La dyslexie est un trouble qui ne se guérit pas. Il est toutefois possible d’aider les personnes à développer des mécanismes de compensation et ainsi améliorer leur capacité de lecture et d’apprentissage. Véronique, orthophoniste en région parisienne, nous explique comment la Méthode Tomatis, associée à des séances d’orthophonie peut aider des enfants dyslexiques et présentant des troubles de l’attention.

Je m’appelle Véronique Passas et je suis orthophoniste depuis 1983.

Tout au long de ma pratique de l’orthophonie, j’ai rencontré de nombreuses pathologies liées à des difficultés d’écoute: des retards de langage et de parole, des troubles de l’articulation. J’ai aussi été confrontée à des problématiques que l’on pourrait appeler « récalcitrantes » : malgré les efforts soutenus et la bonne volonté de l’enfant (et la mienne !), j’étais face à un blocage avec le sentiment que la rééducation ne passait pas ou, en tout cas, que l’information ne se fixait pas. C’était très décourageant et fatigant pour l’enfant, et ne faisait qu’ajouter à sa frustration : une rééducation longue et pénible, beaucoup de travail et d’efforts déployés pour des résultats qui n’étaient pas à la hauteur.

C’est pour ces enfants que je me suis intéressée à la Méthode Tomatis. J’avais l’intuition qu’en « ouvrant plus leurs oreilles », on les aidait à mieux recevoir l’information et on les préparait à bénéficier complètement des séances d’orthophonie.

La Méthode Tomatis n’a pas vocation à remplacer la rééducation orthophonique mais plutôt à faire en sorte que le travail soit mieux intégré par le patient. En quelque sorte, cela optimise la travail en facilitant la perception du message et de l’information.

La Méthode Tomatis s’adresse t-elle uniquement aux enfants?

Je reçois aussi bien des enfants que des adultes.

Les enfants que je reçois ont tous des troubles du langage et de l’apprentissage (retard de parole, trouble de l’articulation, dyslexie, dysorthographie, trouble de l’attention)

Pour les adultes, je travaille surtout pour renforcer la communication des patients présentant soit une maladie dégénérative (Alzheimer), soit à la suite d’un AVC.


En quoi la méthode Tomatis est-elle intéressante pour les personnes dyslexiques ?

La dyslexie est un trouble spécifique du langage qui se caractérise par une difficulté à décoder les mots caractérisée par une capacité insuffisante du traitement phonologique.

Elle se manifeste de façon différente d’une personne à l’autre bien qu’elles aient toutes un point commun : elles lisent moins facilement et donc moins fluidement que les autres personnes de même âge et de même intelligence.

La lecture à haute voix mais également la lecture silencieuse impliquent un traitement du son. Le son de la voix est un mélange d’une multitude de fréquences à intensité variable agencées selon un rythme particulier.

Son analyse rapide et exact est extrêmement difficile. Même les logiciels les plus sophistiqués ne parviennent pas à faire une analyse approfondie. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de programmes d’identification vocale sont loin d’être efficaces pour analyser et retranscrire toute la richesse de la voix.

Pour un humain, l’analyse du son s’effectue dans l’oreille interne où se situe un organe sensoriel appelé « la cochlée ». Si la cochlée ne travaille pas correctement et si le système auditif ne permet pas une bonne analyse du son, des difficultés de lecture surviennent.

Les enfants dyslexiques ont par exemple, beaucoup de mal à percevoir des nuances phonétiques subtiles lorsque les fréquences sont proches.

Par exemple, « p » et « b » ont des fréquences basses semblables, de même que le « t » et le « d ». Quand nous disons « bébé » ils peuvent comprendre « pépé » ou « épée », ils doivent donc s’appuyer sur le contexte et le sens pour corriger leur perception. C’est extrêmement demandeur et fatigant d’un point de vue cognitif. Le traitement du langage est donc beaucoup plus lent. En réalité, il s’agit simplement d’un problème de traitement auditif et de l’écoute, c’est à dire le sens qui est donné au son. Pour aider à lutter contre cette difficulté, la Méthode Tomatis rééduque la perception et l’analyse du son.

Concrètement, comment se déroulent vos bilans et vos séances ?

En tant qu’orthophoniste, tous mes bilans sont standardisés. Lorsqu’une personne vient me voir au cabinet pour la Méthode Tomatis, il est bien souvent déjà suivi en orthophonie, et je fais donc rarement un bilan complet pour éviter l’effet test-retest.

Généralement, les séances Tomatis durent 1h30 par jour et je fais également 30 minutes d’orthophonie traditionnelle, 5 à 6 jours par semaine et pendant deux semaines consécutives. Il est également possible de proposer des séances d’écoute Tomatis à la maison, dans ce cas, l’accompagnement orthophonique s’effectuer en parallèle.

Quel est le prix de la Méthode Tomatis et est-elle remboursée ?

Pour un bilan d’1h30 qui comprend un entretien et un test d’audio-psycho-phonologie, il faut compter entre 90 et 150 euros. Certaines assurances complémentaires prennent en charger ce coût sur présentation de devis comme l’assurance extra-scolaire carrefour. Les séances ne sont généralement pas prises en charge en France alors qu’elles sont remboursées en Suisse. Il faut compter entre 500 euros et 700 euros pour 14 jours de séance à raison de 1h20 par jours. Les séances peuvent se faire à la maison grâce à une technologie portative.

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