalculie, à savoir les troubles spécifiques des apprentissages (TSA). On retrouve une prépondérance chez les garçons, qui représentent 80 % des sujets atteints. 

On peut soupçonner une dysgraphie chez un enfant qui n’écrit pas de façon fluide. Il se crispe ou, au contraire, possède un geste anormalement mou et lent. Il se plaint de douleurs dans le bras ou de crampes dans la main. Quant au tracé, il est cabossé, aplati, trop grand ou trop petit, raturé à de multiples reprises. Les feuilles d’écriture sont régulièrement qualifiées de « peu soignées ». 

Reconnaître un trouble de l’écriture

Parfois, on observe des signes d’appel dès la maternelle : l’enfant n’apprécie pas spécialement les activités de coloriages ou de peinture, ni les petits travaux manuels. On retrouve des difficultés dans la motricité fine, la latéralisation, la tenue des couverts. 

Autre indice : les enfants dysgraphiques peuvent paraître particulièrement lents, voire être qualifiés de « paresseux » parce qu’ils n’arrivent jamais à terminer une tâche écrite dans les temps. Il n’en est rien. En réalité, ces enfants mettent tant d’efforts à gérer la forme (l’écriture) que le fond de leur contenu en pâtit. Toutes leurs ressources motrices et cognitives, attentionnelles sont en effet dirigées vers le tracé graphique, au détriment du reste (la compréhension, l’imagination, la mémorisation…).
C’est en général au CP que l’enfant n’arrive plus à compenser sa dysgraphie. L’écrit prend de plus en plus de place et il se trouve continuellement placé en situation d’échec douloureux. Comme certains enfants dyslexiques disent ne pas aimer lire, les enfants dysgraphiques affirment alors ne pas aimer écrire.

Enfant qui écrit à une table - enfant qui écrit mal

Quels professionnels consulter si mon enfant écrit mal ?

Si vous constatez que l’écriture n’évolue pas favorablement, que cela impacte les apprentissages scolaires et même le moral de votre enfant, il est temps de consulter. Un bilan auprès d’un professionnel formé aux troubles du graphisme va permettre d’identifier la nature des difficultés, de voir s’il y a d’autres troubles dys associés et d’élaborer un plan de rééducation. 

L’orthophoniste peut poser un diagnostic de dysgraphie

L’orthophoniste est souvent la professionnelle consultée en première intention, pour faire le tri dans les symptômes et mobiliser des investigations complémentaires, si besoin. 

Lors du bilan orthophonique, vous allez faire le point sur le développement global de votre enfant : 

  • Où en sont ses apprentissages scolaires ?
  • À quel âge et de quelle façon a-t-il développé sa motricité ?
  • Comment s’est mis en place le graphisme, dès la maternelle ?
  • Est-ce un enfant jugé « maladroit/tonique/agile/anxieux/perfectionniste » ?
  • Maîtrise-t-il les gestes de la vie quotidienne ? Comme le laçage, manger avec des couverts, faire des jeux de construction.
  • Des bilans complémentaires semblent-ils nécessaires ? Ophtalmologique, psychomoteur, psychologique, consultation avec un ergothérapeute, etc. 
  • Ce trouble existe-t-il de manière concomitante à une dyslexie, une dyspraxie ?

La consultation en psychomotricité

Le psychomotricien connaît la dysgraphie et peut poser un diagnostic, là encore en articulation avec des bilans complémentaires potentiellement nécessaires. Dans son bilan, il vérifiera plus spécifiquement : 

  • La mise en place des repères spatio-temporels et du schéma corporel.
  • La motricité globale et la motricité fine, notamment la coordination œil/main.
  • L’état des ressources sensorielles de l’enfant et la façon dont il gère ses états émotionnels et corporels (tonicité/hypotonie, dextérité/maladresse).
  • Les compétences attentionnelles. 
  • La posture générale sur la chaise et la tenue du crayon.

La prise en charge de la dysgraphie

Si une rééducation de l’écriture est conseillée par le professionnel que vous avez consulté, le but sera d’obtenir un geste moins coûteux, moins douloureux, ainsi qu’une écriture lisible et fonctionnelle. La bonne nouvelle, c’est que c’est une prise en charge qui est particulièrement efficace lorsqu’elle est précoce, alors n’hésitez pas à prendre conseil auprès d’une orthophoniste. 

