Si votre enfant a des difficultés d’articulation, vous avez sans doute contacté un cabinet d’orthophonie pour prendre un rendez-vous de bilan du langage oral. Dans beaucoup de régions, les délais d’attente sont considérables et les orthophonistes, trop peu nombreuses pour répondre à la demande. En résultent de longues listes d’attente, de potentiels patients pris en charge tardivement et des parents inquiets de ne pas pouvoir être accompagnés dans le développement du langage de leur enfant. Mais, en attendant le rendez-vous chez l’orthophoniste, vous pouvez tout à fait aider votre enfant à évoluer et préparer le terrain pour que la prise en charge soit facilitée ! Mettre en place de bonnes conditions de langage, stopper les habitudes nocives ou réaliser des bilans complémentaires : voici comment aider votre enfant, en attendant le rendez-vous chez l’orthophoniste, spécial « Articulation » ! 

En attendant l’orthophoniste… On fait des examens complémentaires ! 

Quand l’orthophoniste va vous recevoir, elle proposera à votre enfant un bilan de langage oral. Si le trouble d’articulation est confirmé, il sera utile de replacer les difficultés de prononciation dans un contexte global. Elle vous demandera donc très certainement de procéder à des examens complémentaires pour préciser l’origine des troubles. 

  1. Le bilan ORL

Quand un enfant est reçu pour un bilan de langage oral, l’une des premières questions que pose l’orthophoniste est « Est-il sujet aux otites / rhumes / allergies ? L’audition a-t-elle été vérifiée récemment ? ». 

En effet, un enfant qui prononce mal certains sons, peut être un enfant qui, tout simplement, les entend mal. Or, les enfants ont une capacité folle à compenser leurs troubles et on rencontre fréquemment des enfants porteurs d’une perte auditive, dépistée tard. 

N’hésitez donc pas à prendre rendez-vous, en amont du bilan orthophonique, avec un médecin ORL. Il va examiner le nez, la gorge et les oreilles de votre enfant. Il va procéder à un audiogramme et/ou à un tympanogramme pour tester l’efficacité et la précision de l’audition. L’ORL peut alors prescrire un traitement de fond contre le rhume ou préconiser une paracentèse en cas d’otites chroniques. 

Arriver chez l’orthophoniste avec une bonne qualité d’audition, c’est une bonne base pour apprivoiser les articulations déformées et pour acquérir un langage oral de qualité.

  1. Le bilan dentaire

En attendant le rendez-vous chez l’orthophoniste, une bonne idée est d’aller faire vérifier la situation dentaire de votre enfant. Il est utile qu’un professionnel vérifie : 

  • Le bon positionnement de l’arc dentaire.
  • L’incidence d’une potentielle déglutition atypique
  • La longueur des freins de langue et de lèvres, qui peuvent être anormalement courts. 
  • la présence d’une béance dentaire, en lien avec des habitudes de succion, par exemple. 

Il s’agit là d’un examen complémentaire à une prise en charge orthophonique pour un trouble d’articulation, car on parle bien des outils participant à la prononciation. Vérifier que votre enfant dispose des bonnes bases fonctionnelles pour une articulation de qualité est important. 
Bon à savoir : Selon l’âge de l’enfant, vous pouvez profiter du délai d’attente chez l’orthophoniste pour travailler à l’arrêt des habitudes de succion qui entretiennent le trouble d’articulation (pouce, sucette, biberon). Vous trouverez ici les meilleurs conseils d’un dentiste ainsi qu’une sélection de livres pour accompagner votre enfant dans l’arrêt de la sucette.

Chez l'Orthophoniste

En attendant l’orthophoniste… On entraîne l’articulation ! 

Bien sûr, il n’est pas question de vous mettre dans la position d’un thérapeute, vous êtes parents, avant tout. Mais il existe un certain nombre de réflexes que vous pouvez adopter pour favoriser le développement harmonieux de l’articulation. 

