Pour certains enfants, le langage écrit se met en place avec difficulté. Qu’il s’agisse de problèmes de graphisme, de transcription des mots ou de troubles de la lecture, l’enseignant de votre enfant vous a peut-être déjà alerté ? Le cas échéant, vous avez sûrement appelé un cabinet d’orthophonie pour prendre un rendez-vous de bilan du langage écrit et faire le point sur ce qu’il se passe pour votre enfant. Malheureusement, les délais d’attente sont une réalité et les orthophonistes de votre localité, malgré tous leurs efforts, ne pourront peut-être pas recevoir votre enfant avant plusieurs mois… En tant que parents, c’est une situation angoissante, car votre enfant est exposé tous les jours au langage écrit à l’école et vous ne savez pas comment l’aider. Alors, en attendant le rendez-vous chez l’orthophoniste, voici tout ce que vous pouvez mettre en place pour accompagner votre enfant et faciliter sa future prise en charge orthophonique !

En attendant l’orthophoniste… On rend visite à d’autres professionnels ! 

Lors de votre prochaine rencontre, l’orthophoniste va faire avec vous une anamnèse. Autrement dit, elle va vous poser des questions sur le développement global de votre enfant (la marche, les premiers mots, etc) et elle fera aussi le tour d’autres pistes possibles en ce qui concerne les troubles de langage écrit. Votre enfant voit-il, entend-il bien ? Sa sphère psychomotrice est-elle en place ? 

  1. Le bilan ophtalmologique / orthoptique

Dans le cadre d’un trouble du langage écrit, il est important de vérifier si les « outils » dont dispose l’enfant sont efficaces. Et ça commence par les yeux !

Il est tout d’abord important de savoir si les yeux de votre enfant fonctionnent correctement, en termes d’acuité visuelle. C’est l’ophtalmologue qui peut le vérifier et, le cas échéant, prescrire une paire de lunettes pour ajuster la vue. 

Une fois que l’on sait si votre enfant voit bien, il est aussi nécessaire d’étudier les mouvements oculaires. En deux mots, est-ce que l’enfant se sert efficacement de ses yeux pour lire, reconnaître les lettres, les assembler, suivre les lignes ? Les placent-ils au bon endroit, au bon moment ? C’est l’orthoptiste qui va préciser cela dans son bilan et évoquer la présence d’un trouble neurovisuel ou visuo attentionnel. 

  1. Le bilan ORL

Quand on est face à des difficultés dans la transcription des mots, il faut se poser la question de l’audition. Si votre enfant déforme les mots à l’écrit, c’est peut-être parce qu’il ne les entend pas correctement…

D’où l’intérêt de faire pratiquer un bilan ORL, pour s’assurer de l’intégrité de l’audition. Surtout dans un contexte de rhumes, asthme ou otites chroniques. Grâce à un audiogramme et/ou à un tympanogramme, l’ORL va ainsi donner des indications sur l’efficacité et la précision de l’audition. 

  1. Le bilan psychomoteur

Lorsqu’on suspecte un trouble du langage écrit, il est très utile de faire le point en psychomotricité.

En effet, le bilan psychomoteur va donner des indications quant à la coordination motrice ou les repères spatio-temporels qui peuvent avoir des répercussions sur le geste graphique. 

En attendant le précieux rendez-vous en orthophonie, vous pouvez donc prendre les devants pour faire réaliser ce panel d’examens. Ceux-ci mettront en évidence (ou pas)  des causes possibles aux troubles du langage écrit de votre enfant. Les professionnels concernés pourront ainsi vous proposer une remédiation avant d’entamer la prise en charge orthophonique. 

Par ailleurs, dans le cadre d’une pose de diagnostic d’un trouble DYS (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie…), votre orthophoniste vous demandera de procéder à un certain nombre d’examens excluant d’autres causes possibles. Alors, en attendant le rendez-vous de bilan, vous pouvez prendre de l’avance ! 
N’hésitez pas à solliciter l’avis de votre médecin sur ce point.

En attendant l’orthophoniste… On retrouve le plaisir de lire ! 

S’il y a bien un domaine dans lequel vous pouvez agir en tant que parents, c’est en redonnant à votre enfant le goût du langage écrit. En effet, les enfants qui peinent à lire se retrouvent en échec à longueur de journée à l’école, puis le soir pendant les devoirs. 

Ils dépensent une énergie cognitive énorme pour compenser et développent souvent, en réaction, une véritable aversion pour la lecture, ce qui est compréhensible.

Alors, comment apprivoiser la lecture ?

  1. Écouter des livres audio

Il existe de nombreuses plateformes où vous pouvez télécharger des livres audio, adaptés à tous les âges. L’avantage du livre audio, c’est que votre enfant peut juste écouter l’histoire et profiter de la langue littéraire. Mais il peut aussi suivre en même temps sur le support papier. Ensuite, vous pouvez négocier avec lui qu’il lise un chapitre sur deux, par exemple.

L’autre activité qui va dans le sens de ce goût pour la lecture, c’est l’histoire du soir ! 

Et oui, quand les enfants grandissent et qu’ils sont en âge de lire tout seuls, les parents arrêtent souvent de lire des histoires le soir. Pourtant, à tout âge, votre enfant aime vous écouter lire. Cela va permettre de renouer un lien affectif avec les mots. L’enfant se sent en sécurité dans cette activité avec vous et il peut même suivre le texte, sans pression.

