La proprioception est un sens interne qui nous permet de percevoir la position, le mouvement et la tension de nos muscles. Elle nous permet aussi de connaître la position de nos membres sans avoir à les regarder. En d’autres termes, c’est le sens de la conscience corporelle. Grâce à la proprioception, nous pouvons ajuster nos mouvements de manière fluide, éviter les dangers ou encore soulager les inconforts. Par ailleurs, c’est un sens pivot pour notre coordination motrice, car il permet de situer les membres dans l’espace. Il est aussi à la base de l’équilibre et, plus globalement, de notre capacité à interagir efficacement avec notre environnement. Mais saviez-vous que la proprioception est aussi impliquée dans les mécanismes des troubles de l’apprentissage ? 

Qu’est-ce que la proprioception ?

La proprioception est constituée de l’ensemble des informations nerveuses qui vont être transmises au cerveau par les propriocepteurs, appelés aussi récepteurs sensoriels. On les trouve dans les muscles, les tendons ou encore les ligaments des articulations.

Ce sens kinesthésique est notre socle, pour exécuter des mouvements sans avoir à regarder nos membres ou penser consciemment aux obstacles autour de nous. Par exemple, lors d’une simple marche, mais aussi pour se gratter la nuque ou taper dans un caillou. Nous n’avons pas besoin de regarder nos membres pour ajuster nos mouvements. C’est grâce à la proprioception.

Les mécanismes de la proprioception

La proprioception est un sens complexe, dans lequel s’imbriquent plus plusieurs  mécanismes.

  1. Les récepteurs sensoriels 

Appelés aussi propriocepteurs, ces récepteurs sensoriels spécialisés sont présents dans nos muscles, tendons et articulations. Ils vont détecter et combiner des informations telles que la longueur du muscle, la vitesse de son étirement ou encore la tension exercée sur le tendon.

  1. La transmission nerveuse

Lorsque ces récepteurs sont stimulés par un changement de position ou de mouvement, ils envoient des signaux sensoriels le long des nerfs périphériques jusqu’au cerveau

  1. Interprétation cérébrale

À cette étape, le cerveau traite ces signaux pour former une image cohérente de la position et du mouvement de chaque partie de notre corps dans l’espace. Cette interprétation donne lieu à une décision d’ajustement, ou pas, de la position du corps dans l’espace.

Mouvement proprioception

Exemples concrets du recours à la kinesthésie

Le sens kinesthésique intervient partout dans notre vie, à tous les âges.

  • Fermez les yeux et tendez un bras. Vous pouvez probablement sentir où se trouve votre main, même sans la voir. C’est grâce à la proprioception qui vous renseigne sur le sens de la position articulaire.
  • Lorsque vous marchez, vous ajustez constamment vos mouvements pour rester debout sans tomber. Vous adaptez vos pas à la nature du sol et évitez les obstacles. Votre cerveau utilise la proprioception pour coordonner les mouvements de vos jambes, de votre tronc et de vos bras en fonction de votre environnement. La proprioception vous permet d’assurer votre équilibre, et donc votre sécurité. 
  • Les athlètes utilisent aussi intensément la proprioception. Que ce soit lors d’un tir au panier au basket-ball, d’un coup de raquette au tennis ou d’une figure acrobatique en gymnastique, la proprioception permet d’être précis et coordonné
  • Enfin, écrire, dessiner ou même boutonner une chemise sont des tâches qui nécessitent une proprioception précise pour contrôler les mouvements des doigts et des mains. 

La proprioception intervient en permanence dans notre vie quotidienne. Il est donc aisé d’imaginer qu’un dysfonctionnement proprioceptif puisse entraîner des répercussions sur la qualité globale de la vie. 

Mais, un trouble kinesthésique peut aussi être impliqué dans les troubles des apprentissages. 

Troubles de la proprioception et troubles des apprentissages

Qu’est-ce qu’un trouble des apprentissages ?

Le trouble d’apprentissage est une difficulté d’origine neurodéveloppementale. Les capacités cognitives impliquées dans les apprentissages scolaires telles que la lecture ou l’écriture sont impactées, de façon durable. C’est ce qui différencie le trouble d’un simple retard. Et ce, malgré des interventions pédagogiques et thérapeutiques adaptées.

En outre, ces difficultés existent en dehors d’une déficience intellectuelle, de troubles visuels ou auditifs ou d’une pathologie psychologique.

On peut citer les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie) et le TDAH (trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité). 

Liens entre troubles de la proprioception et troubles des apprentissages

Pour commencer, il peut y avoir un trouble proprioceptif dans le cadre d’une dyspraxie. 

La dyspraxie est un trouble du développement caractérisé par une coordination motrice non efficiente. Les personnes porteuses de dyspraxie peuvent donc avoir des difficultés à planifier et exécuter des mouvements précis. Cela peut se traduire par exemple par des difficultés dans des tâches telles que l’écriture, la découpe, la manipulation d’objets ou même l’habillage.

Troubles proprioception

Dans un contexte de TDAH, une proprioception altérée peut entraîner une distractibilité accrue et des difficultés de concentration. De même, l’impulsivité peut se manifester par des mouvements mal contrôlés ou une incapacité à rester longtemps assis, en position statique. 

La proprioception est également essentielle pour comprendre les concepts spatiaux et géométriques. Un trouble de la proprioception peut ainsi rendre plus difficile le fait de visualiser et de manipuler des formes dans l’espace. Au final, cela peut affecter la capacité à résoudre des problèmes mathématiques.