  1. Prendre conscience de ce qui se passe dans la bouche

La plupart du temps, les enfants porteurs d’un trouble d’articulation n’ont pas de sensations précises au niveau de la bouche, comme si toute cette sphère n’était qu’un bloc. Vous pouvez aider votre enfant à affiner ses perceptions en vous amusant ensemble : 

  • On fait des grimaces devant le miroir, on essaie de reproduire les grimaces de l’autre.
  • On essaie de toucher avec la langue un petit point de confiture déposé aux coins des lèvres.
  • On « chante » une chanson en claquant la langue.
  • On dessine une grande bouche avec tous les éléments.
  • On joue à Grimaces ou à Mimiq.
  1. Favoriser une respiration nasale

Si vous constatez que votre enfant respire préférentiellement par le nez (bouche ouverte, langue en position basse), vous pouvez l’aider à installer une respiration nasale. C’est très important, d’abord pour assurer une bonne ventilation de la sphère ORL, mais aussi pour entamer une rééducation de l’articulation sur de bonnes bases.

En effet, une respiration buccale s’accompagne d’une langue « molle », qui peut ne pas trouver le bon placement et causer une prononciation erronée. Les bons réflexes ?

Vous verrez que plus la respiration nasale s’installera, plus votre enfant gagnera en qualité de vie globale (concentration, sommeil, langage).

  1. Attraper le son qui manque ! 

Avec certains enfants, il est parfois possible d’attraper une articulation manquante, tant qu’elle est isolée. 

De façon légère et toujours bienveillante, sous la forme de jeux courts, avec des récompenses amusantes, vous pouvez produire le son qui manque et encourager votre enfant à le reproduire. L’objectif n’est pas qu’il l’utilise de manière permanente en claquant des doigts, mais qu’il s’habitue en douceur à ce nouveau schéma moteur.

Encouragez-le ! Félicitez-le ! Rendez ce moment agréable et valorisant ! On peut s’accompagner d’un petit tambourin, fabriquer un parcours sur une feuille de papier ou « marquer des points » à chaque tentative réussie.

Pour vous aider, voici quelques idées données par des orthophonistes pour présenter le son J ou le son CH, par exemple.  

Attention ! Il n’est pas question de dérouler un plan thérapeutique ou de passer en force. Si votre enfant n’est pas réceptif ou que l’articulation lui échappe malgré ses efforts, on attendra le rendez-vous avec l’orthophoniste.

En attendant l’orthophoniste… On parle ! 

Oui, mais pas seulement ! C’est un cercle vertueux : plus on parle, plus on a envie de parler, plus on a envie de BIEN parler pour se faire comprendre. Pour cela, votre enfant a besoin du meilleur modèle de parole qui soit : vous-même !

  1. On s’enregistre et on prend conscience de l’articulation

Parfois, un enfant porteur d’un trouble d’articulation n’a pas vraiment conscience des déformations de sa parole. La bonne idée, c’est de l’enregistrer. Sans forcément attirer d’emblée son attention sur les déformations de sons, mais en soulignant que « Tiens, moi je dis comme ça, et toi tu dis comme ça…».

N’hésitez pas à faire marcher les filtres vocaux pour encore plus d’amusement ! 

En parlant de voix, connaissez-vous Forbrain ? C’est un outil intéressant, misant sur la capacité du cerveau à apprendre à se réorganiser. Il permet de travailler l’attention, la mémoire et le langage, pour fluidifier l’articulation et renforcer la conscience des sons !

  1. On chante

Chanter, cela permet de dédramatiser la parole et de s’amuser avec les sons. Vous pourriez même être surpris d’entendre votre enfant prononcer correctement certains sons lorsqu’il chante, alors qu’il les déforme en parlant ! C’est le pouvoir du rythme et de la mélodie. 

N’hésitez pas à vous lancer dans des comptines à gestes (qui soutiennent l’articulation). Vous trouverez ici une playlist de comptines ciblant chacune un phonème différent. 

  1. On lit

Avec nos vies trépidantes, il n’est pas forcément évident pour les parents de ménager des temps de jeux et de partage aussi réguliers qu’on le voudrait. On peut manquer d’énergie ou d’idées.

Alors, si les livres vous intéressent, n’oubliez pas que les moments de lecture sont extrêmement porteurs pour l’articulation de votre enfant. Lire un livre ensemble, c’est partager un moment de concentration, d’écoute, de langage, de modèles de prononciation. N’importe quel livre adapté à l’âge de votre enfant fera l’affaire, du moment qu’il est partagé avec plaisir ! 

