Connaissez-vous le trouble développemental de la coordination ? Également connu sous le nom de dyspraxie, il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental qui affecte la planification et l’exécution des mouvements. Encore aujourd’hui, il s’agit d’un trouble assez méconnu parce que polymorphe. En effet, il existe plusieurs types de dyspraxies : idéatoire, constructive, verbale… Le TDC a des répercussions significatives sur la vie quotidienne des patients, petits et grands. C’est pourquoi il est important d’en reconnaître les symptômes, pour pouvoir proposer une prise en charge précoce et pluridisciplinaire. Dans cet article, nous allons définir le concept de dyspraxie, apporter des précisions quant aux pistes de rééducation et vous donner des astuces pratiques pour améliorer le quotidien des personnes dyspraxiques !

Le TDC : origines et symptômes 

Le TDC est un trouble neurologique qui apparaît pendant le développement de l’enfant. Il fait partie de la grande famille des troubles neurodéveloppementaux, au même titre que la dyslexie ou la dysphasie.  

Si les causes précises ne sont pas entièrement comprises, il semble toutefois que des facteurs génétiques et environnementaux jouent un rôle dans son apparition. Ainsi, des études suggèrent un dysfonctionnement des circuits neuronaux responsables de la coordination des mouvements. 

Cependant, contrairement à d’autres troubles neurologiques, il n’y a pas de lésion cérébrale visible, mais plutôt un problème dans l’organisation de ces réseaux neuronaux.

L’HAS, la Haute Autorité de Santé parle de 5 à 7 % d’enfants dyspraxiques, entre 6 et 11 ans, mais il existe peu de chiffres précis à cause de la difficulté diagnostique, des différentes formes de troubles de TDC et des comorbidités. En effet, plusieurs formes de dyspraxie peuvent cohabiter et se cumuler à d’autres troubles dys ou à un TDAH.

Différents types de dyspraxie

Le trouble développemental de la coordination se manifeste sous diverses formes, toutes en lien avec la coordination et les compétences motrices. Voici les formes communément reconnues.

Dyspraxie idéatoire 

Difficulté à concevoir une séquence d’actions pour accomplir une tâche. En effet, une tâche représente une succession de séquences d’actions et la personne ne parvient pas à effectuer ces actions dans un ordre correct. Par exemple, un enfant avec une dyspraxie idéatoire peut avoir du mal à se souvenir des étapes nécessaires pour se brosser les dents ou s’habiller.

Dyspraxie idéomotrice 

Difficulté à exécuter des gestes simples et isolés sur commande, même s’ils sont réalisables de façon spontanée ou par imitation. Ici, la personne va avoir du mal à saluer de la main sur demande, mais peut le faire spontanément lorsqu’il voit quelqu’un qu’il connaît.

Dyspraxie constructive 

Difficulté à organiser des objets dans un espace tridimensionnel. Cette forme affecte donc les compétences de construction et de manipulation. Les activités difficiles sont typiquement la construction avec des blocs, les puzzles ou le dessin.

Dyspraxie oculomotrice 

Difficulté spécifique à coordonner les mouvements des yeux. Ce TDC affecte donc la lecture, l’écriture et la capacité à suivre des objets en mouvement. La personne porteuse d’une dyspraxie oculomotrice ne peut pas suivre une ligne de texte en lisant ou attraper une balle en mouvement lors d’un jeu.

Dyspraxie verbale 

Difficulté à planifier et à coordonner les mouvements nécessaires pour la parole, même si les muscles impliqués ne présentent pas de problème. Autrement dit, physiologiquement, la personne dispose de bons outils, mais l’enchaînement des mouvements pose un problème pour enchaîner les sons de manière fluide. 

La dyspraxie verbale est un trouble structurel, à ne pas confondre avec un trouble du langage dit « simple », dont l’évolution ne sera pas la même.

Dyspraxie de l’habillage 

Difficulté spécifique à planifier et à exécuter les mouvements nécessaires pour s’habiller. On observe donc un enfant qui peine à mettre ses chaussures, à boutonner sa chemise ou à enfiler une ceinture dans les passants. 

Dyspraxie de la marche 

Difficulté à coordonner les mouvements nécessaires pour marcher correctement. Dans ce tableau dyspraxique, la personne possède une démarche maladroite, trébuche, aborde laborieusement les escaliers.

Dyspraxie graphique

Difficulté à coordonner les mouvements fins nécessaires pour l’écriture, souvent pointée dans un contexte scolaire. L’écriture est maladroite, la tenue du scripteur n’est pas efficace, le tracer est chaotique et la fatigue (physique et cognitive) est présente. 

Symptômes du TDC

Toutes formes confondues, les manifestations les plus communes sont : 

  • La maladresse motrice
  • Le retard dans les jalons moteurs (décalage dans les apprentissages moteurs) ; 
  • Les problèmes de coordination œil-main ; 
  • Les difficultés dans les activités de la vie quotidienne ;
  • Les problèmes scolaires ; 
  • La fatigabilité.