Enfin, certaines personnes avec un trouble proprioceptif peuvent avoir du mal à suivre des lignes de texte ou à reconnaître des mots, si leur perception de l’espace est altérée. Cela peut entraîner des difficultés en lecture (imprécision, lenteur) et en compréhension (détails omis, contexte incompris).

« Plus qu’un « sixième sens », la sensibilité proprioceptive pourrait être un sens premier indispensable à l’émergence de la conscience de soi en tant qu’être capable d’action. » 

JP. Roll (CNRS)

La prise en charge d’un déficit kinesthésique

Heureusement, il existe plusieurs approches thérapeutiques et méthodes pour aider à améliorer la proprioception chez les enfants comme chez les adultes. 

1. L’intégration sensorielle 

L’intégration sensorielle est un protocole développé par la thérapeute américaine Dr. A. Jean Ayres. Il s’agit d’un cadre théorique basé sur des principes neurologiques, dont l’objectif principal est d’améliorer la capacité des individus à organiser et interpréter les informations sensorielles provenant de leur environnement.

Pour cela, les thérapeutes (ergothérapeutes, orthophonistes, kinésithérapeutes) utilisent une gamme de stimuli sensoriels contrôlés, tels que le toucher, la pression, le mouvement et l’équilibre. Le but est d’amener les personnes à s’adapter de manière adéquate à ces sensations.

De façon plus globale, l’intégration sensorielle joue un rôle dans les processus d’organisation cérébrale, à partir des informations obtenues par le toucher, le goût, l’odorat, l’audition, la vision et la position des différentes parties du corps. Ces déficits de l’intégration neurosensorielle sont souvent présents dans les troubles neurodéveloppementaux et les troubles du spectre de l’autisme. 

2. Les activités physiques 

La proprioception, souvent appelée « sixième sens » est donc la perception subconsciente de la position du corps dans l’espace. L’exercice physique et sportif régulier joue, à ce titre, un rôle pivot dans l’amélioration de la proprioception. En effet, ce type d’activité vient stimuler les récepteurs sensoriels des muscles et des articulations.

Marcher sur des surfaces variées, pratiquer le yoga, la danse ou utiliser des Swiss balls sont autant d’activités qui améliorent l’équilibre et la conscience corporelle.

3. L’utilisation de balles et d’objets sensoriels 

Le recours à des objets sensoriels est aussi une bonne piste thérapeutique du trouble proprioceptif. 

Les exercices avec des balles, des planches d’équilibre ou encore des bandes élastiques renforcent les muscles et améliorent l’équilibre. In fine, ces objets sensoriels augmentent la conscience des mouvements du corps en fournissant des retours musculaires à la fois variés et ciblés.

4. Le programme Soundsory

Soundsory est un programme d’entraînement multisensoriel dédié à l’amélioration des fonctions motrices et cognitives. C’est un outil qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes souffrant d’un trouble kinesthésique.

Pour comprendre l’action de cet outil innovant, il faut avoir en tête la pyramide des apprentissages.

Pyramide des apprentissages

Le socle de la pyramide, c’est le système sensoriel. Autrement dit, ce qui relève du visuel, de l’auditif, du tactile, des fonctions vestibulaires et de la proprioception. Le programme Soundsory permet de travailler ces compétences piliers, sur lesquelles vont venir s’appuyer les apprentissages. 

L’étage suivant est celui du développement. Grâce à un travail intensif des systèmes sensoriels, dont la proprioception, on constate de meilleurs réflexes, une meilleure coordination œil-main, une meilleure attention et plus globalement une meilleure perception du corps dans l’espace.

C’est sur cette base efficiente et fertile que les compétences cognitives vont se déployer. Avec, à la clé, un apprentissage scolaire facilité, des émotions mieux régulées et des interactions sociales plus satisfaisantes. 

Comment ça marche ? 

Soundsory est un programme à domicile qui dure 30 minutes par jour pendant 40 jours. Il associe l’écoute de musique avec des exercices basés sur le mouvement. Le programme est divisé en 2 sessions de 20 jours chacune, entrecoupées d’une pause de 2 à 4 semaines. 

D’un côté, le filtre dynamique du casque stimule les systèmes d’audition et d’équilibre et favorise de nouvelles connexions neuronales. De l’autre, les exercices corporels (adaptés à tous les niveaux) permettent de travailler la posture, la coordination et le jugement spatial.

Vous vous demandez si le programme Soundsory pourrait vous convenir ? Téléchargez gratuitement le questionnaire pour faire le point sur vos besoins !

En somme, ces approches, utilisées dans un contexte thérapeutique, offrent une compréhension et une rééducation des mécanismes sensoriels et moteurs du corps humain. Elles visent à améliorer les capacités sensorielles et proprioceptives, mais aussi, par ricochet, à favoriser une meilleure qualité de vie chez les personnes concernées. La proprioception est un sens important, qui nous permet de percevoir et de contrôler notre corps dans l’espace. Il est important de reconnaître les signes d’un trouble kinesthésique et d’intervenir tôt pour fournir un soutien approprié, notamment dans le cadre d’un trouble des apprentissages.

Sources et Ressources

Téléchargez gratuitement l’application Soudsory sur l’App Store ou Google Play, pour découvrir une grande palette d’exercices et de conseils spécialisés. 

SensoriDys, le site des patients souffrant de dysfonction proprioceptive.

Vous vous demandez à quoi ressemblent les exercices du programme Soundsory, voici quelques extraits choisis en vidéo : Le piano, le petit cobra ou encore la chenille.