Si vous cherchez des livres ciblant les sons de la langue, on vous conseille : 

Articulation et orthophonie

En attendant l’orthophoniste… On change nos habitudes ! 

Si les situations d’exercice sont compliquées à mettre en place, il y a certaines habitudes que vous pouvez adopter, qui auront un impact sur le niveau d’articulation de votre enfant. 

  1. On limite les écrans 

Bien sûr, regarder un film en famille, en parler ensemble est un moment ludique et enrichissant. Mais un enfant, surtout très jeune, laissé seul face à un écran, n’apprend pas. Il peut répéter des choses, mais ne les intégrera pas. Même face à des programmes dits « pédagogiques ». 

Pour que votre enfant aime parler et ajuste son articulation, il a besoin d’entendre votre modèle, et donc de parler avec vous. 

N’ayez pas peur de dire des banalités, vous pouvez communiquer avec votre enfant sur tous les sujets. Vous pouvez aussi commenter ce que vous faites à voix haute, sans forcément attendre de retour, simplement pour offrir votre modèle de langage à ses petites oreilles !

De la même façon, quand votre enfant s’adresse à vous, essayez, dans la mesure du possible, de stopper ce que vous faites et d’entrer en connexion avec lui : mettez-vous à sa hauteur, regardez-le dans les yeux, laissez-lui le temps de finir ses phrases. 

  1. On n’exige pas de répétition

Quand vous entendez un mot déformé, ne demandez pas systématiquement à votre enfant de répéter, surtout s’il n’a jamais attrapé le son de façon isolée.

Vous pouvez en revanche, quand le moment vous semble opportun : 

  • Donner le bon modèle plusieurs fois, au fil de la discussion (si l’enfant vous demande où est le « sa », vous pouvez dire « le chat, tu cherches le chat ? Voyons, où est-il passé, ce chat ? Ah, je vois le chat là-bas ! »
  • Lui renvoyer une sorte de choix (si l’enfant parlé de son « félo », vous pouvez lui demander « tu cherches ton félo ou ton vélo ? »).
  • Exagérer votre articulation des mots déformés. Avec un enfant qui déforme le son J, lors d’un jeu ou d’une lecture, on peut dire « jjjje vois une jjjjupe jjjjaune ». 

Tous ces bons modèles entendus plusieurs fois, sans pression de répéter, sans se confronter à un échec douloureux, permettent à l’enfant d’intérioriser la bonne articulation, comme un travail inconscient, qui paiera le moment venu. Pour vous aider, voici 50 activités bienveillantes pour mieux articuler, compilées par une orthophoniste. 

  1. On entretient la confiance

Quand le trouble d’articulation prend beaucoup de place, il peut affecter la confiance en soi. Pour peu qu’il ait été la cible de moqueries ou qu’un adulte ait repris son langage de façon trop ferme, un enfant peut vite se sentir différent.

Or, faire rimer langage avec pression et dévalorisation, c’est le plus sûr moyen d’ancrer les difficultés. En tant que parent, vous pouvez cultiver la confiance en soi de votre enfant. N’hésitez pas à valoriser ses talents, ses tentatives, ses exploits artistiques ou sportifs. Ne laissez pas passer des remarques méchantes au sein de la fratrie, au sujet de ses problèmes d’articulation. 

Rassurez votre enfant. Pour l’instant, certains mots sont compliqués, mais vous allez l’aider, l’orthophoniste aussi et il va y arriver !

Avec tous ces conseils, vous pouvez attendre le rendez-vous chez l’orthophoniste en étant actif dans le développement du langage de votre enfant. Néanmoins, si vous percevez une dégradation du langage ou la mise en place d’un bégaiement, n’hésitez pas à rappeler les cabinets d’orthophonie que vous avez déjà contactés en spécifiant ces critères d’urgence. Malgré les listes d’attente conséquentes, les orthophonistes font leur maximum pour recevoir en priorité les profils préoccupants.

Étiqueté dans :

,