Sur le territoire français, on compte près de 10 % de personnes porteuses de troubles dys, dont la moitié sont dyslexiques. Ce trouble neurodéveloppemental, marqueur d’un fonctionnement cérébral spécifique, provoque des difficultés à acquérir et à automatiser les processus impliqués dans la lecture. Parce qu’il s’agit d’un handicap scolaire invisible aux symptômes variables, dont les causes sont encore mal connues, la dyslexie souffre d’un certain nombre d’idées reçues. Alors, est-ce une « vraie » maladie ? Existe-t-il plusieurs sortes de ce trouble spécifique de la lecture ? La dyslexie s’accompagne-t-elle d’une déficience intellectuelle ? Peut-on guérir d’un trouble dys ? Voici un Vrai/Faux sur la dyslexie pour mettre fin aux idées reçues !
La dyslexie est une maladie : Faux !
Il n’est pas correct de parler de maladie au sujet d’un trouble neurodéveloppemental comme la dyslexie. Il en va de même pour la dysphasie, la dysgraphie ou encore la dysorthographie.
Un trouble du neurodéveloppement (TND) perturbe l’évolution du développement cérébral chez un enfant, induisant un mode de fonctionnement particulier qui peut être visualisé à l’aide d’images cérébrales. En découlent des difficultés plus ou moins prégnantes, dans divers domaines (coordination, concentration, habiletés sociales, langage oral, langage écrit…).
Si la sévérité des troubles est variable d’un individu à l’autre, ils n’en restent pas moins structurels et durables. Lorsque quelqu’un est atteint de dyslexie, il développe des capacités d’adaptation, compense ses difficultés et ajuste son environnement. En d’autres termes, bien que certains troubles puissent être atténués grâce à des apprentissages conscients, tels que la rééducation orthophonique, la dyslexie n’est pas guérie au sens strict du terme. Autrement dit, si certains troubles peuvent diminuer grâce à des apprentissages conscients (en rééducation orthophonique par exemple), on ne guérit pas, à proprement parler, la dyslexie.
La dyslexie est un handicap : Vrai… Et faux !
Vrai, parce que depuis la loi de 2005 sur le handicap, la dyslexie est effectivement reconnue comme telle par la MDPH (la Maison Départementale des Personnes Handicapées) sous la houlette des « Troubles spécifiques des apprentissages ». En effet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a formellement reconnu la dyslexie en 1991.
En lançant une procédure de reconnaissance de handicap auprès de la MDPH, vous pouvez obtenir pour votre enfant (sous conditions) :
- Une allocation d’éducation de l’enfant handicapé.
- Un accompagnement par une AVS.
- Un équipement adapté.
- Une orientation vers une structure adaptée, comme un Sessad ou un IME, par exemple.
- Un financement des coûts de transport vers les professionnels de santé.
- Une reconnaissance en tant que travailleur handicapé ouvre la possibilité d’adapter le poste de travail professionnel pour répondre aux besoins spécifiques.
Pour monter un dossier MDPH, il sera nécessaire d’obtenir un certain nombre de justificatifs, de type bilan orthophonique, tests psychométriques, etc. Vous trouverez de nombreux renseignements sur le site de votre MDPH.
Pour autant, il s’agit d’un handicap invisible, ce qui est compliqué à comprendre pour tout un chacun. En effet, s’il n’y a pas de symptômes visibles ou d’utilisation d’un matériel spécifique (type fauteuil roulant), la société a tendance à ne pas « croire » que les difficultés de la personne dyslexique sont réelles. Et pourtant, l’utilisation de l’écrit est partout. Aussi bien dans la sphère scolaire que dans le cadre professionnel, une personne porteuse de dyslexie est mise dans des situations où elle doit mobiliser une énergie coûteuse, où elle est dévalorisée pour son mauvais accès au langage écrit.
L’utilisation du terme « handicap » peut ainsi être mal perçue par le grand public et par certains patients qui ne se perçoivent pas comme tels. Et pourtant, il souligne les retentissements de ce trouble spécifique dans la vie quotidienne des personnes concernées.
La dyslexie est à la mode : Faux !
Dans les médias, on peut entendre que « tous les enfants sont dyslexiques quand ça les arrange », qu’il y a « épidémie de dyslexie » ou même qu’il existe de « faux diagnostics ». Ces discours sont le plus souvent tenus de façon ironique, par de soi-disant experts, dénigrant au passage le travail des professionnels de santé et le vécu des familles/patients.
