Connaissez-vous la musicothérapie, une pratique qui utilise la musique pour améliorer la santé ? Cette thérapie alternative est de plus en plus populaire pour ses effets bénéfiques, désormais scientifiquement prouvés. Mais qu’est-ce exactement que la musicothérapie ? Comment peut-elle être utilisée pour traiter diverses pathologies ? Dans cet article, nous allons explorer les principes fondamentaux de la musicothérapie et ses nombreuses applications cliniques. Vous allez voir que la musique peut devenir un outil puissant de progression ! Troubles neurologiques, troubles de l’humeur, autisme ou difficultés d’apprentissage, découvrons ensemble comment les principes de la musicothérapie aident les patients à progresser !

Les origines de la musicothérapie

Commençons par un peu d’histoire pour comprendre les origines de cette pratique. En effet, la musicothérapie, en tant que pratique structurée, est relativement récente. Pourtant, l’utilisation de la musique à des fins thérapeutiques remonte à l’Antiquité

En l’occurrence, on retrouve les premières traces écrites de la musicothérapie dans les civilisations égyptienne, grecque et romaine. Les Égyptiens utilisaient la musique pour apaiser l’esprit et soigner des maladies, tandis que les Grecs anciens, tels que Pythagore et Aristote, croyaient que la musique avait le pouvoir d’harmoniser l’âme et de guérir le corps.

Cependant, ce n’est qu’au XXᵉ siècle que la musicothérapie a été reconnue comme une discipline à la fois scientifique et clinique. Saviez-vous que durant la Seconde Guerre mondiale, des musiciens se sont rendus dans les hôpitaux pour jouer auprès des soldats blessés ? Les médecins et le personnel soignant ont ainsi rapidement remarqué les effets positifs de la musique sur la récupération des patients, notamment en termes de réduction de la douleur et de l’anxiété.

Suite à ces observations, des programmes de formation en musicothérapie ont été développés dans les années 1940 et 1950, principalement aux États-Unis. Aujourd’hui, la musicothérapie est une pratique reconnue à l’échelle mondiale, utilisée dans divers contextes cliniques. D’ailleurs, en 2019, l’OMS, pour la première fois, étudie le lien entre l’art et la santé. Le rapport qui en résulte spécifie l’intérêt des activités artistiques, dont la musique, en tant que renforçateur des protocoles thérapeutiques traditionnels. Notamment, dans la gestion de la fin de vie, les effets secondaires des traitements d’oncologie, les pathologies dégénératives (Alzheimer, Parkinson) ou encore le traitement de la dépression. L’OMS avance même que « certaines interventions dans le domaine des arts, en plus de donner de bons résultats, peuvent aussi être plus rentables que des traitements biomédicaux plus conventionnels ».

Musicothérapie

Les principes fondamentaux de la thérapie par la musique

La musicothérapie repose sur plusieurs principes clés, ancrés dans le prérequis que la musique peut affecter profondément notre structure émotionnelle et physiologique. Les 5 piliers de la musicothérapie sont : 

  1. La musique comme moyen de communication 

D’abord, il faut partir du principe que la musique transcende les barrières linguistiques. Elle permet une forme de communication non verbale particulièrement bénéfique pour les patients qui ont des difficultés à s’exprimer verbalement. Par exemple, les jeunes enfants, les personnes atteintes de troubles du spectre autistique, les personnes porteuses d’une dysphasie ou les patients aphasiques, après un AVC.

  1. La régulation émotionnelle via la musique  

La musique a la capacité unique de susciter des émotions. Qui n’a jamais soigné un coup de fatigue par une musique entraînante ou favorisé le sommeil avec un air apaisant ? À une échelle thérapeutique, elle peut ainsi être utilisée pour explorer des sentiments difficiles, réduire le stress et améliorer l’humeur générale. Pour s’adapter aux besoins uniques de chaque patient, les interventions musicothérapeutiques se déclinent entre l’écoute de musique, l’improvisation, le chant et la composition musicale.

  1. La musique et la cognition

On le sait maintenant, grâce à l’imagerie cérébrale, la musique stimule plusieurs zones du cerveau simultanément, ce qui en fait un outil puissant de réhabilitation cognitive. Par exemple, des patients atteints de troubles neurologiques tels que la maladie d’Alzheimer peuvent connaître des améliorations de la fonction cognitive grâce à des interventions musicales structurées. C’est ce que montrent les conclusions de ce rapport d’experts français, publié en 2014 : « État des lieux de l’utilisation de la musicothérapie dans la maladie d’Alzheimer ».

  1. La musique et la physiologie

Des études ont montré que la musique peut influencer les fonctions corporelles telles que le rythme cardiaque, la respiration et la pression artérielle. Les rythmes musicaux peuvent aussi aider à synchroniser les mouvements dans les thérapies de rééducation physique. Par ailleurs, les mélodies apaisantes peuvent induire des états de relaxation profonde, bénéfiques pour la gestion de la douleur chronique.