Les répercussions d’un TDC sur la vie des patients sont réelles. Elles affectent aussi bien la sphère sociale que scolaire (ou professionnelle), en passant par l’autonomie dans des activités basiques telles que l’hygiène ou l’alimentation. Sans oublier l’impact émotionnel massif chez ces personnes perçues comme différentes, voire incompétentes.

Prise en charge de la dyspraxie

Parce qu’il s’agit d’un trouble polymorphe, il est important de réaliser un bilan précis auprès de plusieurs professionnels de santé qui sauront poser le bon diagnostic et déployer des axes thérapeutiques pertinents.

Par ailleurs, pour pouvoir s’appuyer sur la plasticité cérébrale dans la prise en charge du TDC, il est important que le diagnostic soit posé au plus vite, pour entamer une prise en charge précoce.

  1. Pédiatre ou médecin généraliste

Premier interlocuteur de la famille et prescripteur des examens complémentaires, le médecin va détecter les signes du TDC. C’est lui qui impulse la démarche diagnostique et se place en coordinateur des soins en dirigeant les personnes vers des spécialistes.

  1. Neurologues

Pour confirmer un diagnostic et pour exclure d’autres troubles neurologiques, le neurologue réalise des examens complémentaires pour évaluer les fonctions motrices et cognitives.

  1. Psychomotriciens

Professionnel paramédical, le psychomotricien travaille sur la coordination, l’équilibre et la perception du corps dans l’espace. Leur mission est d’aider les enfants et les adultes à développer leur motricité globale et fine, à travers des activités structurées.

  1. Ergothérapeutes

Une ergothérapeute peut intervenir pour aider les patients à développer spécifiquement les compétences nécessaires aux activités de la vie quotidienne. C’est également l’ergothérapeute qui adapte l’environnement de la personne pour faciliter son autonomie (couverts spéciaux, ordinateur, solutions d’habillage).

  1. Orthophonistes

L’orthophoniste intervient lorsque le TDC est associé à des troubles de la communication et du langage, dans sa forme verbale. Les objectifs thérapeutiques visent alors l’amélioration de la prononciation, la fluidité verbale et la compréhension.

  1. Psychologues 

Pour soutenir l’aspect émotionnel d’un trouble développemental de la coordination, le psychologue accompagne son patient dans le développement de stratégies d’adaptation, notamment pour renforcer l’estime de soi.

Astuces et exercices pour le trouble développemental de la coordination 

Que ce soit à la maison ou sur les lieux de vie des personnes, certains outils ou aménagements permettent d’atténuer les symptômes et de faciliter l’efficience de la sphère motrice.

Routines visuelles

D’une façon générale, mettre en place des routines claires aide à réduire l’anxiété liée aux transitions et aux nouvelles activités. Par ailleurs, être en capacité de visualiser l’enchaînement de séquences d’action permet à certains enfants de suivre un « fil rouge » pour réaliser une action motrice dans son intégralité. 

Par exemple, on va décomposer la séquence problématique « lavage de dents » en : ouvrir le dentifrice, en mettre sur la brosse, refermer le tube, brosser les dents du haut, brosser les dents du bas, etc. 

Adaptation de l’environnement

Pour permettre aux personnes dyspraxiques d’accéder à une autonomie satisfaisante au quotidien, il existe de nombreux objets adaptés : 

  • Ustensiles de cuisine ergonomiques ;
  • Vêtements faciles à enfiler ; 
  • Assiettes antidérapantes ;
  • Stylos ergonomiques avec des grips spéciaux pour faciliter la prise en main.

Exercices de motricité

Du côté spontané, sachez que tous les jeux de motricité fine (enfilage de perles, pâte à modeler) ou globale (jeux de balles, danse) stimulent les habiletés lésées et sont donc de bonnes situations de « travail », tant qu’elles sont réalisées avec bienveillance et plaisir partagé. 

Si vous recherchez un support plus structuré, le programme Soundsory est fait pour vous ! En combinant l’écoute de musiques spécifiques et la réalisation de mouvements précis, il va travailler sur les systèmes sensoriels pour développer les réflexes, la coordination œil-main et la perception du corps dans l’espace. In fine, ce sont non seulement les habiletés motrices qui évoluent, mais aussi les compétences cognitives !

Vous vous demandez à quoi ressemblent les exercices en question ? Voici par exemple le piano, les pouces sautilleurs ou encore la chenille ! 

Dans toutes les situations, n’hésitez pas à encourager et valoriser les efforts des personnes porteuses d’un TDC pour booster leur confiance. Et ce, même si le résultat n’est pas parfait. En effet, le trouble développemental de la coordination est une difficulté permanente et énergivore. C’est un vrai challenge, à la fois pour les patients et leurs familles. Mais avec une prise en charge sur mesure, il est possible d’améliorer l’autonomie des personnes concernées. Il s’agit de mettre en place des stratégies adaptées, des outils spécifiques et des exercices éprouvés pour leur efficacité !

Ressources

Vidéo d’explication de la dysphasie, claire et efficace !
Le site de l’association Dyspraxique mais fantastique, une mine d’informations et de ressources en ligne.