Non, la dyslexie n’est pas une mode. Par contre, les parents, les enseignants et les professionnels de santé étant davantage renseignés sur les troubles des apprentissages, il est vrai que les consultations se font plus systématiquement et plus précocement. C’est une bonne nouvelle, car cela donne encore plus de chance aux enfants d’évoluer favorablement.
Lorsque vous emmenez votre enfant pour un bilan, l’orthophoniste dispose d’une variété d’outils pour différencier un trouble spécifique du langage écrit de simples difficultés dans l’acquisition de la lecture, non liées à des structures particulières, et qui ne résultent pas d’un fonctionnement cognitif spécifique. Un retard scolaire ne doit pas nécessairement être attribué à une dyslexie.
Un trouble spécifique de la lecture peut être diagnostiqué à l’école maternelle : Faux !
Un trouble spécifique du langage écrit ne peut être diagnostiqué dès la maternelle, tout simplement, car il n’existe pas de test standardisé qui le permet. La raison, c’est qu’à l’école maternelle, un enfant n’a pas encore été exposé à l’apprentissage de la lecture, alors comment affirmer qu’il est dyslexique ?
Par conséquent, le diagnostic de dyslexie ne va pouvoir être posé avec certitude qu’en fin de CE1, lorsque, malgré une exposition « normale » au langage écrit, l’enfant n’a pas pu acquérir, ni automatiser, les mécanismes de la lecture.
Dès l’école maternelle, on peut cependant repérer quelques signes d’appel. Par exemple :
- Un processus de graphisme qui prend du temps à se développer.
- Un mauvais repérage spatio-temporel.
- Un langage oral qui n’est pas efficace, ni varié.
- De mauvaises performances aux comptines/jeux de sons.
- Des troubles de l’attention, une grande fatigabilité.
- Une mémorisation peu fiable des histoires.
En cas de doute, dès la maternelle, on peut solliciter la réalisation d’un bilan orthophonique qui viendra objectiver précocement le décalage de l’enfant, sans pour autant poser de diagnostic dys. On décidera alors de la pertinence d’un suivi pour surveiller ou stimuler l’émergence des compétences en retard.
Cette prévention précoce fait partie des missions des orthophonistes.
La dyslexie est diagnostiquée par un bilan orthophonique : Vrai… Mais pas que !
Si vous, parents, avez des doutes (parfois sur le conseil de l’enseignante de votre enfant), n’hésitez pas à solliciter votre médecin traitant, pédiatre ou même le médecin scolaire. Il va rédiger une prescription de bilan orthophonique, sésame indispensable à votre prise de rendez-vous en cabinet.
L’orthophoniste réalise alors son examen, composé d’une observation clinique des productions de l’enfant et d’une batterie de tests standardisés. À l’issue de ces épreuves, elle rédige un compte-rendu de bilan et peut évoquer un diagnostic de dyslexie.
Le bilan orthophonique est donc l’acte fondateur d’une démarche diagnostique d’un trouble du langage écrit.
Cependant, afin d’affiner ce diagnostic, l’orthophoniste pourrait vous demander de procéder à d’autres évaluations. Et ce, afin de quantifier les répercussions des troubles ou de mettre en évidence une autre cause possible aux troubles observés :
- Un examen ophtalmologique et orthoptique.
- Un audiogramme.
- Un test psychométrique (QI/test de personnalité).
- Un bilan psychomoteur.
- Un rendez-vous en neuropédiatrie, le cas échéant.
La dyslexie impacte la future vie d’adulte : Vrai.
Si les dispositifs d’accompagnement scolaire et thérapeutique n’ont pas été déployés avec efficacité, les enfants dyslexiques risquent de sentir perpétuellement affublé de l’étiquette « mauvais élèves ».
Il est donc important de mettre l’accent sur la valorisation des autres compétences que développent les enfants dyslexiques dans les activités artistiques, scientifiques ou sportives, notamment.
Si le diagnostic de dyslexie peut faire peur, il peut aussi être le révélateur d’un nouveau fonctionnement, de nouvelles compétences. Sachons les détecter et les encourager !
Sources et Ressources
Un article du CNRS à propos des facteurs génétiques dans la dyslexie.
Un mémoire de fin d’études en orthoptie, qui fait le point sur les dernières découvertes en matière de dyslexie.
Un article qui fait réfléchir sur la réalité sociale ou scientifique de la dyslexie.
Une compilation des données scientifiques à ce jour, en matière de troubles dys. Le site de l’Anapedys, une mine d’informations pour les parents (témoignages, groupes de soutien, informations juridiques et démarches administratives).