  1. La relation thérapeutique 

Le succès de la thérapie par la musique dépend enfin de la qualité de la relation thérapeute/patient. Le musicothérapeute utilise la musique pour établir cette relation, cette alliance thérapeutique qui va porter le patient. En créant un environnement sûr, où le patient peut explorer ses émotions, on va pouvoir engager un travail respectant les objectifs thérapeutiques.

Applications cliniques de la musicothérapie

La musicothérapie est appliquée dans une grande variété de contextes cliniques pour traiter des pathologies variées, à tous les âges :

  • Troubles des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, TDAH).
  • Gestion de la douleur, de l’anxiété, de la dépression et du stress post-traumatique.
  • Pathologies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson).
  • Rééducation neurologique post AVC. 
  • Soins palliatifs.
  • Autisme.
  • Troubles cardiaques et respiratoires.
  • Prise en charge des bébés prématurés en néonatologie.
  • Bégaiement.
  • Troubles des conduites alimentaires.

La musicothérapie offre donc des bénéfices tangibles dans le traitement d’un grand nombre de conditions médicales. Elle vient ainsi enrichir le panel des outils thérapeutiques à disposition des professionnels de santé dans de nombreux domaines. C’est un levier de la médecine intégrative pour améliorer la qualité de vie des patients.

D’ailleurs, il existe un outil qui s’appuie sur la musique rythmique pour faire travailler les fonctions cérébrales, dans un programme applicable à un large public : le casque Soundsory. En combinant la musique et les exercices corporels, ce protocole accessible à tous permet de travailler sur les systèmes sensoriels pour stimuler le cerveau. Il s’agit d’une méthode innovante et efficace pour améliorer l’attention, la coordination œil/main, la posture, l’écriture ou encore la mémoire

La partie musicale, ce sont des comptines ludiques, une sélection de classiques choisis avec soin (Bach, Haydn et Strauss) et des airs de latino, gospel et jazz. L’audition et l’équilibre sont stimulés grâce au filtre dynamique, aidant à établir des connexions neuronales, dans le cadre de la neuroplasticité cérébrale.
La partie motrice comporte des exercices visant la posture, l’équilibre ou la coordination, comme le Crazy Clap ou le Piano. L’idée, c’est de pratiquer tous les jours, à votre rythme, pendant 40 jours. Régularité et fréquence en sont les piliers.

Partition Musicothérapie

Aperçu d’une séance de musicothérapie

Vous vous demandez à quoi ressemble une séance de musicothérapie ? Voyons cela ensemble. Mais d’abord, gardons à l’esprit que le déroulement de chaque séance peut varier en fonction des besoins du patient et de l’approche spécifique à chaque thérapeute. 

Évaluation initiale

Chaque prise en charge commence par une phase d’évaluation initiale. Cette étape est cruciale pour comprendre les besoins du patient. Le thérapeute peut ainsi se fixer des objectifs thérapeutiques qui vont orienter les séances à venir. 

Lors d’un entretien dirigé, le musicothérapeute discute avec le patient et éventuellement avec ses proches pour noter ses antécédents médicaux, ses habitudes musicales, ses préoccupations. Vient ensuite une phase d’observation où le thérapeute observe les comportements du patient, sa réactivité à la musique, ses capacités de communication et de mouvement pour élaborer des séances spécifiques. 

Déroulement de la séance

En se basant sur l’évaluation initiale, le thérapeute planifie la séance et choisit les interventions musicales les plus adaptées :

  • Écoute musicale guidée par des morceaux de musique spécifiques qui induisent des états émotionnels particuliers.
  • Improvisation musicale pour permettre au patient d’exprimer librement ses états intérieurs et de communiquer sans paroles.
  • Chant et vocalisation pour renforcer la respiration, l’articulation et l’expression émotionnelle.
  • Composition de chansons originales, facilitant l’expression des pensées.
  • Intégration de mouvements rythmiques qui améliorent la coordination, la motricité et l’expression corporelle.

Fin de la séance

Dans la phase de clôture, le thérapeute aide le patient à revenir à un état de calme via une relaxation musicale. Le thérapeute engage ensuite le patient dans une discussion pour connaître son ressenti sur la séance. Il résume la séance, souligne les progrès réalisés et les zones de progression, avant de fixer les objectifs de la prochaine séance.

Suivi de l’accompagnement de musicothérapie

Comme dans tous les accompagnements thérapeutiques, un suivi régulier est essentiel pour ajuster les interventions en fonction des besoins évolutifs du patient. La collaboration avec d’autres professionnels de la santé est également souhaitable, pour offrir un soutien coordonné.

Impact de la musicothérapie sur le fonctionnement cérébral

La recherche a objectivé que la musicothérapie a des effets profonds et mesurables sur le cerveau. Mais concrètement, que se passe-t-il dans le cerveau ?