Cependant, lorsque la dysgraphie est sévère, il faudra envisager l’utilisation d’un ordinateur à l’école. Dans ce cas, c’est auprès d’un ergothérapeute que votre enfant apprendra à s’en servir correctement, avec efficacité et rapidité. Un tel dispositif a pour but d’aider l’enfant à compenser son trouble, pour retrouver de l’aisance dans ses apprentissages, en le délestant d’une tâche lourde.

Nos conseils pour aider votre enfant à mieux écrire

Retrouver le goût d’écrire

Faisant face à des difficultés de graphisme quotidiennes, l’enfant peut se décourager et développer une réelle aversion pour l’écriture. Votre première mission en tant que parents : l’aider à retrouver l’envie d’écrire, de dessiner, de jouer avec les traces écrites. 

Notre conseil numéro un : ne le forcez pas à écrire ! Par contre, vous pouvez l’amener vers le support écrit par d’autres activités ludiques : le dessin avec des grosses craies, la peinture avec les doigts, le tracé de formes dans un fond de farine, les gommettes, la pâte à modeler, les activités de découpage/collage, le poinçonnage… Suivez ses envies, sans pression !

Enfants qui font de la peinture - Enfant qui écrit mal.

Apprendre à se détendre

Lorsqu’il écrit, un enfant dysgraphique a souvent tendance à se crisper sur son stylo, en y mettant beaucoup de force et de pression pour préciser le geste. C’est pourtant contre productif puisqu’il développe par ce biais des douleurs musculaires, voire des crampes. 

Une bonne astuce consiste à lui proposer des temps de respiration, de relaxation pour lui apprendre comment se calmer mentalement et physiquement. La sophrologie peut être une bonne aide, notamment au niveau de la gestion du relâchement musculaire. Elle provoque apaisement et bien-être, ce qui aide aussi l’enfant à mieux vivre son trouble. 

Astuces pour l’école et la maison

  • Laissez à disposition un tableau noir ou une grande ardoise blanche dans l’espace de vie, pour inviter votre enfant à écrire sur un support autre que la feuille blanche.
  • Voyez grand ! Un enfant dysgraphique a du mal à gérer la motricité fine, alors n’hésitez pas à lui fournir des pinceaux avec des grosses manches, des craies grasses de grand calibre, des crayons de couleurs à prendre à pleine main
  • Soyez attentifs aux gestes de la vie quotidienne, ce sont autant d’occasions d’exercer la motricité fine. Vous pouvez ainsi aider votre enfant à s’autonomiser pour l’habillage, le lavage, la cuisine. Vous verrez que certains gestes apparemment anodins demandent en fait une grande coordination œil/main !

Vous l’avez compris, si vous observez que votre enfant écrit mal, il ne faut pas laisser le trouble s’installer. En effet, l’enfant peut développer spontanément des mécanismes de compensation qui engendrent lenteur, fatigue et douleur lors de l’écriture. La dysgraphie peut même être un facteur d’échec scolaire. Une orthophoniste peut poser le diagnostic, proposer un plan de rééducation et vous suggérer des examens complémentaires, le cas échéant. N’hésitez pas à mettre en place à la maison des moments de relaxation et quelques situations ludiques pour retrouver le plaisir du graphisme !

Bon à savoir : Attention à ne pas confondre la dysgraphie et la dyspraxie ! La première est liée aux troubles de l’écriture (purs ou coexistants avec d’autres troubles dys). La seconde est une atteinte plus globale du geste, c’est-à-dire que certains schémas moteurs sont perturbés. Il existe différents types d’atteintes et donc de dyspraxies, qui touchent environ 5 % des enfants entre 5 et 11 ans. La dysgraphie peut par ailleurs constituer l’un des symptômes d’une dyspraxie, mais peut aussi exister seule.

Pour aller plus loin : 

  • 100 idées pour accompagner les enfants dysgraphiques d’Elise Harwal – Éditions Tom Pousse.
  • 50 activités bienveillantes pour bien écrire d’Elise Harwal – Éditions Larousse
  • Aider son enfant à bien écrire et tracer les lettres : 50 fiches pour aider l’enfant dysgraphique Broché de Coralie Detrie – Éditions De Boeck.