De même, lorsqu’une lecture est nécessaire pour l’école, n’hésitez pas à lire avec lui un chapitre sur deux, un paragraphe sur deux, pour qu’il profite du fond sans souffrir de l’accès à la forme. Si votre enfant le souhaite, relisez plusieurs fois la même histoire et n’hésitez pas à lui poser des questions pour voir si sa compréhension est bonne.

Notre astuce : N’hésitez pas à inclure ces temps de lecture positive à votre routine quotidienne, pour les faire entrer dans les habitudes de votre enfant. 

En parlant de support audio, un outil comme le casque audio Forbrain est très utile pour travailler à la maison. Basé sur le travail via le biofeedback vocal, il permet un entraînement efficace de la sphère phonologique !

  1. Choisir des lectures « plaisir »

Si votre enfant souffre d’un trouble de la lecture, mais qu’il est quand même intéressé par les livres, entretenez cet attrait en lui permettant de choisir des thèmes qui le touchent, en rapport avec son âge ou ses hobbies. 

Permettez-lui aussi de choisir à la bibliothèque des livres « de petits », s’il le souhaite, des BD ou des magazines. Il n’existe pas de mauvaise lecture ! 

Demandez conseil à votre libraire ou à votre bibliothécaire, en lui indiquant les centres d’intérêt de votre enfant. Il saura vous aiguiller vers des références pertinentes. 

Bon à savoir : Pour faciliter la lecture des enfants possiblement dyslexiques, il existe des livres imprimés avec une police claire, de grands espaces entre les lignes et des couleurs spécifiques pour aider le déchiffrage, par exemple toute la série des Sami et Julie ou la collection estampillée Dyscool.

En attendant l’orthophoniste… On stocke les mots ! 

Si votre enfant a des problèmes en orthographe, vous pouvez l’aider à stocker des images de mots dans sa mémoire, en attendant de travailler la transcription à proprement parler avec l’orthophoniste. 

Cela va d’une part stimuler sa mémoire visuelle et d’autre part, lui fournir un stock de formes « globales » qu’il pourra convoquer lorsqu’il en aura besoin. Aussi appelée méthode visuo-sémantique, cette démarche est en accord avec les travaux de recherche en neuro-psychologie cognitive qui pointent la pertinence de la mémorisation des particularités orthographiques des mots, grâce à un moyen mnémotechnique à la fois visuel et sémantique.

Vous voulez voir à quoi ressemble l’orthographe illustrée ? Voici une playlist éditée par Multimalin Orthographe. 

Vous le comprenez, l’idée est de trouver un dessin porteur de sens qui permet à l’enfant de se remémorer les difficultés orthographiques de certains mots. Vous pouvez créer vos propres dessins ou vous inspirer de l’Orthographe illustrée qui est un très bon support. On parle du mot, on dessine, on crée un memory, on affiche un mot sur le frigo… 

Cadeau ! Vous trouverez sur le site du Dico Visuo-sémantique une grande banque de mots déjà illustrés, dont vous pouvez disposer gratuitement ! 

En attendant l’orthophoniste… On écrit !

Il n’est pas question de proposer à un enfant en difficulté d’écriture -peut être dysgraphique, le bilan orthophonique le précisera- d’écrire des lignes de mots « pour s’entraîner ».

Ce serait douloureux et inefficace, en plus de dégoûter votre enfant de l’écriture.

Par contre, on peut s’entraîner au geste graphique, préciser la coordination du geste, revoir les formes des lettres… sans stylo ! 

  • On se délie les doigts avec une activité de pâte à modeler.
  • On écrit avec le doigt dans un fond de semoule ou de farine.
  • On forme des lettres avec un bâton dans le sable.
  • On fait de la peinture avec les doigts.
  • On écrit sur le sol avec de grosses craies.
  • On teste le stylo vibrant. 
  • On s’entraîne à écrire sur le clavier.

Votre mission : comme pour les activités de lecture, remettre du plaisir dans le geste graphique, passer un moment ludique, où la relation au stylo est dédramatisée.

En attendant l’orthophoniste… On cultive la confiance ! 

Chez les enfants dyslexiques, dysorthographiques, dyslexiques ou porteurs de retards dans l’acquisition du langage écrit, il ne faut surtout pas négliger l’impact sur la sphère émotionnelle.

Ce sont des enfants qui sont constamment en situation d’échec, tout le temps en train de compenser. Cela demande des efforts cognitifs et provoque une fatigue intellectuelle importante. 

Veillez donc à ce que votre enfant ait un sommeil, des temps de récupération significatifs. Maîtrisez l’accès aux écrans qui sont souvent perçus comme un refuge pour les enfants dys, mais nuisent à leur repos mental.

Par contre, n’hésitez pas à encourager et à renforcer les situations de succès pour votre enfant, que l’on parle d’exploits artistiques ou sportifs ! Il est important qu’il dispose de sources de satisfaction, d’espaces où il peut exploiter ses talents. 

Ressource : Voici 50 outils gratuits pour travailler sur la confiance en soi des enfants ! 
Vous savez maintenant ce que vous pouvez mettre en place pour votre enfant dyslexique, dysorthographique ou dyslexique, en attendant le rendez-vous chez l’orthophoniste. En suivant ces conseils, vous serez proactif dans l’accompagnement des difficultés de votre enfant et vous posez de bonnes bases pour la future prise en charge de son langage écrit. En coopération avec l’école, des aménagements spécifiques peuvent aussi être mis en place pour faciliter le quotidien et favoriser la poursuite des apprentissages. Vous pouvez vous rapprocher d’antennes locales de la fédération française des Dys, qui vous aiguilleront sur ce point.