1. Activation des réseaux cérébraux multiples

Parce que la musique stimule plusieurs zones du cerveau, elle permet d’engager des réseaux neuronaux complexes : 

  • Le cortex auditif, responsable du traitement des sons (hauteur, timbre, rythme et mélodie).
  • Le système limbique associé aux émotions et à la mémoire (amygdale et hippocampe).
  • Le cortex préfrontal impliqué dans des fonctions exécutives spécifiques (prise de décision, planification, modulation du comportement social).
  • Le cortex moteur et prémoteur activé lors de la participation active à la musique (coordination et la motricité fine).

2. Libération de neurotransmetteurs

L’écoute et la création musicale peuvent provoquer la libération de divers neurotransmetteurs. Leur rôle est prépondérant dans la régulation de l’humeur.

La dopamine est libérée lorsque nous écoutons de la musique. Cela explique en partie pourquoi la musique peut réduire le stress et améliorer le moral dans sa globalité.

Les endorphines, ou « hormones du bonheur », sont libérées quant à elles pendant des activités musicales dites actives, comme chanter ou jouer d’un instrument.

Enfin, un niveau de sérotonine amélioré aide à réguler l’humeur, le sommeil et l’appétit.

3. Neuroplasticité et rééducation neurologique

Après un accident vasculaire cérébral, la neuroplasticité entre en jeu pour booster la capacité du cerveau à se réorganiser en formant de nouvelles connexions neuronales. La musicothérapie exploite ce phénomène dans la rééducation neurologique.
La musique peut ainsi renforcer des fonctions cognitives comme la mémoire, l’attention ou la résolution de problèmes. Enfin, on observe que chez les patients aphasiques, la thérapie par le chant peut aider à retrouver la parole, en utilisant la mélodie pour contourner les zones lésées du cerveau.

Musicothérapie Tomatis

Musicothérapie et méthode Tomatis

La musicothérapie et la méthode Tomatis sont deux approches thérapeutiques distinctes, mais elles partagent des fondements communs, à savoir l’utilisation de la musique et des sons.

La méthode Tomatis, développée par le Dr. Alfred Tomatis, entend stimuler le système auditif et par conséquent le cerveau, dans le but d’améliorer diverses fonctions neurologiques. Elle repose sur 3 principes clés : l’écoute active, la stimulation sonore et l’effet de latéralisation. 

Dans la méthode Tomatis, on utilise des sons spécifiques et de la musique filtrée pour rééduquer le système auditif et améliorer l’attention, la mémoire et le langage. La stimulation cérébrale cible spécifiquement les circuits auditifs pour réorganiser les réseaux neuronaux associés au traitement des sons.

Particulièrement efficace dans le cadre des troubles de l’apprentissage, les troubles de la communication, les troubles de l’attention et les difficultés émotionnelles, la méthode Tomatis se base sur les apports des neurosciences pour structurer la thérapie sonore.

Ensemble, la méthode Tomatis et la musicothérapie peuvent offrir une approche holistique  : la première améliorant les capacités d’écoute et de traitement des sons, tandis que la seconde utilise ces capacités améliorées pour des objectifs thérapeutiques plus larges.

Musicothérapie et programme Soundsory

S’inspirant des principes de la méthode Tomatis, le programme Soundsory s’appuie sur la stimulation sensorielle pour améliorer les capacités motrices et cognitives. Elle combine l’écoute d’une musique spécifique à des exercices en mouvement. Ce programme est, entre autres, utilisé à destination des personnes autistes, TDAH ou qui présentent des troubles des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie).

Grâce à une musique filtrée et des sons rythmés, on stimule les systèmes sensoriels et moteurs pour améliorer l’intégration, la coordination motrice et les capacités cognitives globales. Cette stimulation multisensorielle peut d’ailleurs être un terrain fertile pour que des séances de musicothérapie puissent être plus efficaces dans leur dimension créative. La structuration des exercices Soundsory peut préparer le cerveau à mieux répondre aux interventions musicales de la musicothérapie, créant ainsi une synergie thérapeutique où chaque méthode renforce les effets de l’autre.

Finalement, le point commun entre la musicothérapie, la méthode Tomatis et le programme Soundsory est l’utilisation de la musique, et plus généralement du son, pour stimuler le cerveau, chez l’enfant et chez l’adulte. En effet, en ciblant les systèmes sensoriels et moteurs, on sait maintenant que les progrès sont réels en ce qui concerne les troubles des apprentissages, les interactions sociales ou encore la gestion du stress. L’important, c’est de proposer aux patients, aux usagers, des programmes de thérapie personnalisés et holistiques, pour maximiser les bénéfices. L’intégration des principes de la neuroplasticité cérébrale peut offrir des soins plus complets pour avoir un réel impact sur la qualité de vie globale des personnes. 

Ressources 

Rapport scientifique : bénéfices de la musicothérapie pour les personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme de Bruno Gepner et Stéphane Scotto Di Rinaldi.

Comment la méthode Tomatis peut-elle aider les enfants dyslexiques ?

Alzheimer et musicothérapie : stimuler le cerveau des personnes malades

Télécharger le questionnaire d’évaluation Soundsory pour voir si le programme est approprié pour vous ou votre enfant.

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