Pour travailler avec les enfants autistes, les accompagner vers les apprentissages et l’autonomie, il existe une méthode cognitive structurée, appelée TEACCH. Basée sur la structuration du temps et de l’espace, elle permet aux enfants autistes de mieux appréhender le monde qui les entoure grâce à des outils visuels (planning, pictogrammes, photos). Dans ce cadre d’éducation bien structuré, les enfants peuvent canaliser leur attention, accéder à des apprentissages et développer leur confiance et leurs capacités de communication. La méthode TEACCH est accessible à tous les enfants porteurs de troubles du spectre autistique, quel que soit leur niveau de développement. Découvrons ensemble les principes et les bienfaits de cette prise en charge éducative.
Qu’est-ce que la méthode Teacch ?
L’histoire d’une méthode cognitive à destination des personnes autistes
TEACCH signifie Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children. Autrement dit, en version française, « Traitement et éducation des enfants autistes et porteurs de troubles de la communication ».
C’est en 1966 que le professeur et psychologue Éric Schopler, aux États-Unis, crée et développe cette méthode, dans le cadre de ses nombreux travaux en matière de psychologie appliquée au monde de l’autisme. À l’époque, il s’agit d’une véritable innovation puisque le seul traitement qui existait était la prise en charge psychanalytique.
Après une phase d’observation des effets positifs de la méthode, TEACCH devient un programme officiel de l’État de Caroline du Nord en 1972. Les parents se voient donc conseiller ce type de prise en charge pour leurs enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme.
Aujourd’hui, la méthode TEACCH fait partie des recommandations émises par l’HAS (Haute Autorité de Santé), autorité publique et indépendante à caractère scientifique. L’HAS considère ainsi la méthode TEACCH comme un outil pertinent pour la prise en charge des enfants autistes, tout comme plus largement, l’analyse comportementale appliquée.
Les objectifs de cette méthode d’éducation structurée
Le principe de base du programme TEACCH est d’établir une structuration à la fois temporelle et spatiale de l’environnement des personnes porteuses d’autisme.
Cette structuration a pour but de leur permettre de mieux comprendre le monde autour d’eux, d’en saisir les contraintes. Il s’agit aussi de pouvoir agir en autonomie, pour faire des apprentissages ou pour gérer les activités quotidiennes.
Nous allons le voir, ces outils doivent être inclus dans un projet individualisé, prenant en compte les spécificités de chaque personne autiste (habitudes, doléances de la famille, etc).
La méthode TEACCH peut donc être proposée à tous les profils d’enfants et d’adultes autistes, quel que soit leur niveau de développement, puisqu’elle s’appuie sur une observation précise des compétences de la personne. Et ce, en matière de communication verbale et non verbale, de comportement social, de capacités perceptives ou encore motrices.
Les bénéfices de la méthode Teacch pour les enfants autistes
En facilitant le déploiement des apprentissages, la méthode TEACCH va dans le sens de l’autonomisation des enfants autistes. Mais, vous vous demandez peut-être comment de simples aides visuelles peuvent accomplir cela ?
En deux mots, en rendant l’environnement des enfants autistes plus simple à comprendre, la méthode TEACCH permet de faire baisser le niveau d’anxiété et les comportements problématiques, tout en rendant la rétention d’information plus efficace.
On sait maintenant que ce type d’éducation dite « structurée » est bénéfique pour la concentration des enfants autistes, mais aussi, par ricochet, pour leurs habiletés communicationnelles et relationnelles. Et, in fine, pour leur qualité de vie.
Les différentes recherches mettent en évidence des bénéfices dans plusieurs domaines :
- L’imitation (compétence indispensable aux apprentissages) ;
- La perception sensorielle ;
- La grande motricité et la motricité fine ;
- La compréhension de consignes ;
- La communication (qu’elle soit verbale ou non verbale, sur la base de pictogrammes PECS ou de signes LSF, par exemple) ;
- L’autonomie dans les activités quotidiennes (hygiène, déplacements, habillage) ;
- La régulation du comportement et, au-delà, l’intégration parmi des pairs.
Bien entendu, chaque compétence travaillée a fait l’objet d’une observation initiale, pour définir les compétences émergentes et les besoins prioritaires, pour chaque enfant.
Les 5 principes de cet accompagnement éducatif
1. Un espace structuré
À cause de leurs capacités perceptives spécifiques, les personnes autistes peuvent avoir du mal à appréhender le monde qui les entoure. Trop de signaux sensoriels, trop d’informations cognitives à gérer, trop de facteurs imprévisibles. Cela peut générer de l’angoisse, voire des comportements inappropriés (repli, agressivité, opposition).
Ainsi, en structurant l’espace, on permet à l’enfant autiste de mieux se repérer, de mieux comprendre et de se sentir en sécurité.
Dans la méthode TEACCH, on peut :
- Identifier les objets par des pictogrammes ;
- Signaler les activités par des images sur le planning ;
- Repérer les différents espaces par des marqueurs visuels (salle de repas, table de travail, coin bibliothèque, cour).
- Favoriser une progression de gauche à droite sur la table de travail, la remise des activités terminées dans des bacs, etc.
Un espace structuré, pour un enfant autiste, c’est aussi un espace apaisant, présentant le moins de stimuli parasites possibles (bruits, lumière), afin de ne pas perturber sa concentration.
Vous vous demandez à quoi ressemble une classe TEACCH idéale ? Voici une simulation des différents espaces de travail aménageables !
2. Des temps d’activité structurés
Le plus souvent, les enfants autistes ont du mal à appréhender la notion de temps. Or, ne pas savoir quand commence et quand finit une activité, dans quel ordre va se dérouler la journée, peut être très anxiogène pour ces enfants. Cela ne leur permet pas d’être acteur de leur quotidien.
Dans la méthode TEACCH, on s’attache à donner une représentation concrète du temps grâce à :
- La tenue d’un emploi du temps journalier/mensuel ;
- La décomposition des activités ou des tâches à accomplir sous forme de « mini planning » avec des pictogrammes, des images ou des photos ;
- La présentation de consignes sous forme imagée ;
- La mise en place de routines, avec pour but que les actions deviennent automatiques et rendent l’enfant autonome (aller poser son manteau en arrivant, prendre ses couverts au moment du repas, etc.) ;
- L’inclusion d’un minuteur visuel, pour apprendre à gérer le temps passé, le temps qui reste, apprendre à attendre ou à différer, dans le but de limiter les troubles du comportement.
3. Des outils personnalisés
La méthode TEACCH n’est pas un programme universel et figé. C’est un programme qui doit être au plus près des compétences en émergence chez l’enfant et de ses besoins pragmatiques.
Chaque enfant, a fortiori chaque enfant autiste, a un profil sensoriel unique, des particularités cognitives qui n’appartiennent qu’à lui. Les professionnels doivent donc commencer par observer finement les habiletés de l’enfant de façon clinique et standardisée. De cette façon, on peut mettre en place des outils visuels adaptés et efficaces.
4. Une collaboration étroite avec les accompagnants
Pour que les apprentissages des personnes autistes se généralisent à tous les espaces de vie, il est nécessaire de développer un véritable partenariat avec les accompagnants (famille, professionnels de santé).
Pourquoi ? Parce que vous, parents, connaissez le mieux votre enfant, ses préférences, ses aversions, ses stratégies. Il est donc très intéressant que le foyer soit aussi aménagé selon les principes de la méthode TEACCH, pour observer si les apprentissages acquis en classe peuvent se généraliser à la vie quotidienne.
C’est de cette manière que la qualité de vie globale d’un enfant autiste pourra s’améliorer.
Des idées d’outils pour un quotidien « TEACCH »
Pour structurer l’espace et le temps, il existe des outils intéressants. N’hésitez pas à solliciter l’avis d’un professionnel (orthophoniste, éducateur, psychologue) pour savoir quel support visuel serait le plus intéressant pour votre enfant !
Sur le site Hop’Toys, vous trouverez une large sélection de Timer et de plannings visuels pour structurer les journées et les activités de votre enfant. Il en existe de différentes tailles, certains sont même portatifs pour une utilisation facilitée dans tous les espaces de vie (porte-clé, trousse, bracelets).
En termes de pictogrammes, vous trouverez ici une banque intéressante, créée en fonction de thèmes pertinents pour les enfants. Mais il existe aussi des pictogrammes à télécharger gratuitement, selon les activités de la vie quotidienne (douche, habillage).
Vous voulez en apprendre plus sur le programme TEACCH ? Voici une compilation de données objectives réunies dans un article de « Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence ».
Pour découvrir la méthode TEACCH de façon concrète, voici une journée type dans une classe spécialisée en France et aux États-Unis (vidéo en anglais, mais compréhensible, car très visuelle).
Enfin, le docteur Anouck Amestoy (CRA Aquitaine) replace le TEACCH parmi les différentes stratégies d’accompagnement qui peuvent être proposées aux enfants avec un TSA.
En conclusion, disons que le programme TEACCH est une approche d’éducation structurée qui vise à aider les enfants autistes à comprendre leur environnement, par le biais de supports visuels. Ce processus implique la répétition de tâches spécifiques jusqu’à ce que l’enfant atteigne un niveau d’expertise satisfaisant pour accomplir des activités en autonomie. L’objectif ultime est de favoriser la progression de l’apprentissage scolaire, puis professionnel et enfin l’intégration sociale de ces futurs adultes. Grâce à la méthode TEACCH, des stratégies sont proposées pour améliorer la compréhension du monde. Cela peut considérablement améliorer la qualité de vie en fiabilisant les activités quotidiennes (hygiène, loisirs, habillage) et en abaissant significativement le niveau de stress des enfants. Dans ce processus, les parents ont un rôle important à jouer. Vous êtes de véritables co-thérapeutes !